Méditation pour le Samedi saint : Le saint sabbat
« La ville entière se repose. C’est le jour sabbat, un grand samedi, pas un bruit mais un grand calme, comme on les connaît sur la terre de la Promesse. Libéré de tout ouvrage, du travail des briques et de la paille, le peuple tout entier aime ce repos que chacun vit, dans l’intimité de sa maison, à la lumière de la parole. » Une méditation de Mgr Alexis Leproux, vicaire général du diocèse de Paris, pour entrer dans le mystère de la Résurrection.
La ville entière se repose. C’est le jour sabbat, un grand samedi, pas un bruit mais un grand calme, comme on les connaît sur la terre de la Promesse. « Tu laisseras mon peuple sortir pour se rendre sur ma montagne sainte. Là, il fera monter vers moi une louange. » Libéré de tout ouvrage, du travail des briques et de la paille, l’ouvrier comme l’étranger, mais aussi l’âne et le bœuf, le peuple tout entier aime ce repos que chacun vit, dans l’intimité de sa maison, à la lumière de la parole. Par la prière des psaumes, on se souvient des hauts faits de Dieu, on le bénit pour sa tendresse. Ce grand sabbat, la mère du Fils bien-aimé le sanctifie aussi, avec intensité, en silence, regardant le soleil de midi envelopper de sa douceur les pins et les cyprès de son jardin. Elle attend que se lève son fils, le Soleil de Justice, celui qui porte en ses rayons la guérison. Elle l’attend comme on attend la naissance d’un fils unique. Le tombeau ne peut être sa dernière demeure. Le corps qu’elle a porté, le corps qu’elle a nourri et conduit, le corps qu’elle a embrassé et aimé, ce corps ne peut entrer dans la mort sans la vaincre, sans la renverser, sans la terrasser. Ni la mort ni la vie, ni le présent ni l’avenir, ni les hauteurs ni les abîmes, rien ne peut faire douter la Vierge de la victoire du crucifié.
Le repos de ce jour est rempli de cette foi intense. Et quand arrive le coucher du soleil, quand commence la nuit du premier jour, la nuit du troisième jour, une lumière ineffable commence à briller. Un grand feu d’abord, comme un éclair qui enveloppe la terre, de l’Orient à l’Occident. Un grand cierge surtout, élevé dans la nuit pour orienter de sa flamme fragile la grande marche du monde. Et voici des paroles qui, d’une lecture à lecture, font entendre la fidélité de Dieu : « Que la lumière soit et la lumière fut ». La Sagesse éternelle accompagne chacun, elle soutient toutes générations, elle n’oublie aucune époque. Elle appelle le père des croyants. Elle conduit le peuple des saints. Par des chemins inconnus, elle leur fait traverser la mer Rouge à pied sec, les nourrit du pain des anges. Elle les attache à son temple saint, le lieu de sa présence. Elle conduit l’histoire à sa fin bienheureuse.
En cette nuit sainte, dans la Jérusalem d’en-haut, tout ensemble ne fait qu’un. Les pauvres et les petits renaissent, non de la chair et du sang, mais de la force de l’Esprit. Et quelle n’est pas la joie de la mère quand elle rencontre son fils vainqueur de la mort. L’explosion de sa joie est éclosion de vie. Et, s’il nous faut encore rester confiné, rien ne nous empêche de faire une chasse aux œufs, et de laisser jaillir, dans une louange à notre Dieu, la réponse d’amour à cet amour qui nous illumine et nous sauve. Retrouvons dans le cœur immaculé de la mère le refuge de la paix. Chantons avec elle le chant de la victoire : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint et son nom » ! Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !