Mgr Michel Coloni, le serviteur fidèle
Paris Notre-Dame du 13 octobre 2016
Le 6 juillet dernier, Mgr Michel Coloni décédait à Tivernon (Loiret) à l’âge de 88 ans. Mgr André Vingt-Trois célèbrera une messe, vendredi 14 octobre, à N.-D. de Paris, à l’intention de celui qui participa longtemps, à ses côtés, au conseil épiscopal de Paris. Portrait.
« Un homme simple comme un bonjour. » Pour Marie-Jeanne Coloni, sa sœur jumelle, Michel Coloni n’a jamais rien souhaité que se mettre au service de l’Église. Ce désir tire très fortement racine d’une expérience bouleversante, lors de la Seconde Guerre mondiale. 1940. Ils ont alors 13 ans quand leur oncle, pasteur protestant au Havre, décide de ne pas abandonner ses fidèles et de ne pas fuir les bombardements. Il confie ses trois enfants aux parents de Michel. Sa femme et lui mourront sous les bombes. « Nous nous sommes alors dit que nous nous mettrions l’un et l’autre au service de l’Église. Lui en tant que prêtre, moi, dans les études théologiques. »
Plus tard, alors qu’il étudie les lettres à la Sorbonne, il se lie d’amitié avec Jean-Marie Lustiger. « Mon père disait en riant : “Tu avais déjà une jumelle. Et maintenant, tu t’es trouvé un jumeau”. » Leurs deux vies seront celles de deux compagnons de route. Universitaire, homme de lettres, il passe une licence de lettres à la Sorbonne puis entre au séminaire des Carmes. Il obtient une licence de théologie à l’Institut catholique et est ordonné prêtre en 1954. Avant qu’il ne devienne évêque de Dijon, il fut le pasteur de la vie intellectuelle et universitaire à Paris, d’abord au Centre Richelieu, puis en tant que vicaire épiscopal, en 1972. Quand le P. Jean-Marie Lustiger devient archevêque de Paris en 1981, il le nomme vicaire général avant de l’ordonner évêque l’année suivante. Il restera sept ans évêque auxiliaire de Paris. Le P. Robert Jorens a bien connu Mgr Coloni quand il était aumônier du Centre Richelieu. « On ne pouvait pas ne pas être ami avec lui », lance-t-il. Il avait même pour lui de l’« admiration ». Il avait un « mélange de rigueur personnelle pour ce qui est important et de regard rieur devant le pittoresque de l’existence et la fantaisie du monde étudiant ». Rigueur, droiture, fidélité : des mots qui reviennent souvent dans les phrases de ceux qui l’ont connu. Mgr Guy Thomazeau, archevêque émérite de Montpellier, fut également membre du conseil épiscopal au temps de Mgr Jean-Marie Lustiger avec Mgr André Vingt-Trois et Mgr Coloni. « Michel Coloni était un homme fidèle. C’est à lui que Jean-Marie se confiait de ses peines les plus intimes. » Quant à lui, il avait de « l’estime » pour lui. « Il nous donnait un exemple du devoir dans une tâche ingrate, voué à l’Église de Paris, corps et bien. » Quoiqu’il n’ait jamais été pasteur dans une paroisse, « ce n’était pas un homme d’appareil », ni « un politique ». Marie-Jeanne souligne aussi cette docilité d’un homme « qui n’a jamais rien souhaité » et qui allait « là où on le lui demandait ». En 1989, ce fut le siège de Dijon, où son caractère heureux est apprécié. « Nous avons un évêque qui sourit ! » titre alors Le Bien public. Il y confirme aussi sa posture d’homme de paix, et reçoit la Légion d’honneur de la part du préfet pour avoir accepté d’être l’interlocuteur de la communauté musulmane qui se trouvait en difficulté dans la région de Dijon. Élevé au rang d’archevêque en 2002, il se retire en 2004 pour limite d’âge. À son retour à Paris, il s’installe dans un petit studio place de la Nation, dans la même résidence que sa sœur cadette qui le soutient beaucoup. Dans la discrétion, il continue jusqu’au bout, en juin, un ministère auprès de la paroisse universitaire. « Je l’ai entrevu à N.-D.de Paris, aux ordinations, tout courbé, évoque Mgr Thomazeau. Il était là, toujours fidèle. » • Pauline Quillon