Nos églises, des musées d’art sacré encore ouverts
Paris Notre-Dame du 21 janvier 2021
Les églises de la capitale recèlent de nombreuses œuvres d’art. Un patrimoine culturel que nous invite à découvrir, François Drouin, président de l’association Art, Culture et Foi / Paris.
Paris Notre-Dame – Parmi ces nombreux trésors, quels sont vos coups de cœur ?
François Drouin – Des œuvres d’Eugène Delacroix, l’un des plus grands peintres français du XIXe siècle, se trouvent dans nos églises. Vous pouvez apprécier plusieurs peintures du maître à St-Sulpice (6e) et à St-Denys du Saint- Sacrement (3e). Cette dernière église, située dans le Marais, abrite une magnifique Pietà, décrite par Baudelaire comme un « chef-d’œuvre qui laisse dans l’esprit un sillon profond de mélancolie ». En 2020, après plus d’un an de restauration, Les Pèlerins d’Emmaüs, tableau attribué au peintre Rubens, a retrouvé également sa place à St-Eustache (1er). Deux autres toiles sont à contempler à N.-D. de Bonne-Nouvelle (2e). Il s’agit de La Bienheureuse Isabelle de France et Isabelle de France présentant à la Vierge le modèle de l’abbaye de Longchamp de Philippe de Champaigne. J’apprécie aussi de me rendre à N.-D. d’Espérance (11e), près de Bastille, pour y contempler sa belle croix dorée du sculpteur Nicolas Alquin, taillée dans une poutre du XVIIIe siècle. Au cœur du quartier animé du Faubourg Saint-Antoine, cette église moderne, haute de 20 mètres, recouverte d’une paroi en verre, est un havre de sérénité. Paris regroupe différentes églises à l’architecture moderne moins connues et pourtant surprenantes.
P. N.-D. – Quelles églises modernes conseillez-vous de visiter ?
F. D. – Si vous appréciez l’Art déco, il faut faire un tour à l’église St-Jean- Bosco (20e), à deux pas du cimetière du Père Lachaise. Construite entre 1933 et 1937, on retrouve en son sein une belle variété de décorations, parmi lesquelles des vitraux et de la mosaïque. À l’autre bout de Paris, dans le quartier de Montparnasse, figure N.-D.-du- Travail (14e) dotée aussi d’une architecture très originale. On a l’impression qu’elle a été construite par Gustave Eiffel ! Édifiée dans le but de rendre hommage à la condition ouvrière, elle dispose d’une construction métallique et d’une charpente en poutrelles apparentes.
P. N.-D. – Comment les chefs-d’œuvre sont-ils préservés du temps qui passe et les fragilise ?
F. D. – Quand les œuvres se situent dans l’église avant 1905, date de la loi de séparation des Églises et de l’État, elles appartiennent à la Ville de Paris tout comme les objets du culte. Une commission spéciale veille à leur entretien et à leur préservation. Après 1905, c’est la Commission d’art sacré du diocèse qui se charge de leur préservation.
P. N.-D. – Sur quel support peut-on trouver plus d’informations concernant ce patrimoine ?
F. D. – À partir de 2018, l’association Art, Culture et Foi / Paris a mis en place des visites audioguidées numériques dans une quarantaine d’églises pari¬siennes. Pour accéder à ces nombreux parcours thématiques d’une dizaine de minutes, il vous suffit de flasher le QR code présent dans l’église ou sur notre site internet [1]. En 2019, 10 000 visites ont été enregistrées. Généralement bien documentés, les sites internet des paroisses constituent également une source fiable d’information. Pour approfondir vos connaissances, nous vous invitons à suivre par ailleurs les conférences en ligne que nous organisons chaque mardi sur le visage du Christ dans l’art (VIe - XVIIIe siècle). Le 26 janvier prochain, c’est Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine, qui viendra nous parler du grand peintre Raphaël et de La Transfiguration.
Propos recueillis par Alice Papin
Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android