« Notre présence ici est essentielle »
Paris Notre-Dame du 21 février 2019
Le 19 avril prochain, se tiendra dans les paroisses parisiennes la quête du Vendredi saint. Instaurée dès le XVIIe siècle, cette collecte est destinée à soutenir les chrétiens de Palestine et des Lieux saints. Une quête parfois mal comprise. Les explications du F. Roger Marchal, franciscain, commissaire de Terre Sainte pour la France, la Belgique et le Luxembourg.
Paris Notre-Dame – À quoi sert exactement cette quête impérée ?
Frère Roger Marchal – Elle a été créée pour subvenir aux besoins des chrétiens qui vivent sur place et à l’entretien des sanctuaires. Mais l’entretien et la restauration des bâtiments ne constituent qu’une infime partie de l’utilisation de ces sommes. L’essentiel de l’argent récolté – 550 000 euros pour l’ensemble des diocèses français en 2018 – est destiné aux œuvres sociales de la custodie [province, NDLR] de Terre Sainte, à savoir le fonctionnement des écoles, des dispensaires, des maisons de retraite, des orphelinats… Nous avons des écoles dans quasiment toutes les villes d’Israël et de Palestine, en Syrie, au Liban et en Jordanie, établissements qui sont majoritairement fréquentés par des enfants musulmans. Car il faut rappeler que les chrétiens ne représentent que 3% de la population en Terre Sainte. C’est aussi un des enjeux de cette quête : permettre aux arabes chrétiens de demeurer sur place.
P. N.-D. – Comment la custodie peut-elle les aider ?
R. M. – Par exemple, en rachetant et en réhabilitant des appartements dans le cœur de la vieille ville de Jérusalem. Nous permettons ainsi à des centaines de familles chrétiennes de rester sur place. Sans cette aide, elles devraient partir, car les loyers sont bien trop élevés, résultat de la politique menée par l’état d’Israël qui souhaiterait que Jérusalem soit une ville entièrement juive. Nous construisons aussi des appartements du côté de Bethphagé, sur le mont des Oliviers. Car le risque à plus ou moins long terme est que cette terre devienne un musée, et que seuls les pèlerins et les touristes visitent nos sanctuaires.
Il faut maintenir la présence des chrétiens sur place, afin que tous ces lieux, où le Christ a grandi et vécu, ne soient pas que des pierres.
P. N.-D. – Parfois tendues par le passé, comment se portent aujourd’hui les relations entre les différentes communautés chrétiennes qui se partagent les lieux saints ?
R. M. – Face à l’afflux de touristes, de plus en plus nombreux, venant d’Asie, d’Afrique, de Russie, il nous faut faire corps. Rappelons que six communautés chrétiennes se partagent la garde des lieux saints à Jérusalem : les grecs-orthodoxes, les arméniens, les éthiopiens, les syriaques, les coptes et nous, les latins. Vingt-cinq messes quotidiennes sont organisées au saint Sépulcre rien que pour nous, latins ! L’actualité nous oblige aussi à être solidaires. Ainsi, quand au mois de septembre dernier, la mairie de Jérusalem, en violation du statu quo instauré depuis plusieurs siècles, a voulu taxer les communautés religieuses présentes sur place. Nombre d’entre elles n’auraient pas pu payer, car si elles ont de grandes propriétés, elles n’ont pas beaucoup de moyens. Voyant qu’ils ne pouvaient faire entendre raison au maire, les responsables des trois principales communautés chrétiennes ont décidé de fermer le saint Sépulcre. Au bout de trois jours, la mairie a cédé. Mais les chrétiens sont aussi des facilitateurs, des médiateurs, entre juifs et musulmans. Notre présence est donc essentielle à plus d’un titre.
Propos recueillis par Priscilia de Selve
La custodie de Terre Sainte
Les Franciscains fêtent cette année les 800 ans de leur arrivée en Terre Sainte, dans les pas de leur fondateur saint François. En 1219, celui-ci bénéficia d’un sauf-conduit du sultan Malik al-Kamil pour visiter les Lieux saints. Établis comme gardiens du mont Sion en 1230 par une bulle du pape Grégoire IX, les Frères mineurs ont depuis la charge des Lieux saints de la custodie de Terre Sainte pour la communauté latine, custodie qui regroupe Israël, la Palestine, la Syrie, la Jordanie, Chypre, Rhodes et le Liban.
Pour plus d’informations, promouvoir la collecte ou si vous souhaitez donner :
vendredisaint.franciscains.fr ;
01 45 40 86 21 (mardi et mercredi).
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