Catéchiste, nouveau ministère laïc
Paris Notre-Dame du 27 mai 2021
« J’institue le ministère laïc de catéchiste », a décrété le pape François dans le motu proprio Antiquum ministerium publié le 11 mai. Un nouveau ministère non ordonné qui vise à mettre en avant le sacerdoce baptismal des laïcs dans l’Église. Analyse, avec Pauline Dawance, directrice du Service national de la catéchèse et du catéchuménat à la Conférence des évêques de France.
Paris Notre-Dame – Que va changer ce nouveau ministère laïc sur le terrain ?
Pauline Dawance – Le rôle des catéchistes à travers le monde est variable. Chaque évêque va se saisir de ce motu proprio selon les besoins des Églises locales. Mais l’objectif reste le même : que les communautés chrétiennes soient vivantes et portent l’Évangile. En France, de nombreux laïcs sont déjà très investis bénévolement dans la catéchèse. Ce nouveau ministère encouragerait donc les évêques à en appeler certains plus spécifiquement, qui seraient désireux de se former et de s’engager davantage. Sur d’autres continents, comme en Afrique, le nouveau ministère laïc de catéchiste pourrait reconnaître le rôle de « leader » d’une communauté… Ce motu proprio nous oblige en tout cas à préciser le rôle du catéchiste, défini ainsi dans le texte : « Témoin de la foi, maître et mystagogue, accompagnateur et pédagogue qui instruit au nom de l’Église. » Le pape réaffirme que la catéchèse est partie intégrante de l’évangélisation ; qu’elle est faite pour révéler comment le Christ est présent dans la vie des catéchisés. Ce n’est pas juste une activité pastorale isolée, réservée aux enfants. D’après le décret, ces catéchistes seront appelés par l’évêque, après discernement adéquat, envoyés en formation et institués de manière stable et pérenne. Ce ministère a donc une forte valeur vocationnelle, mise en évidence par un rite d’institution qui sera défini par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
P. N-D. – Après les ministères institués de l’acolytat et du lectorat, ouverts récemment à tous les laïcs… les catéchistes. Va-t-on vers une Église de plus en plus « laïque » ?
P. D. - Le pape relève encore une fois la dimension missionnaire de tous les baptisés. Il nous bouscule et nous dit en quelque sorte : « Vous n’êtes pas là pour boucher des trous mais pour déployer votre vocation baptismale. » C’est un rappel de notre responsabilité dans la mission. Non pour prendre la place des clercs, mais pour déployer de manière particulière nos charismes propres. C’est ainsi que le pape François parle de la spécificité de la vocation laïque dans le motu proprio : « Leur vie quotidienne est tissée de relations familiales et sociales qui permettent de vérifier comment ils sont spécialement appelés à rendre l’Église présente et agissante dans les lieux et les situations où elle ne peut être le sel de la terre que par eux (Lumen gentium, n. 33). »
P. N.-D. – Parmi les catéchistes laïcs, on trouve de nombreuses femmes. Est-ce un hasard ?
P. D. – Pas tout à fait selon moi. Et cela n’a rien à voir à mon sens avec les images faciles de « dame caté » ou de « bonne mère de famille ». Il me semble que le service, ou le ministère de la Parole, comporte une part de féminin. À l’image de Marie, qui porte le Verbe, qui reçoit la Parole, qui la laisse fructifier en elle, et permet ensuite qu’elle porte du fruit chez les autres. On peut regarder cela d’un point de vue très spirituel. C’est très important que des hommes soient catéchistes. Et les évêques, par leur mission d’enseignement, sont les premiers catéchistes du diocèse. Mais la femme a cette propension-là : elle est disposée à ce que ce qui a grandi en elle soit donné au monde… C’est une dimension féminine de la catéchèse, inspirée par Marie, qui est bien sûr partagée par les hommes.
Propos recueillis par Laurence Faure @LauFaur
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