Petite histoire de la croix du Panthéon

Paris Notre-Dame du 8 juillet 2021

Durant l’été, Paris Notre-Dame vous emmène sur les traces cachées de l’histoire de l’Église à Paris, en compagnie de Gonzague de Brunhoff , guide conférencier diplômé, membre de l’association Communautés d’accueil dans les sites artistiques (CASA). Deuxième arrêt place du Panthéon, pour admirer la croix dominant le dôme du monument républicain à l’histoire mouvementée.

© Gilles Codina / Centre des monuments nationaux

On l’aperçoit déjà depuis la vaste rue Soufflot (5e) : la croix perchée sur le dôme du Panthéon, surplombant son fronton, orné du drapeau français. « Aux grands hommes la patrie reconnaissante » y est inscrit depuis la monarchie de Juillet, après que la Révolution française a, en 1791, changé la destinée de cet édifice, initialement église catholique dédiée à sainte Geneviève. Incongrue alors, cette croix du Christ dominant le nouveau temple laïc honorant les personnages illustres de la République ? « Incongrue si l’on considère strictement l’utilisation de cet édifice aujourd’hui, pense le guide-conférencier Gonzague de Brunhoff. Mais cette croix trouve une vraie place ici. » Comme un rappel de l’histoire de la montagne sainte Geneviève surplombant le quartier latin à soixante mètres d’altitude... Le projet originel de l’édifice date en effet de Louis XV qui, atteint d’une maladie grave, fit le vœu, en 1744, d’ériger une église à l’emplacement de l’ancienne abbaye sainte Geneviève s’il obtenait la guérison de son mal. Rétabli, il lance la construction de cette église « ex-voto ». Située non loin du site de l’ancienne basilique des saints-apôtres, elle-même érigée au VIe s. par le roi Clovis, comme sépulture de sainte Geneviève de Paris, puis de la sienne et de celle de la reine Clotilde, l’église de Louis XV suivra un plan en croix grecque selon la mode du néoclassicisme. En attendant la confection d’une statue de sainte Geneviève destinée à dominer le dôme, une croix orne ce dernier. Mais sitôt que les architectes Soufflot, puis Rondelet, achèvent l’église, aux alentours de 1789, la Révolution vient supprimer tous les symboles religieux de l’édifice. La croix est alors remplacée par une statue de femme sonnant de la trompette. Mais elle est replacée quelques années plus tard puis retirée et finalement remise, au gré des événements de l’histoire... C’est en effet Napoléon Ier qui, en 1805, restitue l’affectation de l’édifie au culte, desservi par les chanoines de la cathédrale Notre- Dame. Affectation cultuelle qui se poursuit sous la Restauration et Louis XVIII, où elle redevient un temps, église paroissiale. En 1830, Louis-Philippe redonne au Panthéon son affectation laïque avant qu’il ne revienne au culte sous Louis- Napoléon Bonaparte, puis, ne soit définitivement décrété édifice civil et laïc, nécropole nationale, en 1885. « Sous la Commune de Paris, en 1871, on sait que la croix disparaît, note Gonzague de Brunhoff , remplacée par un drapeau tricolore, avant de réapparaître un peu plus tard pour ne plus en bouger, puisqu’on l’aperçoit lors des grandioses funérailles de Victor Hugo, entré au Panthéon républicain le 1er juin 1885. » Depuis, certains débats, plus ou moins virulents, continuent d’évoquer sa suppression. « À mon sens, tout l’intérêt de cette croix est de rappeler le passionnant condensé d’histoire de France qu’est le Panthéon, des premiers siècles du christianisme à nos jours, avec tous ses paradoxes, en conclut notre guide. Elle rappelle aussi l’importance de sainte Geneviève, célébrée sur les fresques du Panthéon. Sans rien enlever à l’hommage aux grands personnages de France, cette croix restitue simplement un morceau d’histoire. »

Laurence Faure @LauFaur

Plus d’informations : Gonzague de Brunhoff Guide conférencier national ; tél. : 06 63 46 73 31.

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La famille comme pilier de la société

Paris Notre-Dame – 12 août 2025

Dès sa première intervention comme archevêque de Paris, lors de la Rencontre diocésaine avec les conseils pastoraux des paroisses de Paris, le 3 décembre 2005, Mgr André Vingt-Trois identifie la famille et la jeunesse comme champs prioritaires de la mission : « Avons-nous le souci de fournir aux époux et aux parents la possibilité de partager leurs expériences, de parler de leurs difficultés et de trouver des interlocuteurs attentifs et disponibles ? », interroge-t-il ; ou encore : « La jeunesse dans son ensemble est perçue comme un problème […]. Si les Français aiment beaucoup leurs enfants en particulier, ils craignent la jeunesse en général. […] Comment pratiquons-nous cette confiance envers les jeunes ? » (Notre mission à Paris). Une attention vigilante et bienveillante qui se manifestera tout au long de son épiscopat, avec notamment l’année « Famille et jeunesse », en 2010-2011, et la publication de sa lettre pastorale La famille et la jeunesse : une espérance ; mais aussi hors Paris, comme président de la Commission épiscopale de la famille de la Conférence des évêques de France de 1998 à 2005, et consulteur du Conseil pontifical pour la famille, à partir de 1995. Entretien avec le P. Denis Metzinger, actuel curé de St-Léon (15e), qui a été, de 2010 à 2020, vicaire épiscopal chargé de la pastorale Familiale du diocèse de Paris, nommé par le cardinal André Vingt-Trois. Charlotte Reynaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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