Pietà en détresse !

Paris Notre-Dame du 24 mars 2022

Sauvegarder les œuvres d’art en péril, c’est une des missions de la fondation La sauvegarde de l’art français. Parmi les œuvres à sauver et à restaurer se trouve la Pietà du sculpteur français Henry de Triqueti, nichée dans une alvéole de la chapelle N.-D.-de-Compassion. Une souscription a été lancée… et l’art sacré a besoin de vous !

© Christel Pigeon

Cette histoire a commencé il y a quelques mois, à Science-Po Paris, lorsque deux étudiantes de première année, Gabrielle et Tivana, ont accepté de relever le défi lancé par la fondation La sauvegarde de l’art français et de participer à l’opération « Le plus grand musée de France ». Chaque année, depuis 2013, la fondation propose à des étudiants de l’aider à faire connaître les trésors artistiques français et à trouver les moyens de les faire restaurer. « Nous sommes parties sur le terrain, à la recherche d’une œuvre d’art en péril dans les rues de Paris, explique Gabrielle. Mais ce n’est pas facile car beaucoup d’œuvres sont protégées. Nous avons été en contact avec Caroline Morizot, de la Commission diocésaine d’art sacré Paris, et elle nous a dirigé vers des églises. Quand nous sommes arrivées à la chapelle N.-D.- de-Compassion (17e), nous avons eu un coup de cœur pour l’endroit et pour la sta¬tue. Notre choix s’est aussi porté sur cette Pietà car sa restauration s’inscrit dans un projet plus large de rénovation globale de la chapelle où l’on trouve de grands artistes comme Ingres et Scheffer. »

Hommage à un prince

Cette Pietà en marbre, mesurant près d’un mètre vingt, attribuée à Henry de Triqueti, sculpteur romantique du XIXe siècle, n’est pas dans cette chapelle par hasard. En effet, la chapelle N.-D.-de-Compassion a une histoire bien particulière. Le 13 juillet 1842, Ferdinand-Philippe d’Orléans, le fils aîné du roi Louis-Philippe et de la reine Marie- Amélie, quitte les Tuileries en calèche pour aller saluer ses parents au château de Neuilly (Hauts-de-Seine). À la hauteur de la porte Maillot, les chevaux s’emballent, le prince se lève et tombe brutalement sur la chaussée. Transporté, inanimé, à quelques pas de l’accident, dans l’arrière boutique de l’épicerie Cordier, il y rend son dernier soupir, quelques heures plus tard. Le couple royal, dévasté, achète la maison de l’épicier et fait construire sur le terrain une chapelle. Cet édifice – alors appelée la chapelle St-Ferdinand – est construit en forme de croix grecque. L’autel est situé à l’emplacement exact où le prince est décédé.
L’intérieur de cette église est également richement doté. On peut y découvrir le cénotaphe du prince, sculpté dans le marbre en 1842 par Triqueti d’après les dessins du peintre romantique français Ary Scheffer. On peut aussi admirer les vitraux réalisés d’après des cartons du peintre français Jean-Auguste- Dominique Ingres, représentant, sous les traits de leurs saints patrons, les membres de la famille royale. Et bien sûr, on admire la Pietà, située derrière l’autel, sculptée par Triqueti d’après un dessin de Scheffer. Les visages de la Vierge et de Jésus seraient ceux de la reine Marie- Amélie et du prince Ferdinand-Philippe. Aujourd’hui, il est important de la restaurer. « Cette sculpture a besoin d’un nettoyage, d’un dépoussiérage et d’une harmonisation colorée, indique Gabrielle. Il faut l’entretenir afin qu’elle ne se détériore pas. Nous sommes en relation avec une restauratrice et le devis s’élève à 4050 euros. » La campagne pour récolter des fonds est déjà ouverte et s’achèvera fin mai. Et si vous souhaitez voir la statue, il faut désormais vous rendre place du général Koening car la chapelle a été déplacée d’une centaine de mètres lors de la construction du palais des congrès de la porte Maillot en 1974 !

Christel Pigeon

Pour faire un don
sauvegardeartfrancais.fr/projets/notre-dame-de-la-compassion-pieta
ou par chèque, à l’ordre de la Sauvegarde de l’Art français en précisant « rénovation Pietà » à Sauvegarde de l’art français, 22, rue de Douai, 75009 Paris.

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