Texte de la conférence de carême de Notre-Dame de Paris du 2 avril 2023
Le dimanche 2 avril 2023 , Mgr Bernard Podvin a donné la sixième et dernière conférence de carême de Notre-Dame de Paris sur le thème “Cathédrale… pour un peuple nombreux !”.
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Texte de la conférence
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Les conférences ont été publiées aux éditions Parole et Silence le 6 avril 2023.
Cathédrale… pour un peuple nombreux (Ac 18)
S’il était invité sur un plateau de télévision, l’apôtre Paul s’y rendrait-il volontiers ?
Son discours à Athènes au milieu de l’Aréopage, n’était pas un long fleuve tranquille.
« Tu nous rebats les oreilles de choses étranges. Pouvons-nous savoir quel est cet enseignement nouveau que tu proposes ? ».
Dans les Actes des Apôtres, au chapitre 17, nous assistons de sa part à une prestation magistrale.
Il connaît le contexte.
Il sait que la ville d’Athènes est livrée aux idoles.
Il vient même de discuter avec les membres de la synagogue, mais aussi avec les épicuriens, les stoïciens.
« Que peut bien vouloir dire ce radoteur ? Qui est ce messager de Jésus ? Et de Résurrection ?
Qui est ce prêcheur de divinités étrangères ? ».
L’étrangeté de la foi chrétienne est-elle moindre en 2023 ?
La minorité de notre situation signifie-t-elle l’extinction de tout témoignage rendu public ?
Notons chez Paul une capacité bouleversante.
Devant cette étrangeté et l’aspect décapant de la provocation, il ne reste pas « les deux pieds dans le même sabot ».
Il commence par reconnaître l’indéniable sentiment religieux de ses auditeurs.
Leurs dévotions et monuments sont nombreux.
Mais il constate leur incapacité à nommer ce Dieu inconnu, auquel ils agrègent tous leurs caprices.
Leurs divinités sont comme des aiguilles aspirées par un aimant.
C’est la confusion.
Le dieu inconnu atteste leur impasse à le connaître et à être connus de lui.
Dieu n’est pas une statue en or, à l’effigie de leur imaginaire.
Paul ose leur dire son discernement.
Cela lui donne tout le souffle pour étayer qui est le Dieu de son amour.
Son Dieu, source de conversion !
Pour tous et partout !
Dieu a accrédité un homme, Jésus, en le ressuscitant d’entre les morts.
La résurrection n’est pas une doctrine éthérée. Elle est quelqu’un.
Elle est la justice qui sera rendue au genre humain.
Paul accomplit ici un exercice complet, assorti de respect des interlocuteurs, mais aussi d’entière liberté à annoncer le Dieu de sa foi.
Remarquons la triple réaction de l’auditoire.
– Les uns se moquent.
– D’autres différent la discussion de fond.
– Quelques-uns, cependant, s’attachent à lui et deviennent croyants (Actes 17,34).
Rien de changé sous le soleil.
L’espace public est ainsi habité de cette triple résonance.
– Ça n’a pas de sens !
– On est trop occupés pour voir ce que ça nous apporterait.
– On est convaincus par ce message nouveau.
Dieu fait du neuf aujourd’hui ?
– On s’en moque, car on ne le crédite de rien de bon pour l’homme.
– On zappe sur un autre programme moins impliquant.
– On entre dans le dynamisme de cette recherche de foi.
La fragmentation numérique, la sécularisation vertigineuse, les agnosticismes pluriels, les violences identitaires côtoient un humanisme à la fois résilient et abîmé.
Résilient, car il veut sauver la planète, s’il en est encore temps.
Abîmé, car l’homme ne sait plus se recevoir d’un autre.
Et dispose donc de lui-même, de sa conception à sa fin de vie.
L’Aréopage a donc entendu Paul.
En ami du Christ, il ne s’est pas dérobé.
Il était essentiel d’être présent, comme sur les réseaux sociaux de ce temps.
Mais on n’établît pas sa demeure dans un amphithéâtre.
C’est à Corinthe que Paul va résider.
Il y demeurera même assez longtemps, insiste l’Ecriture (Ac18, 18),
tout en se préservant la liberté de ne pas s’y incruster. (Actes 18, 20) par disponibilité aux appels futurs de sa mission.
De même que le débat à Athènes n’était pas de tout repos, l’apostolat à Corinthe est composé de joies et d’épreuves.
Joie de travailler de ses mains, puis de se consacrer à la Parole, d’accompagner de nouveaux croyants, de prêcher, de baptiser.
Mais aussi, injures et procès à endurer.
Joie de voir des gens se convertir au Christ.
Mais aussi, souffrance de l’incompréhension.
Joie de partager la mission avec Priscille et Aquillas, Silas, Timothée…
Mais aussi, défi d’une disponibilité capable de reprendre son chemin.
Mais l’essentiel n’a pas encore été dit.
Dieu a visité le cœur de Paul.
« Sois sans crainte. Parle. Ne garde pas le silence. Je suis avec toi. Personne ne s’en prendra à toi. Car dans cette ville, j’ai pour moi un peuple nombreux » (Actes 18,10).
L’enjeu n’est donc pas de Paul pour Paul.
Dieu exprime sa sollicitude.
Le peuple est sien.
Et ce peuple est nombreux.
Ce ne sont ni Apollos, ni Paul, qui ont été crucifiés.
L’élection du peuple est inscrite dans le cœur de Dieu.
Et la prédilection de Dieu est sans acception.
Elle va au-delà de la communauté de Corinthe déjà rassemblée.
Ainsi sont nos cités.
Athènes et Corinthe tout à la fois.
Ouvertes à l’universel, et créatrices de lien de proximités.
Mûries et éprouvées par le débat abrasif avec l’homme contemporain.
Et communautaires, au sens où Vatican II missionne nos paroisses et nos services diocésains.
Frères et sœurs diocésains de Paris, vous savez mieux que moi la spécificité de la ville qui vous est chère, et où m’est accordée la confiance de prêcher ce Carême. La lettre pastorale de votre archevêque est l’expression d’une fraternité partagée pour vivre ensemble, ce que Dieu discerne en votre cité, et bien au-delà d’elle. N’avez-vous pas le sentiment de vivre la condition de Paul à Athènes et la condition de Paul à Corinthe ? Toutes deux animées de la même joie d’annoncer l’évangile à Paris.
Le statut national et international de Paris lui confère l’urgence de vivre le rendez-vous d’Athènes. Quelle serait donc l’attente de résurrection de tous ceux qui se réfèrent à Paris, dans sa grâce particulière ?
Mais, dans la même synergie spirituelle, Paris serait inconcevable sans être Corinthe, dans la diversité et la vitalité des quartiers, des populations, des lieux de vie communautaire, des œuvres de solidarité.
Notre Dame de Paris incarne cette double fidélité dans l’unité de son architecture.
Qui ne la connaît à travers le monde ?
Qui n’a été sidéré et touché comme en son propre cœur le 15 avril 2019 ?
Chers amis, si visité soit un monument, que serait-il s’il n’avait une âme ?
Si renommé soit-il, que serait-il si chacun n’y était accueilli ?
Si sublime soit un édifice, que serait-il, si le cœur des hommes ne venait y battre au diapason de l’amour de Dieu ?
« On meurt pour une cathédrale. Non pour des pierres, écrivait Antoine de Saint Exupéry. On meurt pour un peuple, non pour une foule. On meurt par amour de l’Homme, s’il est clé de voûte d’une communauté ».
L’auteur de Terre des hommes ne croyait pas si bien écrire en 1939 pour notre carême 2023.
« ils poussèrent la foule à faire périr Jésus crucifie le ! » (Mathieu 27).
« Ô mon peuple que t’ai-je fait (Mich 6).
Foule insaisissable qu’on instrumentalise.
« Peuple nombreux » à aimer dans Corinthe.
Dans Paris. Et en chacun de vos enracinements, chers auditeurs et téléspectateurs.
Pour ce peuple nombreux, une cathédrale, lieu du rassemblement. Se rassembler en Celui qui est « beauté ancienne et nouvelle ; ancienne, parce qu’éternelle Nouvelle, parce que apportant nouvelle suavité à mon cœur ! » comme le confesse Augustin.
Mgr Ulrich a visité il y a quelques jours la cathédrale de Bagdad, frappée par un attentat meurtrier en 2010. Notre Dame de Paris est parabole de Carême.
La guerre est à nos portes.
« Notre Dame est bien vieille, disait Gérard de Nerval. On la verra peut-être enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ».
Qu’écrirait-il après la sidération d’avril 2019 et contemplant l’acte de foi actuellement posé par l’amour du peuple ? Notre Dame bien vieille ! Notre Dame toute rajeunie !
Qui sera jeune ? Qui fera naître d’en haut la vitalité des hommes ?
C’est à dessein que je parle d’une cathédrale pour un peuple nombreux le dimanche des Rameaux.
La pierre des cathédrales en effet, est sublime en ses fonctions liturgique, hospitalière et culturelle.
L’histoire est éloquente pour nommer la maternité des cathédrales envers les populations.
Et si le sentiment religieux semble de moins en moins régenter l’espace social, au sens weberien,
les cathédrales, comme tant d’églises et chapelles, sont entourées d’une dévotion dépassant largement la sphère pratiquante.
Mais Saint Augustin nous avertit :
Promesse d’éternité n’est pas accordée en soi à la chose matérielle. L’éternel a promis les choses éternelles ! (Sermon 105).
Confier au Seigneur le remarquable travail qui se vit chaque jour à Notre Dame, doit se ressourcer dans notre conversion à Jésus qui est pierre angulaire.
Il entre ce jour dans Jérusalem !
Dans une homélie des Rameaux 1615, François de Sales note le désir de Jésus de « retenir toute sa gloire et sa splendeur au dedans ». Il en déduit cette posture pédagogique : « Je suis donc porté pour suivre notre Seigneur à parler tout simplement ».
Quel peut être ce « tout simplement » en notre aujourd’hui ? François de Sales commente le comportement de ceux de la ville qui viennent au-devant de Jésus. Ils coupent des branches de rameaux et de palme.
« Chacun sait, dit François, que la palme est donnée aux martyrs, et que l’olive est le hiéroglyphe de la paix.
Habit et habitude étant la même racine en latin, les gens jettent au-devant de lui leurs vêtements, et soumettent à ses pieds leurs habitudes tant bonnes que mauvaises ».
Cette jetée des palmes et des vêtements sur le chemin de Jésus est une oblation de ce que nous avons en nous de plus mystérieux.
En nos cœurs c’est le clair-obscur.
Qu’est ce qui a déjà valeur d’éternité ?
Qu’est ce qui est encore du vieil homme ?
Benoît XVI nous invite à comprendre ce qui se joue d’essentiel.
Jésus monte à Jérusalem.
Depuis la profession de foi que Pierre a faite à Césarée, Jésus est pèlerin vers la ville sainte. Rien ne peut le retenir de l’accomplissement fidèle du pourquoi il est parmi nous.
Tout son être est volonté de son Père.
Tout son chemin est vers une nouvelle Pâque.
Son peuple est en fête d’une mémoire libératrice et dans l’attente d’une libération définitive.
Jésus monte vers le sommet de La Croix qui est descente dans l’enfouissement de l’obéissance.
« Le terme ultime de son pèlerinage est la hauteur de Dieu lui-même à laquelle il veut élever l’être humain » écrit Benoît XVI.
J’entendais un confrère de Paris me dire qu’une équipe du CNRS étudie en ce moment même les raisons de l’attractivité de Notre Dame.
Pourquoi le monument est-il si prisé, si référentiel de tant de monde dans la diversité des cultures ad extra et ad intra ?
La conclusion de l’enquête sera passionnante à décrypter.
La compétence avec laquelle la cathédrale nouvelle se prépare se justifie pleinement.
La première épître de Pierre dit que nous serons pierres vivantes si nous entrons dans la construction de l’édifice spirituel (1,P 2,5)
Pour cela, trois conditions spirituelles sont à intégrer :
– nous approcher de la pierre rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu.
– mettre notre foi en cette pierre angulaire, et devenir chaque jour davantage sacerdoce saint, peuple de Dieu.
– vivre dans la cité des hommes en frères de proximité, mais toujours en hommes libres, comme « étant de passage » dans le refus de ce qui ne permet pas l’action du bien.
Ces trois caractéristiques donnent à Notre Dame de Paris d’être pour tous. La pierre angulaire, encore ignorée par tant de visiteurs, les attend.
Homme contemporain, frère en humanité, tu te tiens au point d’intersection entre deux champs de gravitation.
Tu n’entreras pas dans Notre Dame sans communier à cette mystérieuse double force de gravité.
Tout ce qui veut t’alourdir, te happer, te mondaniser au sens où l’entend le Pape François, et te tire vers le bas ; à l’inverse de ce qui veut te tirer vers le haut, le transcendant, le fraternel.
Sursum corda ! dit la liturgie.
Élevons notre cœur.
Le peuple nombreux dont Dieu parle à l’apôtre Paul, cherche assurément son centre de gravité.
Sa fragilité et sa force sont un oxymore.
Cette tension est féconde dans l’amour.
Le peuple est nombreux, insaisissable, mais aimé.
Comme toute capitale du monde, Paris se doit d’être à sa double légitimité qui est aussi sa double exigence, sa double fidélité, sa double joie.
L’universel et le particulier sont comme en appel l’un dans l’autre.
Mais, me direz-vous, comment considérer ce peuple nombreux dans une société qualifiée de « liquide » par les philosophes comme Zygmunt Bauman ?
Non seulement, les éléments fédérateurs se cherchent. Mais aussi la hantise d’une obsolescence marque les esprits individualisés.
Quelques jours après l’incendie à Notre Dame, Frédéric Boyer écrivait :
« Pour rebâtir cette Dame de pierre qui est nôtre, il faudrait aussi rebâtir les fondations immatérielles de notre vie commune ».
Nous ne sommes pas dans l’animation d’une session de sociologie. Mais l’élan du Carême peut insuffler une passion nouvelle pour la compréhension de la complexité et l’exercice de la pastorale.
Car, en effet, le discernement des « fondations immatérielles » ne peut s’entreprendre sans la conversion évoquée de dimanche en dimanche.
François de Sales dit à un de ses correspondants : « Je dois vous dire que la connaissance que je prends tous les jours des humeurs du monde, me fait souhaiter passionnément que la divine Bonté inspire quelques-uns de ses serviteurs, d’écrire au goût de ce pauvre monde ».
Que dit-il à ce « pauvre monde ? ».
Que nous partage-t-il ce soir ?
Quelle est sa vision du temps ?
« Le monde devient si délicat que désormais on ne l’osera toucher qu’avec des gants musqués, ni panser ses plaies qu’avec des emplâtres de civette. Mais qu’importe pourvu que les hommes soient guéris et qu’en fin ils soient sauvés ».
Nous pouvons donc scruter ici quelques points de repère :
1) la prise en considération du peuple nombreux n’est pas seulement une empathie envers sa complexité ou sa torpeur. Comme l’exprime le Père Joel Pralong « Si l’empathie est une notion psychologique, la compassion est une notion chrétienne. Elle consiste à vouloir porter l’autre comme le Christ nous porte ».
2) Un message de salut est à partager au cœur même de cette sollicitude. Nous avions sans doute placé sous le boisseau, l’annonce explicite du salut. Il est heureux de constater un retour catéchétique vers le fondement. Nous sommes édifiés sur le fondement des apôtres, nous rappelle l’Epitre aux Ephésiens. Jésus est la pierre angulaire. Je me réjouissais, il y a un an, qu’un service diocésain de la catéchèse prenne comme angle de formation, la pédagogie du salut. Quelle bonne idée !
Il est essentiel d’annoncer le salut, non point de façon crispée et conquérante, mais avec sérénité et simplicité, vérité et liberté.
C’est la grâce d’une cathédrale, d’être le vaisseau incarnant les siècles d’une relation entre la culture et la foi. Et d’être Parole pour aujourd’hui. Je sais le souci du diocèse de Paris que Notre Dame soit hospitalière des gens, tout en les nourrissant de la proposition du cœur de la foi.
3) Si vous me permettez l’expression, Jésus entre ce dimanche dans Notre Dame sur le dos de l’ânon de Betphaghe. Par quelle autorité fait-il cela ? Sinon celle de reconstruire en trois jours le Temple de toute Vie. L’humilité royale de Jésus doit être nôtre. Joseph Ratzinger en 1969 annonçait « une Église devenue petite mais devant repartir plus ou moins des débuts ». Tandis que le monde bruissait des remises en question de toute autorité, Joseph Ratzinger entrevoyait cette condition prépascale ne devant faire économie, ni de l’entrée de Jésus à Jérusalem, ni des trahisons et dispersions, ni du lavement des pieds, ni de l’agonie, ni du samedi saint. « C’est sûr, elle ne sera plus la force sociale dominante, mais elle sera l’Eglise de la foi ».
Oh, Joseph Ratzinger ne dessinait pas un processus enchanteur : « Le processus de clarification la rendra pauvre. La fera devenir une Église des petits. Le processus sera long et pénible, mais après l’épreuve des divisions, d’une Église intériorisée, sortira une grande force ! ».
Étonnante prédiction d’il y a 54 ans !
Comment avoir vu si juste ?
Pour un peuple nombreux, il faut, dirait Joseph Ratzinger, que le monde découvre la
« Petite communauté des croyants, comme quelque chose de totalement nouveau ».
Servir la multitude passant à Notre Dame, suppose à la fois un édifice rénové aux exigences du temps, et Maison de Dieu au milieu des maisons des hommes.
« Quelque chose de totalement nouveau » vient de dire Joseph Ratzinger.
Depuis le début de nos conférences, nous cherchons la nouveauté.
J’ai un ami qui est sourcier et géobiologiste.
En ces temps de sécheresse, la nappe phréatique est basse.
Elle se plaît à se cacher.
Elle se fait désirer.
Il nous faut descendre en nous-mêmes.
Comme le fils prodigue de la parabole.
On descend d’autant plus profond qu’on est une terre assoiffée.
Depuis le début des conférences, nous aspirons à la nouveauté.
Mais de notre suffisance peut-il sortir quelque chose de nouveau ?
Nicodème nous a ouvert le chemin du consentement à renaître d’en haut.
La flétrissure de ses rides ne l’a pas empêché d’avoir un cœur tout neuf au point de vénérer le corps de Jésus, comme celui du Vivant.
L’ange de l’Apocalypse nous a réveillés sur la vigilance envers notre amour. Ne nous lassons jamais d’être amis du Christ.
La Parole de Dieu est venue trancher en nous le vif de la conversion. Celui qui se laisse nourrir par la Parole met son cœur au large.
L’humilité et la douceur du Christ se sont révélées être les deux qualités de son cœur. Il est doux et humble de cœur.
A cette nouveauté, nous avons perçu que le Seigneur appelle. Il appelle selon ce que sa bienveillance considère pour chacun et pour l’humanité.
En chacune de ces étapes, nous avons été rencontrés par le Dieu qui veut apprêter nos personnes et nos communautés à sa nouveauté divine.
Vous avez peut être lu le livre « Ressources du christianisme » de François Julien. L’auteur précise :
« Sans y entrer par la foi ».
Je note l’originalité de cette recherche pour le propos de notre Carême. C’est étonnant comme qQuelqu’un se disant non croyant présente le christianisme comme une
« ressource féconde pour connaître la vérité qui fait vivre ».
Quelle provocation à désensabler nos sources afin de partager nos ressources au monde !
Quelle provocation à ne pas nous endormir.
Les Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, les Jeux Olympiques, mais aussi tant d’événements de proximité, sont pierres d’attente de notre ferveur.
Oui, il est touchant que des personnes extérieures à notre foi s’étonnent que nous n’en vivions pas la plénitude.
L’exercice est toujours tonique et vivifiant.
Notre quête de la nouveauté n’est pas un lifting rapidement obtenu sans implication de nous-mêmes.
Nous ne pouvons accéder à la nouveauté si tout ne se rénove en nous, au profond de nous.
A l’abîme de notre pauvre recherche, répond l’abime d’une Miséricorde novatrice.
Notre accueil de la nouveauté est recherche inlassable.
« Au moment précis où l’on te tient avec plus de force, écrit Guillaume de Saint Thierry, au moment où l’on te possède avec plus de délices, soudain tu t’échappes !
Et c’est un charme pour Toi de voir l’amour de celle qui te poursuit se fatiguer et s’épuiser de peine »
Guillaume parle ici de notre âme en quête de l’Éépoux.
Nous pensons tenir Celui qui est notre amour.
Mais sa Vie nul ne la prend
C’est lui qui la donne.
Sa Pâque nous entraîne au-delà de ce que notre mesure peut concevoir.
Frères et sœurs, nous n’avons pas fini d’être bouleversés de savoir que lorsque quelqu’un put enfin pénétrer dans le sinistre du 15 avril 2019, se discernait, au milieu des éléments détruits, la grande croix dorée et Notre Dame portant son enfant.
Nous n’avons pas fini de saisir ce que Dieu veut dire à l’humanité et à son Église par cette Crucifixion et cette maternité.
Emmanuel Godo dit « Le poète est cet homme qui, tous les jours, met son habit du dimanche, car il ne sait pas à quelle heure son Seigneur va venir ».
Le pèlerin du Carême devrait être cet homme qui, tous les jours, apprête les cendres de son cœur à la divine résurrection.
Le pèlerin du Carême devrait être cet homme qui, tous les jours, prend la route de Jérusalem à Jéricho, pour soigner les plaies de ses frères.
Le pèlerin de Carême devrait être cet homme qui, tous les jours, déchire son cœur et non son extérieur.
Dieu fait du neuf. Ne le voyez-vous pas ?
Une homélie très ancienne du Samedi saint, clôture notre cycle de Notre Dame. Elle est un commencement.
« Le Seigneur s’est avancé vers eux muni de La Croix. L’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! ».
Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : « Éveille-toi, ô-toi qui dors !…
Le Christ t’illuminera ».
Nous avons aujourd’hui pour aimer.
– Lire les remerciements de Mgr Laurent Ulrich au père Bernard Podvin.
Introduction à la conférence
Chaque dimanche, conférence à 16h30, prière à 17h15, vêpres à 17h45, messe à 18h30 à Saint-Germain l’Auxerrois.