Une journée diocésaine pour les personnes avec un handicap mental
Paris Notre-Dame du 20 novembre 2014
Depuis 1997, la Journée diocésaine pour les personnes avec un handicap mental a lieu chaque année. Une soixantaine de jeunes se sont ainsi retrouvés à St-Pierre du Gros Caillou (7e), mardi 11 novembre 2014, pour apprendre à discerner leur appel et leur mission.
Moi, je fais l’évêque ! » s’exclame Marion, en bondissant de sa chaise. Sac rose en bandoulière, elle se fraie un chemin entre les autres participants. « François ! » appelle- t-elle, dans cette mise en scène de confirmation. « Me voici » répond l’intéressé. « Merci Monseigneur ! », plaisante Colette, une des animatrices, sous les rires de l’assemblée. « Appelé à être apôtre de Jésus, notre personnage a répondu par le sacrement de la confirmation », conclut Bénédicte Bourdel, responsable du service handicap pour le Vicariat enfance et adolescence. Assis en demi-cercle dans le hall de la salle paroissiale de St-Pierre du Gros caillou (7e), une quinzaine de jeunes porteurs d’un handicap mental débutent la matinée par ce jeu de rôle sur l’appel.
Des jeux sur l’appel
Au premier étage, un autre groupe est affairé à rassembler les pièces de puzzles illustrant la vie de saint tels que saint Dominique ou Mère Teresa. Comment- ont-ils reçu leur appel ? Que cela a-t-il changé dans leur vie ? Voici le type de questions auxquelles tentent de répondre animateurs et participants. Dans une autre salle, le P. Edouard Catrice, responsable de la Pastorale pour les personnes handicapées, raconte, mimes à l’appui, l’appel de Zachée. Stylos en main, ils s’apprêtent à remplir les mots fléchés retraçant la vie de ce personnage de l’évangile. « Zachée était bien collecteur des impôts ? Mais ça ne rentre pas dans les cases ! », soupire un jeune participant. « Oui mais voleur, ça rentre ! » lui rétorque aussitôt son voisin.
« Un cadeau pour le Seigneur »
À l’heure du déjeuner, les amis se retrouvent et accueillent les nouveaux-venus. « J’adore rencontrer des gens, se réjouit Gautier, 30 ans, en dévalant les escaliers. On se mélange tous avec nos handicaps. On rigole et on peut se confier sur un peu tout. » Ici, personne ne demande de quoi souffre le voisin. Tous s’adaptent naturellement les uns aux autres. Renaud, plus âgé et habitué des lieux, regrette qu’il n’y ait pas plus de journées comme celle-ci : « Dans la rue ou les transports, avec ceux qui n’ont pas de handicaps, c’est difficile. Là on s’amuse on prie on célèbre. C’est un cadeau pour le Seigneur ».
« Ils nous évangélisent ! »
Ce moment de convivialité est aussi l’occasion de partager sa foi et de réfléchir à sa vocation. « J’aimerais me marier », sourit timidement Hélène, une des participantes. Un autre voudrait bien « être confirmé ». Quant à Benoît, 18 ans, il semble apaisé par sa matinée. « J’ai l’impression de mieux connaître Jésus. Tout le temps, je m’énerve trop. Jésus me calme. Maintenant, je vais essayer de moins me disputer avec mon père et ma sœur ». Des paroles émouvantes pour les prêtres qui les accompagnent. « Ces jeunes pourraient être les premiers à récriminer contre Dieu. Mais ce n’est pas le cas, insiste le P. Stéphane Gravereau, curé de St-Michel (17e), et coordinateur de la Pastorale pour les personnes handicapées. Ils ont un rapport simple à Dieu. Ils nous évangélisent ! »
La joie éclate
Après le repas, vient le temps des témoignages. Puis à l’heure des chants, beaucoup laissent éclater leur joie au son de la guitare et du djembé. Une fois la messe terminée, il est temps de se séparer. « La journée a été réussie, se félicite Bénédicte Bourdel, devant la porte de l’église. Si chacun, quel que soit son handicap, pouvait maintenant être appelé à témoigner de ce qu’il a vécu sur son lieu de vie, cela serait formidable. » • Par Anne-Louise Sautreuil