Une nouvelle paroisse adopte Hiver solidaire

Paris Notre-Dame du 23 octobre 2014

La paroisse St-Gabriel (20e) participe, cette année, pour la première fois à l’opération Hiver solidaire. Une démarche mise en place en quelques semaines.

Hiver Solidaire au St-Esprit (12e), édition 2013.
© Ramisse

« Un enthousiasme se lève », se réjouit Pascal Blavot, diacre à St-Gabriel (20e) et architecte d’Hiver solidaire pour sa paroisse. Moins de quatre mois après s’être mis en tête, avec sa femme Chantal, de faire participer St-Gabriel à ce dispositif d’accueil pour les sans-abri, le projet se concrétise sérieusement. Pourtant, « nous partions d’une feuille blanche », insiste Pascal Blavot. Avant de se lancer, il « a regardé ce que faisaient les autres paroisses et potassé tout l’été pour la rentrée ». Il a d’abord fallu trouver des locaux. Ce sera la crypte. « Chacun a poussé un peu ses affaires pour faire de la place, raconte-t-il. Et il a fallu faire preuve d’imagination pour aménager une douche, des toilettes et un coin cuisine. » Mais sa principale inquiétude était le recrutement de bénévoles. « Nous savions qu’il en fallait 40 au minimum. » Aussi n’a-t-il pas ménagé sa peine pour le faire savoir, notamment avec « un tract fait par un paroissien décrivant Hiver solidaire et affichant clairement “Nous avons besoin de 40 bénévoles” ».Un tract efficace, car début octobre, 60 personnes participaient à une réunion d’information. « Et pas que de fervents paroissiens », note Pascal Blavot qui estime qu’Hiver solidaire séduit car c’est un engagement à la carte. « Les gens peuvent venir une fois par semaine ou une fois par mois, préparer un repas ou passer une nuit… », détaille-t-il. Son Powerpoint et le témoignage d’une équipe de St-Ambroise (11e) ont convaincu la plupart d’entre eux de remplir une fiche d’engagement avec leurs disponibilités, rassurés qu’aucune compétence particulière ne soit demandée. « Si ce n’est celle de donner du temps et de la chaleur, relève Pascal Blavot. Maintenant, nous allons désigner des chefs d’équipe, un pour chaque jour de la semaine, qui coordonneront les plannings des volontaires. »
Mais qui accueillir ? « Nous avons constaté que trois personnes, c’était le nombre idéal pour le faire convenablement. » St-Gabriel a donc sollicité deux associations qui effectuent des maraudes dans le quartier pour trouver des sans-abri à qui cet accueil serait profitable dans une démarche de réinsertion. Et d’ici le début de l’opération, fin novembre, espère Pascal Blavot, la paroisse va proposer aux volontaires une formation à l’écoute des plus fragiles et distribuer un guide avec quelques recommandations. « Le dîner par exemple ne doit pas se transformer en concours de cuisine, glisse Pascal Blavot. L’instruction, c’est “faites comme en famille”. » • Éric de Legge

QUESTIONS À… Bertrand Cavalier, diacre à St-Séverin (5e), pilote Hiver solidaire au Vicariat pour la solidarité.

P. N.-D. : Quelle ampleur a pris le dispositif ?

B. C. – Hiver solidaire devrait concerner 25 paroisses cette année, contre 23 en 2013. L’hiver dernier, l’opération avait permis l’accueil de 120 sans-abri. Il y en aura sans doute autant cette année. Une vraie dynamique s’est créée autour des 1 200 bénévoles investis dans cette expérience de générosité habitée par la charité.

P. N.-D. : Que faites-vous pour inciter les paroisses ?

B. C. – Hiver solidaire dispose d’une équipe de pilotage pour aider celles qui désirent se lancer. Nous avons aussi mis en place des boîtes à outils sur le site vivrelacharite.fr, tels qu’un guide du bénévole, des formations, des conseils pour gérer un planning…

P. N.-D. : Qu’est-ce qui distingue Hiver solidaire des autres dispositifs d’accueil ?

B. C. – Hiver solidaire ne prétend pas résoudre le problème de la précarité à Paris. Il s’inscrit dans un autre registre que celui des accueils d’urgence. Celui de l’accueil en petit nombre, occasion de rencontres, capable d’offrir un cadre presque familial. D’autant plus que les personnes accueillies viennent généralement du quartier des paroisses. Celles-ci accueillent finalement leurs paroissiens !

P. N.-D. : Hiver solidaire est-il reconnu par les pouvoirs publics ?

B. C. – Nous sommes désormais considérés comme un partenaire par la DRIHL (Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement). Elle a détaché auprès de nous deux travailleurs sociaux pour accompagner la réinsertion des personnes accueillies. • Propos recueillis par Éric de Legge

Les églises de Paris au service des gens de la rue

Les églises de Paris au service des gens de la rue