Vie de l’Église : regard sur les îles du Pacifique

Paris Notre-Dame du 12 septembre 2024

Le pape François achève son 45e voyage apostolique hors d’Italie, en Asie du Sud-Est et en Océanie, le 13 septembre. À cette occasion, le P. Sosefo Sao, vicaire de la paroisse St-Hippolyte (13e), originaire de Wallis-et-Futuna et ayant grandi en Nouvelle-Calédonie, met la lumière sur l’Église catholique d’Océanie.

Le P. Sosefo Sao, vicaire de la paroisse St-Hippolyte (13e), est originaire de Wallis-et-Futuna.
© Yannick Boschat

Paris Notre-Dame – Pouvez-vous brosser les traits de l’histoire de l’Église catholique en Océanie et particulièrement à Wallis-et-Futuna et en Nouvelle-Calédonie ?

P. Sosefo Sao – L’histoire du catholicisme dans le Pacifique est liée à celle des missionnaires français. Wallis-et-Futuna et la Nouvelle-Calédonie ont été évangélisées par la congrégation des Frères maristes entre les années 1830 et 1840. Dans leur élan missionnaire, ils ont traversé les îles du Pacifique en essaimant des religieux ou des prêtres de leur congrégation, pour achever leur voyage en Nouvelle- Zélande. Malgré ce point commun, les deux Églises de Wallis-et-Futuna et de la Nouvelle-Calédonie sont très différentes car les missionnaires n’ont pas été accueillis de la même manière. Pour s’implanter dans un territoire, ces derniers cherchaient d’abord à convertir le pouvoir local afin de toucher le reste de la population. À Futuna, la réticence à la religion catholique a été très forte. La violence a atteint son paroxysme avec l’assassinat du P. Pierre Chanel (1803-1841), missionnaire installé sur l’île, par le gendre du roi Niuliki. De son martyre s’est ensuivie une vague de conversions au catholicisme. Aux yeux de la population de Futuna, son martyre est resté le signe d’une grande grâce de Dieu pour elle. En Nouvelle-Calédonie, les missionnaires ont souvent été du côté de la population autochtone, les Kanak, face à l’anticléricalisme de la IIIe République. Pour autant, le refus de l’Évangile y a été fort, dans un contexte de colonisation.

P. N.-D. – Que reste-t-il de l’héritage des missionnaires aujourd’hui ?

S. S. – À Wallis-et-Futuna, l’Église est dynamique et la foi continue de se transmettre. L’héritage des Frères maristes est très ancré dans la culture de Wallis-et-Futuna. Ces derniers ont su repérer les éléments de la culture locale qui permettaient à l’Évangile de s’incarner. Tout leur travail missionnaire se retrouve aujourd’hui dans les valeurs populaires et culturelles de l’île. D’ailleurs, l’Église bénéficie d’un statut particulier : elle est responsable de l’éducation et est très liée au roi et à la préfecture. Les Frères sont encore présents dans les paroisses. Ils sont également à l’origine d’une grande piété mariale au sein de la population. Mes parents et certaines de mes soeurs sont engagés dans le Tiers ordre de Marie, la branche laïque de la Société de Marie. Mon enfance a été marquée par leur engagement à la suite de la Vierge.

P. N.-D. – En juillet dernier, vous vous êtes rendu en Nouvelle-Calédonie. Quelle est la situation sur place et que vit l’Église ?

S. S. – En Nouvelle-Calédonie, la tension n’est toujours pas redescendue. De nombreux points chauds persistent avec son lot de violence. J’ai été frappé par le climat de division qui règne sur l’île. En ce qui concerne l’Église, la religion catholique est intimement liée à la colonisation française dans l’esprit des Kanak. C’est la raison pour laquelle les édifices sont pris pour cible. Mais je garde l’espoir que la situation s’apaise. Je reste convaincu qu’une sortie de crise est possible.

Propos recueillis par Marie-Charlotte Noulens

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