Texte des Conférences de Carême 2011 : « Paternité, Maternité, Fraternité : comment vivre une relation structurante entre parents et enfants ? » le 27 mars
La famille est le lieu où se déploient un jeu de relations riches et singulières : conjugalité, paternité, maternité, filialité, fraternité... Ces relations, dont la forme change au fur et à mesure des années, structurent chaque personne et par là, toute les sociétés humaines. Le droit de l’enfant et la pensée biblique donnent à leur manière des principes et des pistes pour l’exercice d’une paternité ou d’une maternité qui enrichisse la vie des parents, respecte l’altérité de l’enfant et lui permette d’exister pour lui-même.
Paternité, Maternité, Fraternité : comment vivre une relation structurante entre parents et enfants ?
Mme Françoise Dekeuwer-Defossez, juriste – P. Alexis Leproux, théologien
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Arrêt de la retransmission en direct des conférences de Carême par France Culture, une tradition datant de 1946.
– Dimanche 13 mars dans l’après-midi, les auditeurs de France Culture n’ont pu entendre en direct la première des Conférences de Carême, depuis Notre-Dame de Paris. La station publique a fait savoir vendredi que les Conférences étaient désormais accessibles sur son site Internet et en différé sur les ondes à minuit.
– Lire le communiqué du diocèse de Paris à ce sujet le vendredi 11 mars.
– Lire la réaction du cardinal André Vingt-Trois (interview pour le journal La Croix).
Lire ci-dessous le texte des conférences :
Reproduction papier ou numérique interdite.
Le texte des conférences sera publié chez Parole et Silence : sortie du livre le 17 avril 2011.
Mme Françoise Dekeuwer-Defossez, juriste
Vision du juriste
Pour le juriste, l’organisation de la famille se structure autour de deux types de relations : les relations de couple (mariage, pacs, concubinage) et les relations entre parents et enfants : filiation et autorité parentale.
Dans un monde où les relations de couple sont perçues comme précaires, voire éphémères, les relations de parenté sont devenues l’axe fort des liens familiaux. On ne divorce pas d’avec ses enfants, et quand on devient parent, c’est pour la vie.
La place de chacun dans sa généalogie définit son identité, par le nom qu’il porte d’abord mais aussi par le rattachement à toute une famille qui l’inscrit dans des ensembles plus vastes, socioculturels, régionaux, religieux ou autres. Même si par la suite l’individu adhère à d’autres collectivités, sa personnalité restera marquée à jamais par ses « origines » qui ont marqué son entrée dans le monde et qui resteront ses « racines ».
L’asymétrie des positions généalogiques des parents et des enfants, le fait que ce sont les parents qui donnent la vie, la faiblesse de l’enfant et son manque d’autonomie font que, naturellement, les relations s’organisent du point de vue des parents. Et les lois ont longtemps été faites pour conforter les parents dans leur position généalogique et dans leur autorité naturelle. Les enfants ont longtemps été considérés comme totalement dans la dépendance des parents, dont ils prolongeaient la personne. Ainsi rappelle-t-on souvent que le pater familias romain avait droit de vie et de mort sur sa progéniture, laquelle ne devenait vraiment titulaire de droits personnels qu’après son décès.
Pourtant, depuis longtemps, des voix se sont élevées pour rappeler que l’enfant, lui aussi, est une personne dont les droits fondamentaux doivent être respectés. L’Église catholique a d’ailleurs joué un rôle important dans cette évolution, exigeant par exemple depuis le Moyen-Age que les mariages reposent sur le consentement personnel des futurs conjoints, y compris de l’épouse. La lutte contre les mariages forcés, en France, est donc multiséculaire !
A l’époque moderne, cette prise en considération de la personne de l’enfant a trouvé de nouvelles expressions. Ainsi, on cite souvent la mise en garde de Khalil Gibran : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la vie à elle-même ».
Il n’est donc pas étonnant que le droit civil de la famille ait été profondément modifié, pour le rendre plus respectueux des droits de tous les membres de la famille et lui permettre d’être le socle fondateur de relations structurantes favorisant la construction des individualités et l’équilibre des personnalités. C’est ainsi que le droit de la filiation a été complètement réformé par une ordonnance du 5 juillet 2005 qui a été ratifiée par une loi du 16 janvier 2009. Quant au droit de l’autorité parentale, il résulte d’une loi du 4 mars 2002, légèrement modifiée en 2007, puis en 2010.
Ces nouvelles lois ont été largement façonnées par plusieurs conventions internationales relatives aux droits fondamentaux, et notamment par deux d’entre elles : la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et la Convention internationale des droits de l’enfant. L’une comme l’autre ont pour objectif de garantir le respect des droits de l’Homme, et spécialement, s’agissant de la convention internationale des droits de l’enfant, de protéger les droits fondamentaux des enfants.
A l’heure actuelle, il est donc juridiquement établi, tant par le droit supra-national que par le droit français, que l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale dans toute décision de concernant, et que ses sentiments doivent être entendus et pris en considération, dans la mesure de ce qui est raisonnable et prudent, évidemment.
On peut se demander en quoi la prise en considération des droits de l’enfant peut favoriser une meilleure structuration juridique des relations familiales. La réponse est pourtant évidente : les parents et les enfants étant unis dans une réciprocité de droits et de devoirs, une loi qui ne poursuivrait que l’intérêt des parents, ou qui ne serait que l’écho de leur volonté unilatérale et sans contrôle serait profondément inégalitaire et ne pourrait que susciter des injustices et des désordres. Au regard de la structuration psychique des enfants, la reconnaissance de leur autonomie est indispensable à leur accession au statut d’adulte.
Maternité et paternité pourront donc devenir des relations structurantes à condition d’être animées par un profond respect de la personne de l’enfant. Cet impératif se traduit juridiquement par une nécessaire prise en compte des droits de l’enfant dans le droit de la filiation (1), et par l’orientation exclusive de l’autorité parentale vers l’intérêt de l’enfant (2).
1- La nécessaire prise en compte des droits de l’enfant dans le droit de la filiation
Le lien de filiation n’a pas de définition dans la loi. Ses conséquences juridiques seules permettent de lui donner un contenu : porter le nom de ses parents, hériter de leur patrimoine, être élevé et éduqué par eux. Réciproquement, il aura la responsabilité de les entretenir si nécessaire dans leurs vieux jours. Les règles relatives à l’établissement et aux contestations de filiation révèlent que le lien juridique de filiation correspond, en principe à la « vraie » filiation, c’est-à-dire à la filiation biologique. La mère est celle qui a accouché de l’enfant, le père est celui qui l’a engendré.
Pourtant, dans certaines circonstances, la filiation juridique ne vient pas confirmer le lien biologique, mais au contraire le dénie et le cache. C’est ce qui arrive lorsqu’un homme, épousant une mère célibataire, reconnait son enfant et se comporte comme son père, ou encore en cas d’adoption, voire dans certains cas d’assistance médicale à la procréation.
De fait, le système juridique hésite entre les deux fondements de la filiation, consacrant parfois l’un, parfois l’autre, non sans susciter contradictions et incohérences. Ainsi est-il parfois difficile d’expliquer à des personnes qui découvrent tardivement qui est leur « vrai » père qu’il est trop tard pour faire modifier leur état-civil en justice, alors que d’autres personnes, dans des circonstances voisines, ont pu faire reconnaitre en justice leur « vraie » filiation.
L’une des explications de ces difficultés est le rôle ambigü de la volonté des parents dans la filiation. De même qu’autrefois le paterfamilias romain intégrait les enfants qui naissaient de son épouse dans la famille en les prenant dans ses bras, la filiation s’établit aujourd’hui par des actes de volonté : mariage ou reconnaissance. Tout à la fois aveu de la filiation biologique et promesse de prise en charge, l’acte de volonté du père ou de la mère est fondateur d’un lien structurant. C’est d’ailleurs plus important encore pour le père que pour la mère, car la maternité est évidence et se prouve par l’accouchement, tandis que la paternité est essentiellement parole et doit donc être affirmée.
Le fait que la plupart des naissances soient aujourd’hui souhaitées pour ne pas dire programmées renforce la légitimité du rôle de la volonté dans l’établissement de la filiation de l’enfant. Par ailleurs, de manière cohérente, le Code de la Santé Publique pose que l’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à la « demande parentale d’un couple ». La notion de « projet parental » est destinée à éviter les dérives médicales consistant à créer des embryons sans destination familiale.
Le coté négatif de cette prise en considération de la volonté des parents n’est cependant pas négligeable. D’une part, se pose la question du sort des enfants que les parents ne veulent pas se voir rattacher ; d’autre part, une hypertrophie du rôle de la volonté transformerait vite les parents en Pygmalions dont la volonté toute-puissante fabriquerait un enfant-objet dont le seul droit à exister serait la convenance d’un couple, voire pourquoi pas d’une personne seule.
L’anonymat des dons de gamètes, les contestations juridiques autour de l’accouchement anonyme, mais aussi les interrogations des médecins face à des exigences imprévues de futurs parents, voulant choisir le sexe de leur enfant, voire la couleur de ses yeux, en encore la question de l’homoparentalité ou les revendications de légalisation de la gestation pour autrui… tous ces débats illustrent une demande pressante des parents voulant que soit donnée à leurs volontés individuelles une emprise élargie sur leur descendance.
Face à ces revendications, dont chacun évalue la légitimité à l’aune de ses convictions personnelles, le système juridique rappelle fortement l’existence des droits inaliénables de l’enfant. Ainsi, la Convention Internationale des droits de l’enfant reconnait à l’enfant le droit de connaitre ses parents et d’être élevé par eux dans toute la mesure du possible. La Cour européenne de sauvegarde des droits de l’Homme de Strasbourg a jugé à maintes reprises que la connaissance par chacun de ses origines biologiques et l’établissement d’une filiation juridique y correspondant doivent être garantis au titre de la vie privée.
La loi française, qui se veut respectueuse d’une éthique exigeante, est globalement très protectrice de la dignité intrinsèque de l’enfant. C’est la raison pour laquelle elle conserve des lois de bioéthique plus rigoureuses que celles des pays voisins, interdisant par exemple le transfert d’embryons post mortem ou la gestation pour autrui. Par contre, en privilégiant à l’excès la culture du secret et de l’anonymat, elle n’est pas toujours respectueuse des droits fondamentaux des enfants. L’accouchement sous X n’a échappé que de très peu à la condamnation par la Cour de Strasbourg, et l’anonymat des dons de gamète est contesté.
La filiation, disent les juristes, est « indisponible », c’est-à-dire hors du champ des volontés individuelles. On ne peut pas librement renoncer à ses droits de parent, en les résignant en faveur d’autrui : un enfant ne se donne pas et ne se vend pas. C’est une personne qui a droit à être élevée, aimée et éduquée par ceux qui l’ont mis au monde. Dans le souci primordial de son avenir propre.
2- L’orientation exclusive de l’autorité parentale vers intérêt supérieur de l’enfant
A la différence de la filiation, l’autorité parentale est définie par la loi : c’est « un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant ». Il existe une tentative de définition de cet intérêt dans l’article L112-4 du Code de l’Action sociale et des familles : « la prise en compte de ses besoins fondamentaux, physiques, intellectuels, sociaux et affectifs ».
Certes, dans l’article 371 du Code civil, il est toujours prescrit que « l’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses père et mère », mais immédiatement, l’article 371-1 ajoute que l’autorité parentale doit permettre aux parents de protéger l’enfant et d’assurer son éducation « dans le respect dû à sa personne ».
L’intérêt supérieur de l’enfant est donc à la fois la finalité, le fondement et la raison d’être de l’autorité parentale. Le qualificatif de « supérieur » accolé à l’intérêt de l’enfant provient de la Convention Internationale des Droits de l’enfant. Sa signification est un peu énigmatique : dans une acception, il indiquerait la nécessité de privilégier les intérêts les plus importants par rapport aux intérêts secondaires ou immédiats. Dans un sens plus énergique, il signifierait que l’intérêt de l’enfant doit, par principe être préféré aux intérêts des autres personnes, notamment à l’intérêt des adultes. En tout état de cause, les parents sont fermement invités à se détacher de leurs intérêts propres pour écouter les besoins et les désirs profonds de l’enfant.
Lorsque les parents sont unis, les décisions qu’ils prennent ensemble sons supposées conformes à l’intérêt de l’enfant, et l’État ne s’immiscera dans la vie familiale qu’en cas de graves dysfonctionnements mettant l’enfant en danger.
En revanche, la recherche de l’intérêt supérieur de l’enfant sera particulièrement nécessaire, mais aussi particulièrement difficile, en cas de dissentiments parentaux. Le principe actuel est que la séparation des parents est sans incidence sur les règles de dévolution et d’exercice de l’autorité parentale : les deux parents demeurent donc cotitulaires de cette responsabilité, et ils doivent impérativement continuer à l’exercer ensemble.
Toute manœuvre tendant à discréditer l’autre parent, à s’accaparer l’enfant, à créer volontairement des distances mettant obstacle aux contacts entre l’enfant et son autre parent sont donc clairement hors la loi. Le fondement de la résidence alternée n’a jamais été l’égalité entre les parents, mais le droit de l’enfant à conserver des liens affectifs et éducatifs avec ses deux parents. Le seul critère de son choix est donc le bien de l’enfant.
Inversement, un parent qui s’avérerait nocif pour l’enfant verrait ses « droits » remis en cause. Sans aller jusqu’au retrait d’autorité parentale, la récente loi sur les violences conjugales a précisé que le maintien des liens entre un enfant et un parent violent est strictement subordonné à l’intérêt de l’enfant.
Les passions humaines, ou même les désordres psychiques, aveuglent bien souvent les protagonistes de ces drames familiaux. Les dénonciations et dénigrements réciproques se succèdent, chacun accusant l’autre d’être nocif pour l’enfant. Médiation et procédures coopératives peuvent alors retisser des liens, renouer le dialogue, toujours dans la perspective de l’intérêt de l’enfant.
L’autonomie de l’intérêt de l’enfant est telle que le Code civil reconnait son droit d’avoir des relations avec des personnes autres que ses parents, éventuellement contre la volonté de ceux-ci : il a droit à ne pas être séparé de ses frères et sœurs, et à entretenir des liens avec ses grands-parents, voire même avec d’autres personnes si tel est son intérêt.
Enfin, l’autonomie d’une personne se caractérise par l’existence d’une parole propre. Le droit actuel reconnait à l’enfant un droit d’expression. Ainsi, s’il le demande, il doit être entendu par le juge en cas de séparation des parents ou de placement. Enfin, dans la vie quotidienne de la famille, le code civil énonce que « les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, en fonction de son âge et de son degré de maturité ». Comment mieux exprimer à la fois le but et les moyens de la fonction parentale, qui est de faire grandir les enfants pour qu’ils puissent, un jour, être pleinement responsables de leur vie ?
P. Alexis Leproux, théologien
« A l’ombre d’un chêne »
Méditation sur la genèse de la personne à partir de Gn 18-22
En marche vers Pâque, au pied de Notre-Dame et de son fils, quelques pages du livre de la Genèse peuvent éclairer ce que nous avons à vivre, la fraternité bien sûr, mais aussi l’égalité et la liberté. Nous le savons, ce que notre société reçut de vivre en ses racines, ce que notre mémoire n’habite plus spontanément, la lettre des Saintes Ecritures nous en livre le symbole vivant. Dans un monde souvent obscur, toujours complexe, où l’on se doit de chercher inlassablement les conditions raisonnables d’une fraternité universelle, le livre de la Genèse, comme toute la Torah d’Israël, ne peut être oublié. Parce qu’il transmet la mémoire du commencement, il permet d’avancer.
Nous laisserons de côté les premières pages du livre, quand Caïn fit mourir son frère Abel. Nous ne lirons pas les dernières, quand Joseph et Juda se donnèrent la vie. Nous nous arrêterons sur les pages où deux frères, Ismaël et Isaac, commencèrent à jouer (Gn 21,9). Non loin d’Hébron, à l’ombre d’un chêne, nous irons à Mambré où conçut en souriant Sarah qui devait enfanter (Gn 18). Sans nous attarder à Sodome et Gomorrhe (Gn 19), nous marcherons vers le mont Sion où fut lié en priant Isaac (Gn 22). Compagnon d’Abraham, nous tâcherons de parcourir ces quelques chapitres, 18 à 22, du livre de la Genèse, éloge très ancien d’une fraternité hospitalière des hommes et de Dieu.
En scrutant la paternité d’Abraham et la maternité de Sarah qui sont au principe de cette fraternité, en cherchant à comprendre la filiation d’Isaac qui en est le fondement, nous espérons recueillir la promesse d’un « amour fraternel qui demeure » (He 13,1). Nous le croyons en effet, d’Abraham notre père, nous apprenons à être frères ; par Sarah notre mère, nous recevons d’être égaux ; en Isaac notre frère, nous trouvons la liberté.
1. Le fils attendu
Abraham espérait un enfant et vit passer trois hommes. La grâce de l’hospitalité qu’il leur offrit, à la porte de sa tente, enluminée de bleu-vert et de rouge par saint André Roublev, contraste avec les ombres de Sodome. Qu’advint-il chez Abraham pour que sa vie diffère ainsi de celle de son neveu Lot ? Chez l’un, lisons-nous, la prosternation fut du corps tout entier ; chez l’autre, elle ne fut que du visage contre terre. Chez l’un, la femme devint enceinte en sa vieillesse ; chez l’autre, une colonne de sel se dresse en mémorial d’une âme incrédule (Sg 10,7). Dans la chaleur du Jour, Abraham servit un festin à des hôtes inconnus et reçut par surcroît la belle annonce d’une descendance. Dans les tourments de la nuit, Lot livra ses filles pour satisfaire la xénophobie d’une ville condamnée à périr par le feu. Chez l’un, le fils inaugura la crainte en son père, principe de la Sagesse ; chez l’autre, les filles finirent incestueuses. Se soumettant à l’inouï d’une visite inattendue, Abraham adora Dieu sans le voir et crut, au soir de sa vie, qu’il aurait un fils. En lavant les pieds de ses hôtes de passage, il découvrit une paternité qu’il ignorait encore. Comme s’il voyait l’invisible (He 11,27), Abraham se rendit présent à l’imprévu d’une conception dont il apprenait qu’elle n’était pas son oeuvre. Dépris de sa puissance sur la vie, il recevait la grâce de donner la vie, d’au-delà de lui-même, en accueillant des étrangers. Les habitants de Sodome, se plaisant à dominer ceux qui passaient, à en user ou à en abuser, devinrent aveugles, « enveloppés de ténèbres et cherchant le chemin de leur propre porte » (Sg 19,17).
Parce qu’Abraham recevait l’homme, non comme l’instrument d’un monde à construire, mais comme l’actualité d’un « don désintéressé » [1] et ce, dès son apparition, Abraham découvrait une paternité nouvelle. Faut-il insister sur l’étroite corrélation entre le désir d’enfant et l’hospitalité d’une société ? L’événement mystérieux de la conception d’un enfant, douloureux quand il n’arrive pas, bouleversant quand il survient, angoissant quand il surprend, ne s’éclaire-t-il pas dans l’accueil d’hôtes inattendus ? Et la naissance, dont le sociologue Paul Yonnet souligne qu’elle est devenue « un événement sans mémoire, sans expérience » [2], n’exige-t-elle pas d’une société qu’elle place en son centre et sommet, l’étonnement devant la vie humaine, vie que l’homme ne peut écraser ou abandonner à ses frontières sans risquer de la nier en son sein. Abraham, « père et maître des nations », nous enseigne comment nous devons recevoir nos hôtes : « en leur lavant les pieds » [3]. Acceptons de le comprendre de l’étranger qui passe et de l’enfant à naître.
Devant des étrangers qui circulaient incognito, Abraham se prosterna de tout son être sur la terre. Il s’inclinait devant « celui de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom » (Ep 3,15). En son fléchissement audacieux devant des hommes, par un lavement des pieds et la bénédiction d’un repas, il reçut de concevoir un fils. Une alternative était offerte à l’expérience kafkaïenne d’un père jugeant le monde de son fauteuil [4]. Une réponse était donnée au Saturne fou dévorant ses enfants, de Rubens ou de Goya. Un apaisement était accordé à l’angoisse sartrienne de voir notre père se coucher sur nous de tout son long en nous écrasant [5]. Son impuissance éprouvée à donner la vie, comme son empressement gratuit à la servir, inaugurait une paternité nouvelle, celle qu’un double renoncement constitue, celui de maitriser l’homme, celui de définir Dieu. En servant trois hommes, Abraham adora Dieu. Il reçut de donner la vie, à la manière de Dieu, par surcroît.
2. L’enfant accueilli
Sarah espérait un enfant. De la porte de sa tente, en écoutant les hommes, Sarah fut appelée et visitée. Au cœur de cette hospitalité ancestrale, « signe du degré auquel peut arriver une civilisation », la question du lieu de la femme était posée et l’était sans détour : « où est Sarah, ta femme ? ». Le « où est-elle ? », plus subtil semble-t-il que le « qui est-elle ? », relaie l’énigme qu’est la femme pour l’homme, dans l’accueil de la vie. Plus fortement encore, cette question impose à notre société un discernement constitutif de son humanité : quelle place est accordée à la femme, dans l’ordre social et familial, dans l’idée de l’égalité universelle ? Cette place ne serait-elle pas d’ailleurs un autre signe du degré de civilisation auquel une société est arrivée ? La créativité féminine devrait-elle rester derrière un voile, au balcon d’une synagogue ou dans quelques églises domestiques ? La vie et la parole des femmes devraient-elles attendre la fin d’un débat trop étroit, entre une liberté sans corps ou une nature sans liberté, pour donner de la vie une interprétation plus ample ? Celle qu’Abraham appelle sa soeur, comme le Sage le fait de la Sagesse, celle qu’il connut sans qu’elle enfante encore, la voici présente au milieu des hommes, pour recevoir l’annonce faite à Abraham, et y répondre d’elle-même :
« Je reviendrai au temps de la vie, et voici qu’un fils sera pour ta femme Sarah » (Gn18,9)
A l’écoute de cette parole, Sarah fut troublée du plaisir promis à son sein quand la mort semblait à son âge sa part d’héritage :
« Alors Sarah rit en son sein » (Gn 18,12). 3
Est-ce le triste rire de la femme rompue qui rit ses larmes en redisant ces mots de Simone de Beauvoir : « Je ne sais plus rien. Ma vie derrière moi s’est tout entière effondrée, comme dans ces tremblements de terre où le sol se dévore lui-même ; il s’engloutit dans votre dos au fur et à mesure que vous fuyez. Il n’y a pas de retour. La maison a disparu, et le village et toute la vallée. Même si vous survivez, rien ne reste, pas même la place que vous avez occupée sur terre » [6] ? Ou bien ce rire est-il l’énergie vivante d’une plante singulière qui, pour reprendre une expression de Bergson, « a poussé vigoureusement sur les parties rocailleuses du sol social, en attendant que la culture lui permît de rivaliser avec les produits les plus raffinés de l’art » [7] ? Ce rire traduit sans doute le sursaut fantastique, tissé de crainte et de joie, à l’annonce de la vie. Aujourd’hui comme hier, cette annonce est énigme du corps et complexité de l’âme. Aujourd’hui comme hier, cette annonce est tragédie humaine et dramatique divine. La question rebondit aussitôt : Que ferons-nous de la vie qui apparaît, quand notre vie semble disparaître ?
Il serait naïf et injuste d’imaginer qu’un appel péremptoire aux lois naturelles obligerait les femmes à se réjouir de ce qu’elles doivent assumer seules, au nom d’un processus physiologique de quelques mois seulement, que d’aucuns se préparent à contourner [8]. Il serait indélicat et machiste de penser qu’un tel événement, attendu, choisi ou subi, n’appellerait qu’une réponse évidente et immédiate chez celles qui se perdent ou se trouvent en devenant le lieu d’un autre. Car si la maternité chez la femme devait être si naturelle, si spontanée, ne devrions-nous pas alors considérer la femme comme la génitrice nécessaire du corps que nous sommes, ce corps voué à la mort ? L’utérus artificiel s’imposerait alors, moyen tout aussi naturel, bien qu’artificiel, de « faire » la vie pour soi ou pour autrui. Ne serions-nous pas alors enclos dans une perception du corps qui en méprise l’historicité singulière, qui en nie la signification personnelle ? Car si la femme doit être la demeure de l’homme quelques semaines, si, selon le mot du prophète Jérémie, elle doit « l’entourer » (Jr 3,14) lorsque Dieu crée du nouveau sur la terre, alors il convient d’admettre qu’elle ne peut l’être comme un instrument, qu’il soit dans les mains de Dieu ou dans celles de l’homme. Ce qu’elle est singulièrement en son corps, dans l’événement de la conception, serait nié et justifierait les cris de révolte qui visent à ériger le désaveu du corps en règle éthique [9].
Parce que Sarah ne voulait être à aucun prix l’instrument servile de la vie appelée à grandir en elle, parce qu’elle ne pouvait être la dominatrice matricielle de la vie appelée à grandir par elle, elle choisissait de méditer l’événement et de l’interpréter. Sarah s’interrogea :
« Enfanterai-je vraiment de mon vieillissement ? »
Elle nia : « je n’ai pas ri ! » ; elle confessa :
« Y-a-t-il un événement trop merveilleux pour Dieu ? »
Ou, selon la traduction grecque : « Il n’est rien d’impossible à Dieu » (Gn 18,14). Sarah crut qu’il était fidèle, celui qui promettait (He 11,11). Lectrice croyante et interprète raisonnable de cet événement qui, selon une expression de Julia Kristeva, « expose une femme, avec une violence incomparable, à cette tension dont elle est l’enjeu constant », entre le corps et l’âme, entre la biologie et le sens [10], Sarah symbolisa la maternité nouvelle de la femme libre, de la « femme capable de s’exiler d’elle-même et, sans s’oublier, de vivre depuis la place de l’autre et d’agir pour lui » [11]. Appelée à être le lieu originel d’un autre, « dans un contact unique avec lui » [12], fait « d’échanges pulsionnels et sensoriels » [13], Sarah interpréta, en son corps, la vie qu’elle n’était pas. A la jointure de son être, elle se reçut corps ancien d’un corps nouveau caché en elle. Elle inaugura ainsi, en sa personne, la jonction miraculeuse du commencement de la vie et de son devenir : c’est par elle d’abord, que la parole se fit Titzrak « elle rit » ; c’est en elle ensuite, que le corps devint Itzrak, Isaac. Notre mère Sarah renonça à produire l’homme et à fabriquer Dieu ; en écoutant la parole qui lui fut dite de la part de Dieu, elle conçut l’homme en esprit et en vérité. Elle nous apprit qu’être mère, c’est accueillir la vie en gardant la parole qui la donne.
3. La personne consacrée
Isaac fut désiré, le fils, l’unique, celui qu’Abraham aimait, celui qu’enfanta Sarah. Lié à son père, qui pour lui fit un grand festin, lié à sa mère, qui pour lui chassa l’égyptienne, Isaac devait apprendre à porter son nom et à le transmettre. Il ne pouvait être fils sans que la relation à l’unique ne se joue en lui, singulièrement, absolument : demeurer seul, être unique, garder son nom de tout air commun, être soi pour autrui, sans mesure, selon ce qu’est la Sagesse. Si Agar et son fils Ismaël furent chassés de devant lui, ce ne fut point pour satisfaire une jalousie mesquine que d’aucuns jugeraient puérile, mais, semble-t-il, pour maintenir le « jeu » ou le « rire » dans le nom propre d’Isaac. L’un devait figurer le monde qui passe ; à lui revenait les larmes et le temps. L’autre devait annoncer un ciel nouveau et une terre nouvelle ; à lui revenait la joie et l’éternité. Tôt le matin, le fils de l’esclave s’en irait au désert apprendre à devenir une nation. Tôt le matin, le fils de la femme libre s’en irait vers la montagne sainte, apprendre à porter son nom au singulier. Ainsi, avant même qu’Abraham fût éprouvé, l’épreuve de soi commençait en Isaac par l’injonction de la mère : « Chasse cette esclave, le fils de cette esclave n’héritera pas avec mon fils » (Gn 21,10). Isaac devait rester seul, plus seul encore le troisième jour, lorsqu’Abraham, levant les yeux, vit de loin le lieu du sacrifice et plaça le bois sur son fils (Gn 21,5).
Dans le lien « qui unit étroitement Abraham à son fils […] au point qu’Abraham ne puisse pas prendre la distance nécessaire pour sa propre vie » [14], dans ce lien porté à son paroxysme par le couteau, qu’on soulève à la manière d’une dévoreuse « qui engloutirait Isaac dans la vie de son père » [15], l’appel et la question d’Isaac annoncent et provoquent la rupture : « Mon père… Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » (Gn 22,7) La question du fils, qu’un bélier enchevêtré et sacrifié laisse finalement sans réponse, se retrouve tout au long des Saintes Ecritures : elle s’éclaire de la prophétie d’Isaïe, quand l’agneau est conduit au sacrifice (Is 53,7) ; elle s’affermit dans la parole du Baptiste, quand l’agneau est désigné (Jn 1,36) ; elle s’illumine, dans la vision johannique de l’agneau mystique, devenu la lampe de la nouvelle Jérusalem (Ap 21,23). Cette question est surtout célébrée chaque année, dans la nuit de Pâque, quand le peuple, libéré des liens de la mort, s’initie à la filiation sans murmure, en consommant l’agneau sans défaut. Dans cette nuit, différente de toutes les autres nuits, le fils de la promesse, le plus petit, est honoré plus que tous les autres. C’est lui, dans l’agneau, que l’on entend s’offrir lui-même : Aqeda « Lie-moi bien, pour que je ne me débatte pas à cause de l’angoisse de mon âme, de sorte qu’il se trouve un défaut dans ton offrande » [16]. Ainsi, à distance d’un père empêtré dans sa toute puissance, le targum et la tradition juive transmettent la connaissance du fils s’offrant lui-même : « ma vie, personne ne me l’enlève ; c’est moi qui la donne » (Jn 10,18).
Sur la montagne sainte, à Jérusalem, se révèle le fils qui n’est pas un instrument dans les mains d’un autre, comme peuvent l’être le bois, le feu ou le couteau. Ce que le fils est, le père ne peut le prendre. Le fils demeure pour son père strictement insaisissable. Le vis-à-vis du père et du fils ainsi posé est radical et irréductible, transmis dans l’unité du fils qui s’avance de lui-même, à la fois prêtre et victime. Être fils ne prolonge pas la vie d’un autre, comme on prolonge la survie d’une espèce menacée. Être fils signifie être l’homme tout entier, de son commencement à sa fin, dans l’acte singulier et dédoublé de celui qui offre et de celui qui est offert : « Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et, conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel, ayant été proclamé par Dieu grand prêtre à la manière de Melkisédeq. » (He 5,8-10). La filiation unique rend témoignage de cette façon à la vie nouvelle, libre commencement et singularité absolue. Si « être soi », en son corps, se limitait à prolonger la vie d’un autre en s’y ajoutant, l’histoire universelle serait, ni plus ni moins, une longue évolution du vivant, sans commencement ni fin, dont la personne humaine ne serait tout au plus qu’un segment insignifiant. Il conviendrait alors, non seulement de supprimer ceux qui paraissent imparfaits et menacent les segments suivants, mais encore de soutenir, plus fortement qu’on ne l’a jamais fait, le sauve-qui-peut général des individus. Mais si, dans l’« être soi », il y a l’homme tout entier qui se « se donne librement » en son corps, alors la vie de chaque homme reçoit la profondeur de l’histoire universelle où se joue, y compris des au-delà inconscients de nos âges variés, la Parole sans retour : « Je suis ». La vie humaine, filiale en son fondement, est digne de respect, sans condition, de l’apparition du corps à sa disparition. Et l’on peut dire, sans craindre de confusion : « le Père et moi sommes un ».
De Mambré au mont Sion, une paternité apparut, impuissante à donner la vie, mais résolue à la servir. Et dans l’acte d’adoration qu’Abraham célèbre en son être tout entier, couché sur la terre, se donne à vivre la paternité de surcroît dans une fraternité éprouvée. De Mambré au mont Sion, le visage de la mère se fit voir, souriant en donnant la vie et résolu à l’accueillir. Dans l’acte d’interprétation de la vie nouvelle que Sarah expérimente dans son corps, se donne à vivre la maternité dans une égalité fondatrice. De Mambré au mont Sion, les mains du fils furent liées. Dans son acte d’offrande, Isaac éclaire notre filiation, dans une liberté au principe. Que les pères apprennent du livre de la Genèse à adorer la vie, les mères à l’interpréter, les fils à la livrer.
La Torah du Seigneur est parfaite qui redonne vie ;
Le Témoignage du Seigneur est digne de foi qui rend sage le simple. (Ps 19,8)
Que le nom du Seigneur soit béni.
Biographie de Françoise Dekeuwer Defossez.
Née en 1949 à Valenciennes, mariée, Françoise Dekeuwer Defossez est professeur de droit privé à l’Université de Lille 2 depuis décembre 1978. Elle a fondé et dirige depuis 1982 le Laboratoire d’Etudes et de Recherches appliquées au droit privé. Doyen de la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales depuis 2002, elle est également vice-présidente de la section 1 du Conseil National des Universités et expert auprès de la Direction scientifique du Ministère de l’Education nationale. Françoise Dekeuwer Defossez a par ailleurs été présidente de la Commission de réforme du droit de la famille (1998-1999). Depuis 2001, elle est membre du Haut Conseil de la Population et de la Famille. De plus, elle a écrit de nombreux ouvrages et publications dans le domaine des droit de la famille, droit des femmes et droits des enfants.
Biographie P. Alexis Leproux
Né à Paris en 1971, Alexis Leproux a été ordonné prêtre pour le diocèse de Paris à la cathédrale Notre-Dame en 1997. En mission d’études à Jérusalem et Rome de 1998 à 2003, il a ensuite été vicaire à Ste-Jeanne de Chantal (16e) et aumônier de l’école catholique Lamazou jusqu’en 2006. Puis, pendant trois ans, il a été vicaire à St-Etienne du Mont (5e) et aumônier du Lycée Louis-le-Grand. Depuis 2009, il est vicaire à St-Germain des Prés (6e) et aumônier de Sorbonne-CGE-Paris-Centre. Docteur en théologie et professeur à la faculté Notre-Dame, le P. Alexis Leproux est également l’auteur de Un discours de Sagesse. Etude exégétique de Sg 7-8 (AnBib 176 ; Roma 2007) et de « La parole créatrice », in Des héritiers sans testament ? Eduquer pour un monde ouvert. Actes du Colloque 15-16 janvier 2010 (Paris 2010).
[1] Constitution pastorale Gaudium et Spes, § 24, Concile Vatican II, le 7 décembre 1965.
[2] P. YONNET, Famille. I. Le recul de la mort. L’avènement de l’individu contemporain (nrf ; Gallimard ; Paris 2006) 299.
[3] Origène, Homélie in Genesis (SC 7bis ; Paris 20032) IV,2.
[4] F. KAFKA, Lettre au père 1919.
[5] J.-P. SARTRE, Les mots (Folio 607 ; Gallimard ; Paris 1964) 18.
[6] S. DE BEAUVOIR, La femme rompue (Folio 960 ; Gallimard ; Paris 1967) 193.
[7] H. BERGSON, Le rire (Quadrige ; PUF ; Paris 1940 ; 200412) 49.
[8] Cf. H. ATLAN, U.A. L’utérus artificiel (Seuil, Paris 2005).
[9] J. BUTLER – C. MALABOU, Sois mon corps (Bayard ; Paris 2010) 43.
[10] J. KRISTEVA, « La maternité au carrefour de la biologie et du sens », in Le statut de la Femme dans la médecine : entre corps et psyché, 11ème colloque Médecine et Psychanalyse, les 15-17 janvier 2010.
[11] J. KRISTEVA, « La maternité au carrefour de la biologie et du sens ».
[12] « La maternité comporte une communion particulière avec le mystère de la vie qui mûrit dans le sein de la femme : la mère admire ce mystère ; par son intuition unique, elle comprend ce qui se produit en elle. A la lumière du commencement, la mère accepte et aime comme une personne l’enfant qu’elle porte dans son sein. Ce genre unique de contact avec le nouvel être humain en gestation crée, à son tour, une attitude envers l’homme, non seulement envers son propre enfant, mais envers l’homme en général, de nature à caractériser profondément toute la personnalité de la femme », JEAN-PAUL II, Lettre Apostolique Mulieris dignitatem (Rome 1988) § 18.
[13] F. SODËRBÄK, « Julia Kristeva face aux féministes américaines », L’Infini 111 (2010).
[14] A. WENIN, Isaac ou l’épreuve d’Abraham. Approche narrative de Genèse 22 (le livre et le rouleau 8 ; Bruxelles 1999) 71.
[15] A. WENIN, Isaac ou l’épreuve d’Abraham, 71.
[16] Le DEAUT, Targum du Pentateuque. Vol. 1. La Genèse (SC 245 ; Paris 1978) Gn 22,10. Cf. M. HARL, « La ligature d’Isaac dans la Septante et chez les Pères Grecs », in A. CAQUOT – M. HADAS-LEBEL – J. RIAUD, Hellenica et Judaica. Hommage à Valentin Nikiprowetzky (Leuven-Paris 1986) 457-472.