“Aurore dans la nuit, de l’ombre à la lumière”
Paris Notre-Dame du 23 janvier 2025
Après L’Hôtel des Sept, Marie Fournet revient sur les planches avec une nouvelle pièce, co-écrite avec Floriane de Malestroit : Aurore dans la nuit. Un deux en scène spirituel dans lequel les deux comédiennes jouent avec le thème de l’espérance.
Aurore est une jolie blonde un peu hippie, artiste en devenir, adepte de la musique de Bob Marley, de ses dreadlocks… et de ses drogues pas toujours très douces ! Promise à une grande carrière d’artiste, elle voit son monde s’effondrer lorsque son fiancé la quitte à quelques semaines de leur mariage. Au plus mal, la jeune femme décide, sur les conseils de sa sœur Hélène, d’aller faire le point dans un couvent – avec le secret espoir que la prière d’une religieuse puisse faire revenir son fiancé. Mais les voies du Seigneur étant aussi impénétrables que surprenantes, les événements ne vont, bien entendu, pas se dérouler tels qu’imaginés… Avec Aurore dans la nuit, Marie Fournet et Floriane de Malestroit signent, à l’Auguste Théâtre, dans le 11e arrondissement, une création originale, ancrée à dessein dans la vertu d’espérance alors que l’Église universelle vient d’entrer dans le jubilé 2025 qui lui est consacré. Du désespoir de la première scène, le spectateur se voit embarqué, au fil des échanges entre les différents personnages, pour mieux s’approcher, pas après pas, de l’espérance. Le décor sobre sert un texte dont l’intrigue – qui pourrait sembler parfois user de quelques raccourcis – se révèle finalement au service du rythme enlevé d’une œuvre polymorphe : chant, piano, danse... Une multitude d’arts se mêlent en effet pendant un peu plus d’une heure que l’on ne voit pas passer. Mention spéciale à Floriane de Malestroit qui endosse les costumes et les identités de cinq personnages, de la religieuse à la personne âgée en fauteuil roulant, en passant par un esprit maléfique fantasmagorique !
Une œuvre pleine de poésie
Malgré quelques clichés et un jeu parfois inégal, c’est finalement, à l’issue de la séance, l’émotion transmise et la sincérité de l’intention des deux comédiennes que l’on retient. Le message est proposé avec pédagogie et une certaine poésie notamment grâce aux esquisses au fusain qui, projetées sur le fond de la scène, se dessinent au fur et à mesure, créant ainsi les décors en noir et blanc de chaque lieu avec délicatesse. L’on ne peut qu’être interpellé par la manière dont Aurore se confronte à la vie quotidienne – et répétitive – de la vie au couvent, à la découverte de sa propre vocation de femme dans le monde, appelée à rayonner à sa manière, selon ses talents, malgré ses blessures, et, surtout, à sa recherche d’une relation personnelle avec un Dieu qu’elle découvre. Les admirateurs de Charles Péguy, chantre de l’espérance et partie prenante d’Aurore dans la nuit, ne pourront qu’être émus et sensibles à ce thème repris un peu plus d’un siècle après la publication du Porche du Mystère de la deuxième vertu par deux jeunes comédiennes prometteuses. Et si l’intrigue tourne autour de l’espérance qu’Aurore peine à retrouver, force est de constater qu’Hélène, elle, ne l’aura finalement jamais perdue concernant sa sœur...
Mathilde Rambaud
Informations pratiques
Aurore dans la nuit,
de et avec Marie Fournet et Floriane de Malestroit,
jusqu’au 25 janvier, jeudi, vendredi et samedi, à 20h.
L’Auguste Théâtre ; 6, impasse Lamier, 11e.
Réservations : billetreduc.com
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