« Aux captifs la libération » développe la réinsertion par le travail
Paris Notre-Dame du 24 décembre 2015
L’association « Aux captifs la libération » a signé, début décembre, une convention avec l’État qui lui permet de proposer des activités de réinsertion par le travail. Un chantier pilote avec cinq personnes en errance a démarré à St-Honoré d’Eylau (16e).
OACAS pour « Organisme d’accueil communautaire et d’activité solidaire ». La convention a un nom barbare, mais une traduction très concrète depuis quelques jours pour l’association « Aux captifs la libération ». En effet, cet agrément dont elle dispose désormais lui permet de « proposer des activités solidaires à des gens en errance et donc de leur permettre d’accéder à une situation de travail », se félicite Eudes Rombout, responsable de l’accueil Lazare, une antenne des Captifs qui opère sur le secteur du Bois de Boulogne et de la porte Dauphine. Il a ainsi pu mettre sur pied pour cinq jeunes sans papiers le tout premier chantier solidaire de l’association, à St-Honoré d’Eylau (16e). Armés de rabots et de pinceaux, les volontaires mettent du cœur à l’ouvrage en ce pluvieux mardi de décembre pour réhabiliter une salle de la paroisse destinée à Hiver solidaire. « Ils ne demandent que cela, de pouvoir travailler : que ce soit dans le jardinage, les métiers du bâtiment ou la manutention, insiste Eudes Rombout. Ils ont déjà des compétences, le plus souvent parce qu’ils travaillent au noir. » Sauf que loin de tout cadre réglementaire, ces hommes seuls se trouvent dans une grande précarité, isolés, sans domicile ni ressources régulières. Aussi, tous les bénéficiaires de ce programme accueillent-ils avec enthousiasme ces chantiers encadrés. Concentré sur son labeur, Sivi, 27 ans, originaire de RDC, espère ainsi pouvoir « montrer » qu’il est « capable de travailler ». « C’est le début, se réjouit Nordine, un Algérien de 29 ans qui donne volontiers des conseils à ses compagnons pour appliquer du plâtre. J’espère que cela va durer. Avoir du travail, c’est essentiel ».
Logement, nourriture et indemnité
Une lueur est perceptible dans le regard de Ghislain, 33 ans, originaire du Cameroun. Il devine ce que travailler dans un cadre rigoureux pourrait lui apporter comme stabilité. En effet, la facture des travaux qu’« Aux captifs la libération » adressera à la paroisse pour ce chantier va permettre non seulement d’héberger pendant la durée du chantier ces volontaires, mais aussi de payer leur alimentation et de leur offrir un petit pécule. « Un peu comme pour Emmaüs, cela correspond à un vrai cadre légal, ce n’est pas du travail dissimulé », précise Eudes Rombout qui s’active d’ores et déjà pour trouver de nouveaux chantiers solidaires dans les paroisses parisiennes et au-delà. Pour les femmes, et notamment celles obligées de se prostituer, l’association pense développer des petits travaux d’artisanat et des ateliers de couture. Et si « tout est en train de se mettre en place », l’initiative des Captifs se révèle déjà fédératrice. Elle a reçu non seulement le soutien de la Fondation Notre Dame, mais a aussi convaincu la Communauté de Vie Chrétienne de porter un projet d’hébergement à ses côtés. • Éric de Legge
Idées pour agir
Ce dispositif d’insertion porté par « Aux captifs la libération » correspond parfaitement aux besoins ponctuels de paroisses, de certaines associations et même d’entreprises. Il s’étend à tout type de projet qui relève de l’économie sociale et solidaire. Faire appel « Aux captifs la libération » permet non seulement de mener à bien un chantier concret, mais aussi de favoriser l’insertion de personnes en difficulté.
« Aux captifs la libération » :
8 rue Gît-le-Coeur (6e)
tél. : 01 49 23 89 90