Comment se prépare une homélie ?

Paris Notre-Dame du 9 avril 2015

Le P. Marc Lambret, curé de St-Pierre de Montrouge (14e).
© Céline Marcon

P. N.-D. – Dans quel contexte la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a-t-elle publié, en février, un directoire sur l’homélie ?

P. Marc Lambret – L’homélie est un moment important pour les fidèles : elle doit faire percevoir la force de la Parole de Dieu dans leur vie et doit s’inscrire dans le mouvement global de la messe qui transforme entre l’accueil et l’envoi. « La Parole proclamée, vivante et efficace, prépare à la réception du sacrement et dans le sacrement cette Parole atteint son efficacité maximale » [1], explique le pape François. Celui-ci souligne une difficulté actuelle pour l’homélie : « Les réclamations à l’égard de ce grand ministère sont nombreuses, et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille. »[1] Je pense, en effet, que la préparation de l’homélie devrait être davantage prise au sérieux dans le monde ecclésiastique en général et que tous ceux qui la pratiquent devraient suivre une formation solide. Le directoire rappelle à bon escient quelles sont les qualifications requises pour cet exercice difficile, ainsi que les manières de les acquérir et de les mettre en œuvre.

P. N.-D. – Quels écueils ce directoire aide-t-il à éviter ?

P. M. L. – Ce texte insiste sur la nécessité de préparer à l’avance une homélie. Les conseils du directoire permettent aussi aux prédicateurs de faire attention à ne pas briller pour eux-mêmes au lieu de faire briller la Parole, à ne pas faire une conférence qui traite d’une problématique ou encore à ne pas proposer des idées en vrac qui ne sont pas maîtrisées. « Le défi d’une prédication inculturée consiste à transmettre la synthèse du message évangélique, et non des idées ou des valeurs décousues. Là où se trouve ta synthèse, là se trouve ton cœur »[1], résume bien le pape François.

P. N.-D. – Et vous-même, comment préparez- vous vos homélies ?

P. M. L. – Dès le dimanche soir ou le lundi, je lis les textes de la messe du dimanche suivant. Puis, plusieurs fois dans la semaine, je les médite et les travaille, par exemple en me référant à leur version originale en grec ou en hébreu. C’est une manière d’installer ces passages bibliques dans la mémoire de mon cœur pour percevoir leur structure, leur intention et leur sens. L’étape suivante est de trouver un point d’application des textes dans l’existence quotidienne de la communauté à qui je vais adresser l’homélie. En général, il s’agit d’un enjeu formulé sous la forme d’une question, par exemple : comment pardonner ? En parallèle, je recherche aussi une clé qui serve d’accroche au début de la prédication et d’image directrice : une anecdote, une citation d’un livre ou d’une chanson, etc. Souvent, des idées surgissent lorsque je marche dans la rue. La plupart du temps, je n’écris pas mot à mot le sermon, même si je prépare dans l’ensemble son contenu. Je crois qu’il ne faut pas vouloir à tout prix boucler une homélie ciselée. L’enjeu est de livrer, avec l’aide de Dieu, une parole qui atteigne l’assemblée au cœur. • Propos recueillis par Céline Marcon

[1Extraits de La joie de l’Évangile, l’exhortation apostolique du pape François.

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