Conte de Noël 2022 - Dans l’atelier de Francès

Francès finira-t-il sa crèche à temps ? Marius et Fanny retrouveront-ils guitare et chaussons de danse ? Mais quelles sont ces étranges voix dans l’atelier du santonnier, pendant la nuit ? Découvre maintenant ce conte de Noël, rédigé dans le cadre du calendrier de l’Avent 2022.

Nous sommes à Paris, dans le quartier de Montmartre, tout près de cette immense basilique blanche que l’on voit de très loin : le Sacré-Cœur.

Au pied de la butte Montmartre, dans une rue tordue comme un croissant de lune, se trouve une charmante petite maison avec juste un étage. Au rez-de-chaussée, on aperçoit à travers la fenêtre un atelier de santons.

Francès habite là depuis son mariage, il y a de nombreuses années. Il est originaire du Sud de la France, plus précisément de Provence, où le prénom François se dit Francès. Sa famille fabriquait des santons et lui aussi est devenu santonnier. Sa femme préférant habiter Paris, il a installé son atelier de santons au rez-de-chaussée de leur maison. Maintenant, sa femme s’en est allée rejoindre le Bon Dieu et il vit seul en compagnie de César, son chat.

Francès est grand-père de deux petits-enfants, Marius et Fanny. Comme leurs parents ont dû s’absenter quelque temps à l’étranger pour leur travail, Francès a accepté avec joie de s’occuper des enfants qui sont venus habiter chez lui pendant leur absence.

Marius et Fanny vont à l’école du quartier et le mercredi ils vont au patronage de la paroisse pour jouer et retrouver leurs amis. Fanny suit des cours de danse et Marius apprend à jouer de la guitare. Ensemble, ils préparent de temps en temps des petits spectacles pour jouer sur le parvis de l’église et les touristes s’arrêtent pour les regarder et les applaudir.

Aujourd’hui c’est dimanche, les chrétiens commencent à préparer Noël en décorant leur maison. Ils appellent cela le temps de l’Avent. En allant à l’église, Marius et Fanny remarquent une décoration nouvelle : une grande couronne faite de branches de sapin avec quatre grosses bougies. L’une est allumée, un peu comme un veilleur qui allume une petite lumière.

Au patronage, on leur a expliqué que le temps de l’Avent permettait de préparer son cœur joyeusement à Noël. Chaque dimanche, on allume une nouvelle bougie : ainsi la lumière grandit à l’approche de Noël pour accueillir Jésus qui est la lumière du monde. Ils ont même fabriqué une couronne de l’Avent en papier pour décorer leur chambre et les aider à prier.

En rentrant du patronage, mercredi, Fanny a des étoiles plein les yeux. « Papi, Papi ! lui dit-elle, le curé de la paroisse a reçu un courrier annonçant un projet de spectacle fait par des enfants et des jeunes de toute l’Ile-de-France, pour la réouverture de Notre-Dame ! Il nous a dit que, comme je dansais bien et que Marius jouait bien de la guitare, on pourrait y participer, si les parents sont d’accord. C’est trop bien !
– J’en suis sûr, dit le grand-père, vos parents seront d’accord ! Mais où est Marius, Il n’est pas rentré avec toi ?
– Non, il est resté parler avec son copain Mickaël mais il m’a dit qu’il rentrerait rapidement.
– Allons à sa rencontre, j’en profiterai pour acheter du pain ainsi que de l’huile » dit le grand-père.

En sortant de la boulangerie, ils aperçoivent au loin Marius qui semble en pleurs.
« Pourquoi tu pleures ? lui demande Fanny.
– Oh Fanny, je suis désolé. Il s’est passé un accident épouvantable. Je descendais les marches, là-haut, et j’étais si pressé que je suis tombé. Je ne me suis pas fait mal, mais j’ai lâché le sac avec ma guitare… et tes chaussons de danse… Il est tombé dans les escaliers, il ne s’arrêtait plus… Il a tout dévalé jusqu’à la rue. Une voiture est arrivé à ce moment-là…

Fanny comprend que la guitare et les chaussons sont écrasés et inutilisables, et elle se met à pleurer à son tour. Fini le beau rêve de faire partie du spectacle !

Ce soir-là, les parents de Marius et Fanny appellent pour prendre de leurs nouvelles. Apprenant ce qui vient de leur arriver ils sont tristes, eux aussi, mais ils ne savent pas quoi faire. Ils font tout leur possible pour leur remonter le moral.

Avant de les embrasser très fort et de raccrocher, les parents de Marius et Fanny leur redisent : « Travaillez bien et n’oubliez pas d’aider votre grand-père ! »

La fin de la semaine est un peu morose. Même César le chat à l’air un peu triste !

Fanny et Marius ont mis dans leur coin prière la couronne de l’Avent fabriquée au patronage et dont ils ont colorié la première bougie. Chaque soir, ils remercient Jésus pour les beaux moments de la journée. Maintenant, ils lui confient aussi leur tristesse de ne plus pouvoir participer au spectacle pour la réouverture de Notre-Dame.

Marius et Fanny auront-ils une nouvelle tenue de danse et une guitare à Noël ?
Pourront-ils participer au spectacle ?

C’est le deuxième dimanche de l’Avent. Pendant qu’ils sont à la messe avec leur grand-père, Fanny et Marius remarquent que la deuxième grosse bougie de la couronne de l’Avent est allumée.

En sortant, Marius dit à Fanny :
— Tu as entendu ce qu’a dit le prêtre : « Préparez le chemin du Seigneur ». Il nous a expliqué que c’est à chacun de se préparer à la venue de Jésus. Tu as des idées, Fanny ?
— On pourrait commencer la crèche, répond-t-elle.
— On pourrait plus aider grand-père, en mettant le couvert par exemple.
— On pourrait essayer de moins se disputer.
— Ça c’est dur ! Mais c’est le bon moment de s’y mettre, Jésus va nous aider.
Ce jour-là, Francès, comme tous les matins, descend tôt travailler dans son atelier pour fabriquer des santons. Un matin, il est en train de peindre le santon de la fleuriste quand il entend un bruit curieux, comme si quelqu’un frappait à la porte. Vue l’heure matinale il se dit : « J’ai dû rêver ! » Un soudain miaulement de César aurait dû attirer son attention.

De nouveau, il entend : « Toc, toc, toc ! »

« Non, je ne rêve pas ! » se dit Françès, et il se dirige vers la porte, intrigué, se demandant qui peut bien frapper à la porte si tôt.
En ouvrant la porte, il réalise qu’il neige. Devant lui se tient une jeune femme enveloppée d’un grand manteau, la tête recouverte d’un foulard pour se protéger du froid et de la neige.
« Bonjour Francès » ! lui dit-elle avec un accent chantant lui rappelant sa Provence natale.
Il répond à sa salutation tout en se demandant intérieurement comment elle peut bien connaître son prénom et ce qu’elle vient faire chez lui si tôt.
Elle poursuit : « Je suis à la recherche de très beaux santons et j’ai entendu dire que vous êtes le meilleur santonnier de la région. »

Francès l’invite à entrer dans son atelier. Elle s’approche des santons exposés et les admire.
« C’est vraiment ça que je cherche, dit-elle. Mes grands-parents sont en maison de retraite et je voudrais leur offrir une belle crèche quand j’irai les voir le jour de Noël. Je suis sûre qu’ils seront très contents. Est-ce que vous pourrez me faire, pour Noël, tous les santons que je voudrais ? Bien sûr il me faudrait Marie, Joseph et l’enfant Jésus, des bergers avec beaucoup de moutons, les mages avec une caravane de chameaux et aussi une maman avec son bébé, les grands parents, le mendiant, la boulangère… Tout en continuant son énumération, son regard est attiré par deux santons. « Tiens il y a une danseuse et un joueur de guitare. Je les voudrais bien aussi, s’il vous plait ! »

« Ces santons-là s’appellent Fanny et Marius. Ils représentent mes petits-enfants et je les ai fabriqués pour notre crèche familiale. » dit Francès.
La jeune femme sourit en insistant : « J’aimerais beaucoup qu’ils soient aussi dans ma crèche. Vous pourriez les accompagner d’un santon de saint Nicolas qui est le protecteur des enfants. »
Quand la jeune femme a terminé la liste des santons qu’elle souhaite, Francès lui dit : « Je vais essayer mais je n’ai qu’une quinzaine de jours avant Noël, cela sera juste ! Je serai tellement content de participer à la joie de vos grands-parents. Je vais vous demander une faveur… »

A l’étage, les enfants ont entendu des voix venir du rez-de-chaussée. Il fait encore nuit et c’est inhabituel qu’il y ait du monde si tôt dans l’atelier ! Leur curiosité les pousse à descendre discrètement pour écouter à la porte.
A ce moment la jeune femme reprend la parole : « J’ai entendu du bruit. Ne serait-ce pas vos petits-enfants, la danseuse et le musicien qui sont déjà levés ? » Le grand-père qui n’a rien entendu, ouvre la porte qui mène à l’escalier. Quelle n’est pas sa surprise de trouver là Fanny et Marius, tout honteux d’être découverts !

La jeune femme ne leur laisse pas le temps de s’expliquer et leur dit : « Comme je suis contente de faire votre connaissance ! J’ai vu les santons qui vous représentent. Toi, Fanny, tu aimes beaucoup danser et toi, Marius, tu aimes jouer de la guitare, je crois. C’est magnifique ! Peut-être qu’un jour vous ferez un spectacle ! Ce serait super et je viendrais vous voir ! »
Marius prend alors la parole : « C’est qu’on devait faire partie d’un spectacle pour la réouverture de Notre-Dame, mais nos affaires de danse et la guitare ont été cassées par accident et nous sommes très tristes car sans elles on ne peut plus y participer.
— Je comprends votre tristesse, réplique la jeune femme, et j’espère vraiment que les choses vont s’arranger. Il faut toujours garder confiance ! C’est bientôt Noël, n’oubliez pas que c’est une fête joyeuse ! Allez prendre votre petit déjeuner pendant que je termine de parler avec votre grand-père. »

Les enfants partis, c’est le grand-père qui reprend la conversation interrompue : « Avant l’arrivée des enfants, j’allais vous demander une faveur. Maintenant vous savez ce qui rend tristes mes petits-enfants. En échange de la commande de santons, pouvez-vous me faire la faveur d’apporter une belle tenue de danse et une guitare que je pourrais mettre au pied de la crèche et du sapin ? Ce serait une si belle surprise pour les enfants » !
La jeune femme, très contente de cette complicité, accepte joyeusement !
« Je reviendrai chercher ma commande le jour de Noël avec cette surprise pour vos petits-enfants. Promis ! Et je compte sur vous pour que la crèche soit entièrement terminée ! Au revoir ! »

L’après-midi, les enfants se rendent avec le patronage à l’église, voir la crèche qui y est installée.
Ils prennent un petit temps de prière, et Fanny toute émerveillée par ce qu’elle voit demande dans son cœur à Jésus de la consoler de la perte de ses affaires de danse.

Cette semaine, Marius et Fanny se réjouissent particulièrement car le 8 décembre ils vont fêter Marie, l’Immaculée Conception, la maman de Jésus et la maman de tous les enfants du monde. Ils se souviennent qu’à cette occasion, lorsqu’ils habitaient Lyon, la tradition voulait que toute la ville entière soit illuminée. Chaque balcon brillait de mille feux, du feu des bougies installées ce soir-là.

Depuis le passage de la jeune femme, Francès redouble de travail. Il a tellement de santons à faire qu’il se demande si la commande sera prête à temps.

Francès terminera-t-il sa crèche à temps ? Marius et Fanny pourront-ils l’aider ?

Nous retrouvons nos amis, Fanny et Marius avec leur grand-père en ce troisième dimanche de l’Avent.
Tout ce qu’ils ont vu à la messe évoque la joie de Noël qui approche et la venue du Sauveur.
Pour marquer ce dimanche de la joie, Francès propose à ses petits-enfants d’aller chercher un sapin, de le rapporter à la maison et de le décorer.
« Trop bien ! » disent en cœur Fanny et Marius.
L’après-midi même pendant que Francès continue la fabrication des santons, les enfants décorent le sapin.
Après cette journée pleine d’émotion, les enfants vont se coucher, ce n’est pas encore les vacances ! Francès devra se mettre au travail de bon matin car il a beaucoup de santons à fabriquer pour la jeune femme qui veut offrir une belle crèche à ses grands-parents.

Une fois les enfants partis à l’école, Francès se met donc au travail. Il est très ennuyé car il ressent une fatigue inhabituelle. « Ce n’est pourtant pas le moment de me reposer, dit-il en regardant César le chat, tranquillement installé dans son fauteuil. Je vais commencer à faire le santon scout. »
Il connait bien les scouts de sa paroisse qui rendent facilement des services, notamment auprès des personnes seules ou âgées ; ce santon lui tient à cœur.
Puis il fait Marie, sainte Lucie avec sa couronne de bougies sur la tête, l’apiculteur avec sa ruche, l’âne, la maraîchère et sa brouette de légumes, une maman avec son bébé.

Quand Fanny et Marius rentrent de l’école Francès leur dit : « Je suis bien fatigué et j’ai encore de nombreux santons à fabriquer. Je vais avoir besoin de votre aide sinon je ne vais pas y arriver. Maintenant que vous avez grandi, vous pourrez faire certaines choses. Vous voulez bien les enfants ?
– Oh oui, Papi ! Le mercredi matin et le samedi on pourra t’aider ! » répondent ensemble les enfants. Francès semble soulagé.

Mercredi matin, Marius et Fanny se retrouvent dans l’atelier pour aider leur grand-père comme promis. Francès distribue les tâches : « Toi, Marius, je t’ai déjà montré comment mouler un santon. C’est toi qui en sera chargé. Toi, Fanny, tu nous apporteras le matériel dont nous avons besoin. Aujourd’hui, voilà les santons que nous allons faire : le bœuf, Joseph, un berger avec plusieurs moutons. Si on a le temps, on fera aussi les trois rois mages. Fanny, tu apportes les moules et l’argile à Marius. Pendant ce temps je m’occupe de la cuisson des santons et je peins ceux qui sont déjà cuits. Tu m’apporteras les tubes de couleurs quand j’en aurai besoin.

César, réveillé par toute cette agitation, saute d’un bond sur l’établi, mais le grand-père intervient : « Tu veux nous aider toi aussi ? Allez, descends de là coquin ! » Le chat redescend sans demander son reste.
Chacun se met au travail, on dirait une ruche ! Pendant ce temps César est retourné dans le fauteuil de Francès où il aime bien s’installer, dormant d’un œil. Alors qu’il ne fait rien, il semble le plus fatigué !

Le samedi, les enfants rejoignent à nouveau leur grand-père dans l’atelier. Si la commande avance bien, il reste encore un certain nombre de santons à faire et Francès montre de plus en plus de signes de fatigue. Il travaille plus lentement, s’arrête souvent. Plusieurs fois dans la matinée il est allé s’asseoir en compagnie de son chat César qu’il affectionne tant. César s’installe alors sur ses genoux en ronronnant. « Tiens, se dit le grand-père à voix haute, il ne faut pas oublier de faire le santon du chat ! Et puis, j’ai aussi promis de faire une petite danseuse et un musicien avec sa guitare ! Il y a encore tant à faire ! »

Quand Fanny entend son grand-père parler de la danseuse et du musicien, une grande tristesse l’envahit. « Ce serait vraiment trop dur de ne pas participer au spectacle à cause de nos affaires cassées » pense-t-elle. Puis elle se ressaisit car ce qui l’inquiète le plus pour le moment, ainsi que Marius, c’est de voir leur grand-père si fatigué. « Pourvu qu’il ne tombe pas malade ! Ce serait trop triste qu’il soit cloué au lit pour Noël » se disent Marius et Fanny. En aidant Papi, le travail avance plus vite mais s’il est malade, que va-t-il se passer ? La commande risque de ne pas être finie à temps et les grands parents de la jeune femme n’auront pas leur beau cadeau. Ce serait tellement dommage ! »

Fanny et Marius sont en vacances. Ils sont très contents.
« On va pouvoir encore plus aider Papi ! dit Marius.
– Oui, c’est super, renchérit Fanny. Il reste une semaine avant Noël. Je suis sûr qu’on arrivera à finir la crèche commandée par la jeune femme pour ses grands-parents.
– Et puis, ajoute Marius, au moins pendant ce temps-là, on ne pense pas à nos affaires cassées ! »

En ce dernier dimanche de l’Avent, les enfants sont allés à la messe sans leur grand-père, trop fatigué pour les accompagner. Au retour Marius raconte : « Tu sais Papi, les quatre grosses bougies de la couronne de l’Avent étaient allumées.
– Oui, dit Fanny, c’était beau ! Et elle ajoute : Le prêtre nous a dit que notre joie grandit dans notre cœur à l’approche de Noël. Il nous a dit aussi qu’on peut montrer notre joie par exemple en décorant notre maison ou en faisant des friandises à partager. Qu’en penses-tu Papi ?
– C’est une bonne idée ! répondit le grand-père. Vous pourriez faire des fruits déguisés. Ce sont des dattes, des noix, des pruneaux ou d’autres fruits secs garnis de pâte d’amande. C’est beau et très bon !
– Bonne idée ! On pourra les déguster quand papa et maman seront là, à Noël ! Ils aiment beaucoup ça, dit Marius !
– On pourra aussi en donner à la voisine, ajoute Fanny. »
En entendant parler de friandises, le chat dresse une oreille. « Hé non, tu n’en auras pas, toi ! dit le grand-père en le caressant. Ce n’est pas bon pour toi, mais tu auras tes croquettes préférées ! »

Les enfants sont tout excités à l’idée de ces préparatifs à l’approche de Noël et dans un coin de leur tête ils essaient de croire que tout finira par s’arranger et qu’ils pourront participer au spectacle pour la réouverture de Notre-Dame.

Maintenant, les enfants aident de mieux en mieux leur grand-père. Toutefois, il y a certaines tâches qui leur sont défendues : cuire les santons car ils pourraient se brûler avec le four, et peindre les santons car c’est un travail d’artiste très minutieux. C’est ce qui fait la beauté et la réputation des santons de Francès et dont il est très fier.

Ce lundi, l’inquiétude des enfants grandit en voyant que leur grand-père reste de plus en plus longtemps assis dans son fauteuil.
« Il reste combien de santons à faire ? demande Marius.
– Encore beaucoup, répond Francès d’une voix fatiguée : des enfants comme vous qui vont à l’école avec leur sac à dos, un couple de grands-parents qui représentent ceux de la jeune femme, un étranger qui est accueilli par quelqu’un, un pauvre qui quête comme celui que l’on voit à la sortie de l’église…
– Est-ce que je peux en ajouter UN, Papi ? Il est tellement important aussi celui-là ! demande Fanny. Au patronage, on nous a parlé de Carlo Acutis. C’est un jeune qui a vécu il n’y a pas si longtemps. Il nous ressemble un peu : il jouait aux jeux vidéo et au foot. Il aimait passionnément Jésus et voulait le faire connaître. Comme il était très doué en informatique il s’est servi de ses dons pour faire connaître Jésus. Il est mort en 2006, à l’âge de 15 ans. Le pape l’a béatifié en 2020. On pourrait le représenter tenant son ordinateur ?
 Cela fait encore beaucoup ! Aurais-je le temps et la force ? Et l’enfant Jésus n’est toujours pas fait ! » dit le grand-père d’une voix inquiète et fatiguée.

Les enfants continuent de travailler à la confection des santons tout en jetant régulièrement un œil sur le grand-père qui ne quitte plus son fauteuil. A un moment il leur dit : « J’ai l’impression d’avoir de la fièvre, je serais mieux dans mon lit, pouvez-vous m’aider à monter ? »
Un fois le grand-père installé dans sa chambre, Marius lui dit : « Ce n’est pas raisonnable de rester comme cela. J’appelle le médecin. » Peu après, le médecin arrive et examine Francès.
Comme il le connaît bien, il le réconforte : « Ce n’est pas grave, juste un bon rhume. Vous avez trop travaillé. Il faut vous reposer jusqu’à Noël si vous voulez profiter de la fête avec vos petits-enfants et leurs parents qui seront là. » Francès ne peut qu’obéir à son médecin tout en étant très malheureux de ne pouvoir aider ses petits-enfants à terminer la crèche. Mais il sait qu’il peut leur faire confiance. Les deux enfants ont beaucoup appris depuis qu’ils l’aident et ils peuvent continuer sans lui, même pour les tâches difficiles interdites jusque-là. Ils sont très appliqués et minutieux quand ils peignent les santons, comme leur grand-père.

Fanny et Marius, rassurés quant à la santé de Francès, décident de relever le défi de terminer la crèche à temps.
Pendant les quatre jours qui les séparent de Noël, ils travaillent d’arrache-pied. Ils vont souvent voir leur grand-père dans sa chambre pour prendre de ses nouvelles, lui apporter ses repas et lui montrer les santons qu’ils ont réalisés. Francès s’émerveille du travail effectué par ses petits-enfants. Ils ont fait tous les santons et ils en sont très fiers. Et ils sont aussi rassurés de voir que Francès reprend des forces.

Nous voilà presque arrivés à Noël, tout semble bien aller. En regardant tous les santons fabriqués par Fanny et Marius le grand-père demande : « avez-vous eu le temps de façonner le santon de l’Enfant Jésus ! C’est le plus important ! Mais souvent on l’oublie quand on confectionne tant de personnages… car on ne le met dans la crèche que le 25 décembre contrairement aux autres qui s’y trouvent depuis le début. »
Marius et Fanny se regardent affolés. « Oh, non Papi ! C’est terrible, car même si on le fait maintenant, on n’aura pas le temps de le cuire et de le peindre. On ne peut pas donner la commande à la dame sans l’enfant Jésus ! Qu’est-ce qu’on va faire ? Est-ce qu’un miracle va avoir lieu ? »

Nous sommes le 24 décembre. la nuit de Noël arrive.

Fanny et Marius se sont couchés bien tristes. Il manque l’Enfant Jésus pour la commande que la jeune femme vient chercher et il est trop tard pour le fabriquer. Comment va-t-elle réagir ?
N’arrivant pas à dormir, ils ont envie d’aller regarder encore une fois les santons qu’ils ont fabriqués. Discrètement, pour ne pas réveiller leur grand-père, ils descendent l’escalier.
Arrivés devant la porte de l’atelier, ils s’arrêtent net. Il se passe une chose étrange. Ils entendent parler dans l’atelier, pas comme lorsque Papi a reçu la dame pour la commande. Ils entendent plein de voix différentes et aussi des moutons bêler, un chat miauler. Ce n’est pas César, il dort sur le lit du grand-père. Ils essayent d’ouvrir la porte. Mystérieusement, ils n’y arrivent pas.
Marius chuchote à l’oreille de Fanny : « J’ai entendu dire qu’il peut se passer des choses étranges la nuit de Noël et même que les santons ou des animaux peuvent parler. Ils essaient peut-être de trouver une solution pour l’Enfant Jésus. Remontons dans notre chambre. On verra demain. » Fanny et Marius ont bien eu du mal à trouver le sommeil. Mais ils savent à présent que cette nuit est très spéciale, et qu’elle peut réserver de bonnes surprises.

Francès a aussi du mal à s’endormir, très contrarié par cet oubli, il se demande comment faire à propos de l’Enfant Jésus. Mais au lieu de s’inquiéter, Francès se souvient des Noëls de son enfance, et des choses très belles qui se sont passées pendant cette nuit-là. Il se souvient de son premier Noël avec sa jeune épouse, dans leur pauvre maison. Il se souvient de la joie de leurs enfants qui grandissaient de Noël en Noël. Il se souvient surtout de l’amour qui toujours débordait quand on se réunissait autour de l’enfant Jésus. Il repense à toutes ces difficultés qui s’étaient évanouies par miracle : des amis fâchés qui se réconciliaient, des voisins qui ouvraient la porte de leur maison, des malades qui se trouvaient mieux… Alors finalement c’est en paix qu’il s’endort, certain que la joie sera au rendez-vous cette année, il ne sait pas comment. Il pense alors très fort : « Il n’y a plus qu’une chose : espérer ! »

Comme tous les enfants du monde ce matin-là, Marius et Fanny se réveillent tout excités. « C’est Noël ! C’est Noël ! » disent-ils en chœur.
Toc ! Toc ! Quelqu’un frappe à la porte.
« C’est la dame qui vient chercher la crèche et il manque l’Enfant Jésus ! Que va-t-elle dire ? » se demandent les enfants.
Pendant ce temps, Francès descend ouvrir la porte.
« Bonjour Francès ! Joyeux Noël ! Comme promis, je viens chercher ma commande. Avez-vous eu le temps de fabriquer tous les santons ? »
Entre temps les enfants les ont rejoints en pyjama. « Je suis tombé malade, dit le grand-père. Grâce aux enfants qui m’ont beaucoup aidé, tous les santons que vous souhaitiez sont là, enfin presque, le santon de l’Enfant Jésus… »

Les yeux brillants d’émerveillement devant la belle crèche prête à être empaquetée la jeune dame interrompt Francès pour féliciter Fanny et Marius : « Bravo les enfants ! ces santons sont magnifiques ! Le santon de L’Enfant Jésus est particulièrement réussi ! Je suis ravie pour mes grands-parents. »

Marius et Fanny se regardent, tout étonnés. Francès est plus surpris encore. Par quel miracle ce santon a-t-il rejoint la crèche ? Dans la petite mangeoire fabriquée par le grand-père, entre l’âne et le bœuf, entouré de Saint Joseph et de la Vierge Marie, l’enfant Jésus dort. L’espace d’un instant, Fanny a l’impression que sur le visage de Marie flotte un sourire en coin que le santonnier n’a pas peint lui-même.
« Tu vois Marius, je le savais : Jésus est né cette nuit » dit Fanny à son frère.
La dame ne peut s’empêcher de rire : « bien-sûr petite Fanny qu’il est né cette nuit, puisque c’est la nuit de Noël ! »
Les enfants regardent la dame. Elle sourit exactement avec le même sourire que Marie dans la crèche, et ils lui sourient en retour.
La dame repart toute contente avec sa commande, ayant déposé discrètement un sac en faisant un clin d’œil entendu à Francès.

Marius et Fanny se préparent pour aller à la messe où ils vont fêter la naissancede Jésus avec leurs parents revenus de voyage. Le prêtre dépose le santon de l’enfant Jésus dans la crèche pendant que tout le monde chante joyeusement "Il est né le Divin Enfant".

Sur le chemin du retour, Fanny et Marius racontent à leurs parents qui viennent d’arriver toutes leurs aventures.
« Bravo, Fanny ! Bravo Marius ! Nous sommes fiers de vous ! » répondent les parents en les félicitant.
Entre temps Francès les a rejoints. « Comme je suis heureux que vous soyez arrivés. Nous allons pouvoir fêter la naissance de Jésus tous ensemble ! Allons voir à la crèche, je crois que qu’une surprise vous attend les enfants » dit-il. Fanny et Marius se précipitent.

Arrivés à la maison, chacun trouve un joli paquet déposé à côté de leurs souliers. Tout excités, ils déchirent le papier-cadeau.
Oh joie ! Fanny découvre dans une boîte en carton une très jolie tenue de danse, encore plus belle que celle qu’elle avait. Quant à Marius, ces yeux n’en reviennent pas. C’est bien une guitare qu’il découvre en ouvrant le gros paquet !
Et les voilà qui sautent et dansent de joie, embrassant leur Papi et leurs parents, ne sachant pas vraiment qui est à l’origine de ces cadeaux tant espérés. Francès, lui qui se doute bien d’où viennent ces cadeaux, est le plus heureux des grands-pères.
« Nous pourrons participer au spectacle ! Nous pourrons participer au spectacle ! » n’arrêtent pas de répéter Marius et Fanny.

Puis Marius annonce : « Nous aussi on a une surprise pour vous ! » Les enfants courent chercher une grande boîte ronde que les parents ouvrent.
« Ce sont des fruits déguisés qu’on a faits nous-même ! dit fièrement Fanny.
– On en a aussi fait pour la voisine ! » ajoute Marius.
– Bravo les enfants ! Merci ! On va se régaler ! » s’exclament leurs parents.

« Que c’est bon de se retrouver tous ensemble pour fêter la naissance de Jésus ! se disent-ils. Ce Noël est encore plus beau que tous les autres ! »
Quelle grande joie !

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