Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois

Dimanche 30 avril 2023 - Saint-Germain l’Auxerrois (1er)

– 4e Semaine du Temps Pascal – Année A

Ac 2, 14a.36-41 - Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 - 1 P 2, 20b-25 - Jn 10, 1-10
D’après transcription

En cette journée mondiale de prière pour les vocations, voici que nous entendons ces lectures qui attribuent à Jésus un certain nombre de titres. Vous en avez entendus plusieurs de l’Apôtre Pierre dans son discours de la Pentecôte qui dit de Jésus qui était mort et que Dieu a ressuscité : « Il l’a fait Christ et Seigneur ». Christ, c’est-à-dire celui qui est choisi, celui qui est marqué par l’onction. Seigneur, c’est une façon de dire qu’il est l’égal de Dieu, qu’il est Dieu pour nous, et devant son Père et l’Esprit Saint.

L’Apôtre Pierre dit aussi, dans sa lettre que nous avons entendue en 2ème lecture, que le Christ est le gardien de nos âmes. « Le gardien de vos âmes » – dit-il – mais nous nous l’appliquons à nous-mêmes bien sûr.
Et puis dans l’Évangile nous entendons qu’il est le Pasteur, le Berger des brebis et aussi qu’il est la Porte, la Porte de l’enclos des brebis.

Voilà bien des titres et voilà bien des images, des paraboles pour parler de Jésus, pour parler du Seigneur, pour parler de celui qui était mort et qui est vivant, pour parler du Ressuscité qui avait d’abord été porté sur la Croix. Bien des images qui peuvent nourrir votre prière, notre méditation. Nous pouvons tour à tour prendre l’une et l’autre et regarder le Christ en l’appelant de ces noms et en rendant gloire à Dieu pour ce qu’il est vraiment et qui est figuré par ces dénominations qu’il reçoit.

Je retiens aujourd’hui - parce que c’est l’image majeure de l’Évangile - l’image de la Porte. Des portes nous en franchissons bien souvent, tous les jours et de nombreuses fois, des portes qui nous protègent quand nous sommes bien derrière, à l’intérieur de la maison, et des portes aussi qui nous font barrage quand les caméras et les yeux électroniques ne nous reconnaissent pas, quand nous n’avons pas les codes sur ces petits appareils dénommés digicodes et que nous ne pouvons pas entrer. Dans le monde où nous sommes il y a de ces barrages, de ces protections, mais peut-être pas bien souvent de regards, de regards personnels qui nous reconnaissent. Avec Jésus, c’est bien différent, il a ce regard personnel, il est la porte et il est à la porte de l’enclos des brebis et il connait chacune des brebis qui entrent, il les reconnait.

Dans notre monde, et ce n’est pas spécialement le monde d’aujourd’hui, je crois que c’est le monde de toujours, où il y a plutôt de la méfiance les uns à l’égard des autres, de l’indifférence à l’égard du sort des autres, c’est évidemment une bonne nouvelle que d’entendre dire qu’il y a un veilleur de jour comme de nuit qui veille sur les entrées et les sorties, un veilleur de jour comme de nuit qui est capable de faire entrer à l’intérieur de l’enclos pour protéger les brebis des dangers de la nuit, des dangers des prédateurs de toutes sortes, des voraces. Ce veilleur est là, il reconnait chacune de ses brebis, chacun d’entre nous, chacun des membres de son peuple. Et nous le savons, il veille sur l’humanité tout entière, il permet à chacune de ses brebis d’entrer. Mais il y a une note supplémentaire, il permet à chacune de ses brebis d’entrer et de sortir, dit le texte de l’Évangile. Et même, au matin, quand les dangers de la nuit sont terminés, au matin le Berger est obligé parfois de pousser ses brebis à sortir. Elles peuvent avoir peur, elles peuvent ne pas avoir envie de sortir parce qu’elles sont bien entre elles et à l’intérieur de l’enclos, mais le Seigneur qui les connait, qui les aime, qui les encourage, les aide aussi à sortir pour aller trouver – dit l’Évangile – leur pâturage. Elles ne sont pas faites pour rester seulement entre elles. Nous ne sommes pas faits pour rester entre nous. Nous entrons dans l’église pour nous réconforter, pour entendre la parole du Seigneur, pour prendre des forces, pour écouter ce qu’il a à nous dire et nous laisser encourager par lui à vivre, mais nous sommes faits pour aller au dehors, pour aller à la rencontre des autres et surtout pour dire ce que nous avons découvert en Lui.

Il est ce veilleur de jour comme de nuit qui aime les hommes, qui aime ceux qu’il rassemble, qui aime l’humanité tout entière. Et comme je le disais il y a quelques instants, dans un monde marqué par l’indifférence ou la méfiance, de savoir que quelqu’un nous regarde, nous connait, nous guide avec amour, nous fait entrer pour l’écouter et pour être protégés, mais nous fait aussi sortir pour aller à la rencontre des autres, nous nourrir, nous nourrir aussi de la rencontre. C’est une bonne nouvelle. Dans le missel annuel des Scouts et Guides de France, le résumé de ce texte c’est : « fais lui confiance, il te connait bien ». C’est une belle nouvelle que nous ne pouvons pas ne pas transmettre.

Voilà donc que revient ce thème de la journée : les vocations dans l’Église. Nous ne pouvons pas ne pas prier pour que le Seigneur fournisse à son peuple les vocations dont il a besoin pour cette bonne nouvelle que je viens de dire : il y a un veilleur de nuit comme de jour qui nous connait bien, qui nous aime et qui nous encourage. Ces vocations ont besoin d’être aidées, soutenues. Le Seigneur, pour être notre veilleur, donne sa vie. Nous en avons été témoins lors de la Semaine Sainte et nous savons que, vivant au milieu de nous, il continue à se donner et il continue à nous inviter à donner notre vie pour Lui et pour faire connaître cette bonne nouvelle.

Alors prions, prions pour que des vocations nombreuses naissent dans l’Église, des vocations de ceux qui sont au service de tous, qui sont au service de toutes les vocations chrétiennes. Je parle des pasteurs et aussi de la vocation de chacun d’entre nous à être tout simplement des porteurs de la bonne nouvelle du mystère de ce Dieu qui nous connait chacun par notre nom, nous aime, nous soutient et nous sauve.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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