Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois

Dimanche 14 mai 2023 - Saint-Germain l’Auxerrois (1er)

« L’Esprit Saint est celui qui soutient la foi de l’Église tout entière et de chacun d’entre nous »

– 6e Dimanche du Temps Pascal — Année A

- Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20 ; 1 P 3, 15-18 ; Jn 14, 15-21
D’après transcription

Voici qu’en ces jours où nous nous préparons à la Pentecôte, nous entendons parler avec plus d’insistance de l’Esprit Saint, le Défenseur, celui que le Père enverra, celui qui nous permet de porter la foi avec persévérance. Et nous le redécouvrons en ce moment très précis de la liturgie, peut-être avec les yeux des Samaritains de la première lecture ? C’est-à-dire le découvrant vraiment à l’œuvre. Nous, catholiques, et particulièrement catholiques latins, avec la foi toute centrée que nous avons sur le Christ lui-même, nous avons peut-être été, dans la tradition récente – des siècles derniers en tout cas – un peu privés de la connaissance profonde de l’Esprit Saint. Et dans le grand renouvellement du Concile Vatican II il nous a été donné de le voir revenir davantage dans l’actualité de la vie de l’Église, dans l’ensemble des pratiques et des compréhensions de la vie chrétienne. Et c’est important que nous ne le repérions pas simplement comme celui qui anime la prière de l’Église, ou des formes nouvelles de prières, mais comme celui qui a soutenu, qui a guidé, qui a poursuivi tout l’engagement de Jésus dans sa lutte contre le mal, contre la maladie, contre l’injustice, et jusque dans le don de lui-même, dans sa mort. Il est celui qui a tracé avec Jésus le chemin qui conduisait de la mort à la vie. Et ainsi l’Esprit Saint est bien celui qui soutient la foi de l’Église tout entière et de chacun d’entre nous. Il est celui qui développe la charité de l’Église tout entière et de chacun d’entre nous. Il est celui qui entretient l’espérance de toute l’Église et de chacun d’entre nous.

Nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de l’enseignement de Jésus que nous venons d’entendre. Il est là, il ne vous abandonnera pas, il vous montre le chemin, avec lui vous ne serez pas orphelins. Voilà ce que nous entendons des mots de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui. Il est celui qui veille sur la fidélité de l’Église et de chacun d’entre nous. Nous ne pouvons pas vivre sans lui et nous l’attendons avec cœur et énergie. Il est celui qui soutient l’espérance, il est celui qui entretient la foi, il est celui qui développe la charité ai-je dit, à travers des moments, des gestes simples. Hier, dans cette même église, deux femmes ont reçu la consécration dans l’Ordre des vierges et promis de vivre fidèlement dans le célibat et la chasteté, pour témoigner que seul Dieu est amour, et que son amour s’exerce et se répand sur tout l’univers et pour tous. Qu’est-ce que ce signe, si infime au regard de la lutte contre le mal et tout ce qui empêche l’homme de vivre, d’une certaine façon aux yeux du monde ? Pas grand-chose, c’est complétement inaperçu. Et pourtant, nous croyons que c’est le signe de la fidélité de l’Esprit à l’Église et à chacun d’entre nous, pour nous indiquer les voies de la fidélité.

Quelques heures plus tard, dans une église lointaine de notre diocèse - je veux dire par là une église peut-être peu connue, un peu loin du centre -, Notre-Dame de Fatima, quelques centaines de jeunes, représentant les plusieurs milliers de jeunes du diocèse de Paris qui vont se rendre aux JMJ de Lisbonne, ont manifesté leur joie, ensemble, d’être réunis et de se préparer à ce grand événement. Là encore, geste un peu inaperçu, peut-être tout à fait incompris dans le monde d’aujourd’hui, mais geste qui témoigne de ce que la joie de l’Évangile est capable d’habiter des jeunes et de renouveler dans l’Église le développement de la foi, la formation à la vie chrétienne des jeunes générations qui viennent après nous, signe que l’Esprit n’abandonne pas son Église.

Alors nous comprenons bien, ou mieux peut-être, ce que l’apôtre Pierre nous a dit dans la deuxième lecture : « Soyez toujours prêts à rendre raison à qui vous le demande, de l’espérance qui est en vous ; mais que ce soit toujours avec douceur et respect. » Le témoignage de la foi n’est jamais un témoignage violent, n’est jamais un témoignage qui veut s’imposer aux autres. Mais c’est un témoignage courageux, persévérant, rempli de douceur, qui est capable de montrer le Christ, et de montrer le chemin du Christ. C’est un témoignage qui s’exerce avec « douceur et respect », cela veut dire que nous ne cherchons pas à imposer mais à donner le témoignage d’une fidélité, d’une persévérance, d’une joie qui peut se partager quand on connait Jésus.

Voilà ce que l’Esprit Saint est capable de produire dans l’Église et en chacun d’entre nous. Viens Esprit Saint, allumer dans le cœur de tes fidèles le feu de ton amour.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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