Homélie de Mgr Laurent Ulrich – Messe de Confirmation des adultes

Samedi 27 mai 2023 – Saint-Sulpice (6e)

 7e Semaine du Temps Pascal – Année A
 Joël 3, 1-5a ; Ps 103, 1-2.24-25.35.27-30 ; Rm 8, 22-27 ; Jn 7, 37-39
D’après transcription

 Voir l’album-photos de la célébration.

La première promesse qui a été faite et que nous avons entendue dans la 1ère lecture tirée du livre de Joël, c’est : « vos fils et vos filles prophétiseront ». Il parle de vous, frères et sœurs, il parle de nous. « Vos fils et vos filles prophétiseront », c’est-à-dire qu’ils annoncent quelque chose de nouveau pour le temps d’aujourd’hui et de demain et ce qu’ils annoncent c’est en permanence un nouveau temps pour l’Esprit. Un temps fort pour que l’Esprit de Dieu trouve sa place dans notre monde, qu’il descende sur l’Église comme nous l’avons chanté tout à l’heure et qu’il renouvelle la face de la terre. Ce temps c’est celui d’aujourd’hui. En effet, vous êtes chaque année de plus en plus nombreux à demander le sacrement de la confirmation. Je ne dis pas cela pour faire un effet de nombre, pour apporter une statistique consolante. Je dis cela parce ce qu’au diocèse de Paris comme dans les autres diocèses de France, cette réalité est présente, elle est là. Le nombre de ceux qui demandent le baptême à Pâques, la confirmation à Pentecôte parmi les adultes, grandit et signale l’espérance d’un renouveau pour que la place de l’Esprit de Dieu soit mieux marquée dans notre monde, dans notre Église. C’est un renouveau qualitatif que nous espérons et que vous manifestez par la démarche que vous avez faite jusqu’à aujourd’hui et qui va se continuer pour toute votre vie. Un saut qualitatif - je viens de dire - dans les lettres que vous m’avez écrites. J’ai plus d’une fois lu cette expression : il y avait jusqu’alors dans ma vie un grand vide spirituel. Et dans les lettres où je n’ai pas trouvé cette expression, je peux dire que la réalité était présente. Ce que vous m’avez raconté de votre itinéraire personnel, ce que vous avez vécu à un moment donné de votre vie, a souvent commencé par cette espèce de renvoi du vide spirituel : je ne veux plus vivre avec simplement des ambitions d’une vie sans importance, une vie qui ne compte pas, une vie dans laquelle la place du respect, de l’amour, la place pour l’Esprit qui vient de Dieu, la place pour l’amour de Dieu et de l’amour de la vie qui est un don de Dieu, cette place-là soit reconnue. Il ne s’agit plus d’avoir simplement une vie fermée sur de petits horizons, une sorte de bien-être modéré permettant d’assurer l’existence mais sans souffle qui l’anime. C’est ce que vous avez vécu et c’est cette transformation - laissons-nous transformer avons-nous chanté au début de cette célébration – c’est cette transformation-là qui réalise la promesse : « vos fils et vos filles prophétiseront ». Ils disent, ils diront, vous dites qu’il y a dans la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui de la place pour l’Esprit de Dieu qui transforme et renouvelle la face de la terre.

Mais c’est un combat, c’est difficile. Le Seigneur nous l’annonce et il le sait que c’est difficile pour nous. Saint Paul, dans la lettre que nous avons entendue, dit que la Création tout entière aspire à voir la réalisation des promesses de Dieu, elle aspire à être transformée, elle est en douleur d’enfantement et cela dure, cela durera. Laissez la place de l’Esprit dans notre vie, cela demande de la force, cela demande un combat, cela se traduit par une existence qui n’est plus simplement portée au fil de l’eau mais qui est une résistance devant les obstacles de l’existence. La Création tout entière aspire à ce renouvellement et ce n’est pas fait du premier coup. C’est le chemin que vous avez vous aussi suivi et vous le savez et vous avez - dites-vous - rencontré la présence du Seigneur. Plus d’un parmi vous le dit avec sensibilité. Pour beaucoup, à un moment donné de leur vie, il y a eu comme une station, un arrêt sur image dans la vie et le sentiment réel d’être habité par une présence, une présence chaleureuse. Et parfois vous la sentez dans votre propre corps, à un moment donné, cette présence chaleureuse de Celui qui vous aime, de Celui qui nous aime et qui vient habiter chez nous. Cette présence-là qui est parfois rendue sensible - qui ne l’est pas toujours, mais qui est parfois sensible - signale l’importance de cette expérience. La force de la puissance de Dieu est capable de s’emparer de nous et de nous faire désirer une foi plus profonde, une vie plus portée par un véritable amour qui nous dépasse, qui ne vient pas de nous et qui n’est pas fait simplement pour nous mais pour être partagé. Alors cette présence que vous avez sentie, elle est aussi une histoire que vous avez vécue dans l’écoute de la parole de Dieu qui vous a préparés à ce jour, dans l’écoute de la parole de Dieu partagée avec les autres, ceux qui vous accompagnent, ceux qui se préparaient comme vous à ce sacrement, ceux qui veillent sur le chemin que vous avez suivi ces derniers mois : la parole de Dieu accueillie, expliquée, partagée, comprise un peu plus concrètement, la parole de Dieu qui change une vie, la parole de Dieu qui devient un guide. Vous savez, vous l’avez vécu ensemble ou séparément, la parole de Dieu transforme la vision que nous avons de l’existence. Elle montre qu’il y a au cœur de notre vie, de nos vies, ce feu qui brûle et qui désire que la vie, ma vie, votre vie témoigne davantage d’une présence vivifiante. Mais vous avez compris que cela passait par l’expérience de la vie en Église, l’expérience de la vie sacramentelle. La présence du Seigneur, nous la lisons comme une proximité permanente, une proximité dont nous pouvons bénéficier, une proximité qui se manifeste dans l’existence quotidienne, chrétienne, par l’accueil des sacrements. Bien sûr, pour quelques-uns d’entre vous voici quelques semaines ou un peu plus, un an ou deux, il y a eu la réception du baptême qui vous a complètement transformés et puis l’accueil de l’eucharistie qui concerne certains aujourd’hui pour la première fois comme je l’ai dit tout à l’heure, et il y a aujourd’hui le sacrement de la confirmation. Cela ne peut pas s’arrêter, pour renouveler cette expérience de la proximité du Seigneur, Dieu qui se donne, Dieu qui est là avec vous chaque jour, il faut entretenir ce feu, aller à l’eucharistie, recevoir et partager dans le peuple de Dieu l’eucharistie qui fait vivre et qui alimente en nous le désir de partager ce que le Seigneur a fait pour nous en donnant sa vie sur la Croix et en étant présent ressuscité au milieu de nous. La vie sacramentelle, la régularité par laquelle on vient recevoir l’eucharistie, elle est pour nous ce signe fort de la présence du don du Christ. Si vous progressez sur ce chemin vous aurez aussi le désir de pratiquer davantage le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Si vous êtes en couple et que vous ne vous êtes pas acheminés encore jusqu’au mariage préparez-vous à célébrer le mariage dans votre vie parce ce qu’il est aussi un de ces signes forts de la présence réelle de Dieu dans votre vie conjugale et familiale. Et puis au fur et à mesure de l’existence, d’autres sacrements encore, pour le temps de la maladie par exemple, peuvent se présenter : ils sont le signe réel de cette proximité de Dieu qui fait attention à chacun de nous, de Dieu qui nous conduit, par la parole que le Christ nous a dite, de Dieu qui par la force de son Esprit nous fait changer.

Alors, comme l’a dit l’une d’entre vous, vous aurez envie de devenir, et je l’espère dès aujourd’hui, une part fructueuse dans le corps du Christ. Alors vous aurez envie, comme l’a dit un autre parmi vous, de regarder les autres, ceux qui vous accompagnent, ceux qui sont déjà devant vous sur le chemin, ceux avec qui vous cheminez pour être chrétiens. Vous les regarderez comme des hommes et des femmes d’évangile, c’est-à-dire des anonymes. Il y a beaucoup plus d’anonymes dans l’évangile que de personnes dont on dit le nom. Des anonymes, des gens dont on ne connait pas le nom - cela n’a pas d’importance - des anonymes qui disent simplement et fortement jour après jour, parce ce qu’ils aiment les autres, parce ce qu’ils aiment l’évangile, parce ce qu’ils aiment le Seigneur, parce ce qu’ils aiment se laisser transformer par l’Esprit, des anonymes qui disent simplement : persévérez, continuez sur le chemin, soyez fidèles au Christ et suivez-le.

Mgr Laurent Ulrich,
archevêque de Paris

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