Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe avec le Mouvement Chrétien des Retraités (MCR) du diocèse de Paris à Saint-Germain-des-Prés

Vendredi 30 juin 2023 - Saint-Germain-des-Prés (6e)

Dans la confiance.

– 12e Semaine du Temps Ordinaire – Année A – Saints Premiers martyrs de l’Église de Rome

- Gn 17, 1.9-10.15-22 ; Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5 ; Mt 8, 1-4
D’après transcription

Le récit du livre de la Genèse que nous faisons, de façon suivie, ces jours-ci, est un récit qui nous en apprend toujours beaucoup sur la relation que Dieu veut nourrir avec l’humanité tout entière, à travers un peuple choisi, pour donner le témoignage, le témoignage de la nature de la relation entre Dieu et les hommes. Le mot que nous retenons aujourd’hui, c’est le mot « d’alliance ». L’histoire montre et dit qu’Abraham, parvenu à un âge avancé, et nous ne faisons pas un calcul très précis, reçoit la promesse inespérée de la descendance directe et légitime qui sera la sienne. Mais cette descendance directe et légitime, elle vient, à travers Isaac, comme un signe d’ouverture et d’un autre engendrement. Il ne s’agit pas simplement d’un engendrement selon la chair, mais d’un engendrement selon la foi.

Abraham comprend qu’il est amené à faire un chemin. Il avait cru qu’il fallait se mettre dans la pratique, qui était autour de lui, de la relation avec Dieu, se concilier ses bonnes faveurs d’une façon ou d’une autre, et, c’est pourquoi, ayant eu un autre fils que de Sara, il dit : celui-là me suffira je n’en n’aurai pas d’autre, je ne te demande rien. Et Dieu lui dit : ce n’est pas à moi que tu vas demander une faveur, c’est moi qui vais t’instituer comme père d’une multitude et ta femme sera princesse dans ce peuple qui est un peuple de la foi. Et voilà la nouveauté qui se passe ici. Il ne s’agit pas simplement d’être d’un peuple parmi d’autres et d’avoir peur de Dieu : il s’agit d’être un peuple qui a confiance dans le Seigneur. Et la filiation nouvelle qui s’établit avec Abraham, avec Isaac, cette filiation nouvelle va jusqu’à nous : nous sommes des croyants dans la descendance d’Abraham, c’est-à-dire dans la descendance de quelqu’un qui a cru que l’on pouvait faire une confiance inouïe, permanente à ce Dieu qui s’est révélé à lui.

Nous sommes de cette descendance qui ne perd pas confiance. Nous sommes de cette descendance qui a appris peu à peu que, quelles que soient les circonstances, notre vie est dans sa main. Nous sommes de cette descendance qui sait qu’il est possible de grandir dans l’expérience de la foi. Et c’est important pour le monde d’aujourd’hui. Nous comprenons que nous n’avons pas complétement réussi dans la transmission de la foi et que les générations qui nous suivent ne sont pas emportées par l’adhésion que nous donnons au Seigneur. Mais nous ne cesserons pas de lui faire confiance pour que se lèvent, dans l’humanité, des croyants qui ne désespèrent jamais de Lui. Ainsi, dans l’évangile, ce lépreux exclu du peuple, mis à l’écart, ne manque pas d’audace pour s’approcher de Jésus, et entrer dans une relation de parfaite confiance avec Lui et en Lui. Et Jésus, non seulement le guérit, mais lui dit : va te montrer aux prêtres, c’est-à-dire ne quitte pas ce peuple dans lequel tu étais, pour que ce peuple devienne vraiment un peuple rempli de foi et de confiance.

Alors, je crois que nous sommes invités, chaque jour et dans vos partages d’équipes dans votre vie de Mouvement Chrétien des Retraités, à redire, chaque jour, la confiance que Dieu nous fait. Il nous ouvre la porte qui ouvre les chemins de l’espérance. Il nous ouvre la porte qui mène jusqu’à Lui. Il nous ouvre la porte qui mène d’autres à vivre cette expérience de la confiance parfaite, de la confiance permanente, de la confiance renouvelée. Ce n’est pas nous qui sommes maîtres de la situation. Les événements sont ce qu’ils sont dans la vie du monde, dans la vie de notre peuple, dans la vie de notre pays, et nous savons qu’ils sont embrumés en ce moment de violence tout particulièrement, mais aussi, depuis des années, de désunion à l’intérieur de notre peuple. Mais nous ne désespérons pas d’être, autant que nous le pourrons, des signes de l’appel de Dieu à plus d’union, plus d’amitié sociale, plus de fraternité les uns à l’égard des autres, pour manifester que Dieu veut faire alliance avec tous.

Nous pouvons porter dans notre prière, tout spécialement et en cette fin d’année, vos familles, vos vies paroissiales, la vie de notre Église, la vie du peuple de notre pays : que chacun retrouve, avec la force que Dieu lui donne, le désir d’être un facteur et un témoin d’unité, un facteur et un témoin de fraternité, un facteur et un témoin de confiance en Dieu qui aime ce monde et qui cherche chaque jour à le faire grandir et à le faire accéder au bonheur qu’il offre à travers le don de soi. Que le Seigneur nous soit en aide pour cela. Que le Seigneur provoque en nous, lui-même, la foi qu’il veut voir grandir en nous dans l’Église, dans le cœur des croyants, dans les Églises qui lui font confiance. C’est ce que nous demandons dans cette fête des martyrs de Rome, sachant que beaucoup ont donné leur vie dans un signe de confiance absolue dans la Parole de Dieu et dans son alliance.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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