Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe d’action de grâces chez les Petites Sœurs des Pauvres Jubilés de 25 ans des Sœurs Christine Marie de la Croix et Patricia

Lundi 7 juillet 2025 - Petites Sœurs des Pauvres (12e)

- Ep 1,3-14 ; Ps 15 ; Jn 15,9-17

Ce qu’il y a de frappant dans notre foi chrétienne, c’est qu’elle se situe toujours à un niveau universel comme aussi de façon très concrète au niveau de la vie quotidienne de chacun d’entre nous.

La première lecture, qui est tirée de la Lettre aux Éphésiens, est une grande fresque de l’amour de Dieu à travers le don du Christ, la grande fresque de l’amour de Dieu qui est répandu sur la terre entière, dans l’univers : toute la création, tout ce que Dieu veut, tout l’univers dans lequel nous vivons c’est l’œuvre de l’amour de Dieu, de sa miséricorde, de son grand dessein, qu’il nous communique, qu’il a le bonheur et la joie de nous communiquer à travers l’histoire des hommes et des femmes depuis si longtemps. L’histoire déjà de ce que nous appelons l’Ancien Testament qui fait connaître peu à peu le grand amour de Dieu pour sa création, et puis l’histoire même du Christ, de l’Incarnation de Dieu dont nous fêtons, cette année, les 2025 ans, la présence du Seigneur fait homme au milieu de l’humanité et dans l’univers. Cette communication que Dieu fait de son amour, qu’il nous fait connaître de sa miséricorde, nous comprenons que c’est cette grande fresque-là qui constitue la toile de fond de tout ce que les hommes vivent.

Et c’est fait pour produire la joie, pour produire l’amour, pour produire une vie belle et bonne pour les hommes et les femmes de tous les temps. Et voilà que l’évangile que nous venons d’entendre dit que dans cette fresque il s’agit pour chacun de vivre un amour concret de ceux qui sont placés sur son chemin dans la vie. « Aimez-vous les uns les autres » : Jésus dit cela avant sa Passion, il le dit pour inviter ses apôtres et ses disciples à vivre cet amour le plus proche, le plus fraternel, le plus doux, le plus engagé et le plus concret possible. Et c’est cela qui fait la joie de l’homme, la joie de chacun d’entre nous. Nous sommes placés sur une grande avenue qui est l’avenue de l’amour de Dieu et chacun de nous peut y répondre de façon extrêmement concrète par une vie d’amour mutuel, une vie de service mutuel, une vie de présence fraternelle les uns aux autres. Toute inondée de ce grand amour de Dieu pour tous, sainte Jeanne Jugan s’engage et quand elle découvre une femme sans logis, elle lui donne son lit. Voilà qui est l’amour le plus concret, l’amour le plus ordinaire dirait-on, l’amour le plus simple parce qu’il est une réaction immédiate dans le cœur d’une vie d’une personne qui est toute prise par l’amour de Dieu et qui sait qu’il doit se traduire concrètement dans des gestes, dans des paroles de consolation et d’amour.

C’est à la suite de sainte Jeanne Jugan que vous voulez vivre ce grand amour de Dieu pour tous à travers les gestes concrets du service des personnes âgées, des personnes malades, des personnes en difficulté de quelque façon que ce soit, des personnes qui ont besoin de ne pas rester seules mais de sentir que l’amour de Dieu s’exerce pour elles aussi. Et c’est à cela que vous avez répondu, mes sœurs, qui fêtez aujourd’hui ce jubilé de 25 ans d’engagement. Vous l’avez vécu dans la discrétion et la simplicité de la vie de vos maisons, de Ma Maison ici et ailleurs, de sorte que, dans la vie des personnes qui en ont besoin et comme un signe posé au milieu d’une société, au milieu d’un quartier, au milieu d’une réalité de vie, cet amour continue toujours d’être dispensé le plus concrètement possible par le service des personnes qui sont là.

C’est toujours cette alliance même du mystère chrétien qui se réalise. Nous savons que nous sommes dans le grand plan de l’amour de Dieu mais que ce grand plan se réalise par les gestes concrets des existences qui s’engagent.

Aussi bien cette façon de vivre n’est pas vécue comme un poids mais comme une joie, ainsi que l’annonce l’évangile que nous venons d’entendre : « Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite… » et qu’elle grandisse, et que vous compreniez à travers ce que vous faites comment l’engagement de vos vies est une vraie réponse à un amour qui vient de très loin, qui se prolongera très loin et qui englobe l’humanité tout entière. Nous ne pouvons pas répondre au grand amour de Dieu sans être engagé personnellement dans ce qu’il nous invite à vivre avec lui. Et nous le vivons toujours dans ce mystère que nous célébrons de l’Eucharistie qui est tellement au cœur de la vie de vos maisons, qui est tellement au cœur de la vie de votre engagement à chacune et qui est au cœur de la vie qui fait que vous répondez aux demandes qui vous sont faites et que vous acceptez non seulement de fleurir comme disait saint François de Sales, là où vous êtes plantées, mais aussi d’aller vous déplanter et d’aller ailleurs quand il est nécessaire de le faire. Mais cet ailleurs devient vite le chez-vous, le lieu où vous êtes pour produire de bons fruits comme l’évangile d’aujourd’hui vient de nous le rappeler.

Que le Seigneur ne vous manque pas, que sa grâce continue de vous inonder, vous, mes deux sœurs jubilaires, et vous toutes et vous tous qui êtes résidents ou familiers de cette maison. Que la grâce du Seigneur ne vous manque jamais pour que vous n’oubliiez pas son immense amour qui s’adresse à tous mais qui se traduit toujours dans les gestes d’un amour concret et si quotidien et dans une prière permanente qui habite votre cœur et qui, dans la participation aux sacrements, dans l’écoute de la Parole de Dieu, ne cesse de se renouveler au cœur de votre existence personnelle.

Nous demandons au Seigneur que ce moment particulier de jubilé, au milieu de l’année jubilaire, soit pour vous la source d’une grâce toujours fidèle, active et permanente.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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