Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe de la Fête du Saint-Sacrement à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 6 juin 2021

 Fête du Saint Sacrement – Année B

- Ex 24,3-8 ; Ps 115,12-13.15-18 ; He 9,11-15 ; Mc 14,12-16.22-26

Au début de l’ère chrétienne à Rome, on a accusé les chrétiens d’être des cannibales buveurs de sang. Pour pouvoir les persécuter on les a même accusés de pratiquer des sacrifices humains. Pline le jeune, qui fit une enquête, écrivit à l’empereur Trajan pour lui dire que, finalement, le repas des chrétiens était innocent. Innocent, vraiment ?

Les accusateurs s’appuyaient sur l’affirmation de Jésus que nous venons d’entendre : « Ceci est mon Corps, ceci est mon sang ». Quelques temps auparavant, il avait troublé ses disciples par cette parole scandaleuse : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. Ma chair est la vraie nourriture, mon sang est la vraie boisson » (Jn 6,54-55).

Comment comprendre ce mystère ? Le pain demeure chimiquement du pain. Le vin demeure chimiquement du vin. Mais sous les apparences, ils sont vraiment devenus le Corps et le Sang du Seigneur.

Car la Parole de Dieu réalise toujours ce qu’elle dit. Aujourd’hui Jésus vient la prononcer dans la bouche du prêtre. La matière ne change pas, la réalité profonde a été transfigurée par la Parole du Christ.

Tout est transfiguré et bouleversé. L’eucharistie n’est pas un repas ordinaire. Dans un repas ordinaire, les aliments sont transformés par notre corps. Dans le repas eucharistique, à la messe, c’est nous qui sommes transformés par la nourriture, en Christ, en Dieu qui nous donne sa chair.

Sur la croix, Jésus offre son corps humain à son Père. Sur l’autel, Jésus offre son corps divin pour que nos corps mortels revêtent l’immortalité.

C’est la vie qui se transmet. Pour nous, l’information de la vie est portée par l’ARN messager. Au commencement, il y a un message et ce message est la vie : La Parole, le Verbe se fait chair. Cette Parole, ce Logos divin habite notre humanité de sa présence. Avec nous, en Jésus de Nazareth. En nous, quand il vient dans son eucharistie.

Est-ce si étrange ? Regardons simplement un enfant qui vient de naître. Après l’avoir serré dans ses bras et l’avoir embrassé, sa maman lui donne le sein. Elle l’allaite, elle lui donne sa propre substance. La maman donne sa chair en nourriture.

Les pédopsychiatres nous disent que les nourrissons, les bébés refusent la nourriture s’ils ne se sentent pas aimés. Car donner à manger est un acte d’amour. C’est l’acte d’amour qui maintient la vie après l’avoir donnée.

C’est ainsi que Dieu en Jésus nous donne sa substance divine, sa propre vie pour que nous vivions éternellement. C’est l’acte d’amour suprême de notre Dieu.

Dieu nous fait comprendre que l’eucharistie est la nourriture même de l’amour.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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