Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe en mémoire de la Cène du Seigneur à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Jeudi 1er avril 2021

– Sainte Cène

- Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115,12-13.15-18 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15

Pauvre saint Pierre… Il est choqué. En effet, Jésus fait un travail réservé aux serviteurs et même aux esclaves chez les romains. Ce n’est pas à Jésus, Maître et Seigneur de se mettre à genoux devant les hommes, ce sont des hommes qui doivent se mettre à genoux devant Dieu.

Quel étrange renversement des valeurs. Est-ce que l’évangile n’est pas un perpétuel renversement des valeurs ?

Pourquoi Jésus se met-il à genoux ? Pour manifester l’extraordinaire dignité de l’humanité, sa vocation sublime qui est d’accueillir en elle la présence de Dieu, son amour incommensurable. Ce que l’homme doit comprendre, c’est que Dieu est l’unique source de sa dignité. C’est en Dieu que nous atteignons notre véritable identité.

Comme le dit Maurice Zundel : « Être disciple de Jésus, c’est admettre et expérimenter que le règne de Dieu et au-dedans de nous ». C’était déjà l’expérience de saint Augustin : « Tu étais au dedans de moi. C’est moi qui étais dehors ».

Nous sommes extérieurs à nous-mêmes tant que nous n’avons pas trouvé Dieu en nous. C’est là la source de notre véritable grandeur. Elle ne dépend plus du regard des autres ou de l’opinion d’autrui, qui restent à la surface de l’être.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre ce qu’est l’eucharistie et pourquoi Jésus l’a instituée après avoir lavé les pieds des disciples.

Cette magnifique dignité que Jésus révèle en se mettant à genoux nous fait comprendre que lui-même viendra nourrir cette intériorité divine qui est en nous. En livrant son corps et en le donnant en nourriture dans ce pain consacré, c’est Dieu qui vient nourrir Dieu en nous pour que nous accédions à notre suprême vocation : entrer dans la communion divine.

Pour que cela soit possible il faut rétablir le lien avec Dieu pour que nous puissions le retrouver en nous, retrouver sa présence amoureuse pour aimer à notre tour comme le Christ nous a aimés.

Tout ce chemin est le sens du carême. En refondant le lien avec Dieu par la prière, en jeûnant pour faire de notre corps l’écrin sublime de sa présence, en donnant ce que nous avons et ce que nous sommes à nos frères, nous pouvons suivre le Christ dans sa grandeur divine, révélée dans l’amour infini du cœur de Dieu.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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