Homélie de Mgr Michel Aupetit - Ordinations de 8 diacres permanents en l’Église Saint-Sulpice
Saint-Sulpice (6e) - Samedi 9 octobre 2021
– Fête de saint Denis et de ses compagnons
- Is 52, 7-10 ; Ps 95 ; Jn 10, 11-15
Mgr Bertrand est l’évêque de Mende. Originaire de Nantes il a été nommé dans ce diocèse rural et comme pasteur il a voulu connaître ses brebis. Consciencieux, il a voulu vivre ce que chacun vivait. Aussi, un jour il a accompagné un berger dans les montagnes pendant la transhumance. Il a été édifié par cet homme qui vivait exactement ce que décrit Jésus dans cet évangile. Là où l’évêque ne voyait qu’un troupeau informe, le berger savait distinguer chacune des brebis, connaissait leur nom, pansait leurs blessures, ne mangeait que lorsque chacune était rassasiée et entrait le dernier dans la bergerie.
Qui est le bon pasteur, le vrai berger ? C’est Jésus et lui seul ! Il est aussi ce bon samaritain qui s’arrête près du blessé quand les autres passent leur chemin. Et nous qu’il appelle à le suivre, qui sommes-nous ? Nous sommes l’aubergiste à qui il confie les personnes blessées en nous disant : « Prends soin de lui. » Prendre soin, c’est soulager, accompagner, guérir les blessures au nom de l’amour du Christ. C’est vraiment notre vocation de chrétiens. L’Église, dont la pierre angulaire est le Christ et dont nous sommes les pierres vivantes, a été édifiée pour faire du bien. C’est pourquoi lorsqu’il apparaît qu’elle a fait du mal, le choc est rude et le scandale considérable. L’Église n’est pas une institution, elle est le corps du Christ dont Jésus est la tête et nous les membres de ce corps. Si un seul membre se gangrène, c’est le corps tout entier qui est atteint. Il nous faut accepter d’être une Église de pécheurs et non une Église de parfaits. Nous ne sommes pas des cathares. Le pécheur est celui qui regarde le mal qu’il peut faire, en prend conscience, le regrette et désire profondément changer dans son cœur. Alors la miséricorde de Dieu peut l’accompagner sur son chemin de conversion. En revanche, le corrompu refuse de voir le mal qu’il fait, le justifie, refuse de changer et persévère dans le mal.
Il n’y a qu’une façon d’accueillir l’appel du bon pasteur c’est de le suivre dans l’humilité, la modestie. Jésus est vraiment le Fils de Dieu lui : « De condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, … mais il s’est anéanti … devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2,6-8). Il nous faut recevoir la configuration au Christ comme Jésus lui-même a reçu sa mission de sauveur. Ce n’est pas un pouvoir que donne l’ordination, c’est un service à l’image de Celui qui est « venu non pour être servi mais pour servir. » Dans notre Église le pouvoir est une perversion. Nous sommes appelés par le Christ pour nous abaisser jusqu’à laver les pieds de nos frères. N’oublions pas tant d’hommes et de femmes baptisés qui se dévouent chaque jour pour vivre l’évangile, tant de consacrés, hommes et femmes, qui abandonnent leur vie entre les mains de Dieu pour être les instruments dociles de l’amour divin, tant d’hommes qui suivent le Christ pour le servir comme prêtres pour nourrir la vie des fidèles, leur donner la grâce de Dieu et leur ouvrir les portes du Ciel.
Et les diacres ? Ils sont ordonnés, c’est-à-dire configurés au Christ serviteur. Comme les prêtres et les évêques, ils remettent leur vie entre les mains du Père. Ceux qui sont mariés ont déjà donné leur vie à leurs épouses au nom du Christ. C’est donc avec elle et la famille qu’ils ont fondée qu’ils se donnent aujourd’hui. Quand vous serez allongés face contre terre, n’oubliez pas le sens de ce geste qui veut dire que vous entrez dans l’humilité de notre Seigneur Jésus-Christ. Il rappelle l’essentiel de votre mission : si Dieu s’est fait vulnérable en son Verbe incarné, c’est pour nous communiquer sa toute-puissance de vie et d’amour. Merci de ce don.
+Michel Aupetit, archevêque de Paris