Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois - Journée mondiale du Migrant et du Réfugié
Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 26 septembre 2021
– 26e dimanche ordinaire - Année B
- Nb 11, 25-29 ; Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-43.45.47-48
Eh bien, notre seigneur Jésus-Christ est un chirurgien expéditif : couper la main, couper le pied et arracher l’œil. Il arrive que des chirurgiens soient obligés d’amputer un patient pour lui sauver la vie. Par exemple en cas de gangrène. Si Jésus est aussi radical, c’est qu’il s’agit aussi d’une question de vie ou de mort. Dans le cas de la gangrène, c’est la vie terrestre, dans le cas du Christ, c’est la vie éternelle.
Mais je me dis que nous aurons une drôle d’allure en arrivant au paradis : manchot, boiteux et borgne. En effet, lequel d’entre nous pourrait dire en vérité : ma main ne m’a jamais entraîné au péché, mon pied ne m’a jamais conduit sur des chemins de perdition et mon œil a toujours été parfaitement pur. C’est justement pour nous éviter d’être totalement défigurés que le Fils de Dieu est venu sur la terre.
Le combat contre la mort, même lorsqu’on la retarde par l’amputation en cas de gangrène, est perdu d’avance. Le combat pour la vie qu’a mené le Christ scelle une victoire définitive. Pour éviter que le péché qui nous sépare de Dieu nous livre à la mort éternelle, pour que nous puissions entrer dans la vie éternelle avec un corps resplendissant, il a accepté lui-même d’être défiguré et de passer par la mort corporelle. Sa mort, accomplie par amour par le don de sa vie, est sceau définitif de la victoire de la vie sur la mort.
La mort de Jésus nous ouvre à la résurrection pour peu que, malgré nos misères, nous soyons accueillant à la grâce de Dieu, au don de son Esprit en lui restant fidèles. C’est ainsi qu’un simple verre d’eau donné en son Nom a un poids infini de vie et participe déjà à la résurrection.
Nous savons bien que dans l’Église il peut y avoir des causes de scandales très graves comme le dit l’évangile. L’Église n’est sainte qu’en raison de la présence du Christ qui en est la pierre de fondation. Ce n’est pas une Église de purs, de cathares qui se croiraient différents des autres ou supérieurs à eux. Le vrai danger consiste justement à s’approprier les dons que Dieu destinait à tous les hommes. Cela nous rend arrogants. Combien de membres de communautés un temps florissantes, ont affirmé qu’ils allaient sauver l’Église. Ils ont juste oublié que le seul sauveur est notre Seigneur Jésus-Christ.
Il nous faut passer du désir de posséder à la joie de donner. C’est ce qu’explique saint Jacques quand il dit que notre argent est pourri. Il n’est pas pourri si nous l’utilisons pour faire du bien. Il l’est si notre désir de posséder nous fait mépriser et ignorer nos frères. Le désir de posséder ne concerne pas seulement l’argent mais aussi le pouvoir sur les autres qui peut entraîner toute sorte d’abus. Il ne s’agit pas de prendre mais de recevoir, de recevoir pour donner.
L’essentiel c’est la vie éternelle avec Dieu dans une communion d’amour à laquelle le Christ nous a appelés. Lorsque nous faisons du bien en son nom, que nous apprenons à aimer comme il aime lui-même, nous permettons à beaucoup d’autres de le connaître, de vivre de sa vie, et d’accueillir l’amour infini de Dieu. La moindre action, même un verre d’eau au nom du Christ, est un acte qui nous fait entrer dans cette communion divine. Ne négligeons jamais les actes les plus humbles qui manifestent la toute-puissance de Dieu.
+Michel Aupetit, archevêque de Paris