Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 3 octobre 2021

 27e dimanche ordinaire - Année B

- Gn 2, 18-24 ; Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-6 ; He 2, 9-11 ; Mc 10, 2-16

En écoutant cet évangile nous voyons bien que les polémiques et des disputes autour du mariage et de l’union de l’homme et de la femme ne sont pas d’aujourd’hui. La question posée à Jésus par les pharisiens est un piège puisqu’il s’agissait de le faire prendre parti pour l’un ou l’autre des courants religieux divisés sur cette question.
Jésus n’entre pas dans la polémique, et les renvoie seulement « au commencement », c’est-à-dire à l’intention originelle de Dieu.

Au commencement, Dieu crée « l’humanité à son image », c’est-à-dire fondée sur la relation essentielle qui unit les trois personnes divines, le Père, le Fils et le Saint Esprit, dans un unique amour. Dieu est amour parce qu’en lui la relation distingue chacune des personnes dans le Don qu’elle réalise totalement dans l’unicité divine. Dieu est unique mais il n’est pas solitaire. Voilà pourquoi Dieu dit : « Faisons l’humanité à notre image, mâle et femelle il les créa » (Gn 1,27).

L’image de Dieu dans l’humanité est donc cette relation d’amour de l’homme et de la femme qui fait qu’ils ne sont qu’une seule chair de la même façon que Dieu est unique par la relation d’amour des trois personnes divines. S’il n’est pas bon que l’homme soit seul c’est parce que Dieu dont il est appelé à être l’image n’est pas solitaire. Ainsi Jésus rappelle les fondements primordiaux de la volonté divine sur l’humanité.

S’ils sont créés « mâle et femelle » comme les animaux, ce qui les unit n’est pas fondé comme eux sur une affinité biologique, mais sur une attirance issue d’une relation personnelle pour leur permettre d’être introduit dans un amour plus grand à l’image de Dieu.

Le mariage voulu par Dieu n’est pas une simple union des personnes, c’est un sacrement, c’est-à-dire un Don de Dieu pour entrer dans son amour. C’est pourquoi Jésus dit : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (Mc 10,2).
Le mariage est une création nouvelle. C’est pourquoi la Genèse décrit cette création de la femme à partir de la côte de l’homme, ce qui nous paraît pour le moins étrange. Pour en comprendre la signification qui ne relève pas de la physiologie, il faut connaître ce Midrash, explication rabbinique, qui permet d’entrer dans l’intelligence des mots et qui était déjà connu en France au 12e siècle. Voilà ce que disent les rabbins : « Si Dieu avait créé la femme à partir de la tête de l’homme, la femme aurait dominé sur l’homme ». Ces sociétés matriarcales ont existé au néolithique. Les rabbins continuent : « Si Dieu avait créé la femme à partir du pied de l’homme, l’homme aurait méprisé sa femme ». C’est ce qui est apparu à partir du 12e siècle avant Jésus-Christ avec le passage à un système patriarcal. Non, disent les rabbins : « Dieu a pris un os de la côte, en face du cœur, pour que l’homme aime sa femme ».

Il nous faut donc retrouver la beauté de l’intention divine sur l’homme et la femme dès le commencement. Dieu a fait alliance avec l’humanité par une initiative gratuite de sa part. Mais le mot hébreu qui signifie l’alliance (berit) désigne toujours la capacité d’engager une liberté. L’alliance avec Dieu qui permet l’alliance de l’homme et de la femme, se fonde sur une liberté qui seule permet le véritable amour. Sans doute, pour cela conviendrait-il d’arrêter l’épouvantable guerre des sexes qui dure depuis toujours pour entrer dans l’éternité d’un amour à l’image de Dieu.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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