Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du Christ-Roi à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 21 novembre 2021

 Christ-Roi de l’Univers – Année B

- Dn 7, 13-14 ; Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5 ; Ap 1, 5-8 ; Jn 18, 33b-37

Nous fêtons aujourd’hui le Christ Roi de l’univers. Quel est l’insigne de la royauté ? La couronne ! Justement, la couronne de ce roi est venue jusqu’à nous. Elle est là à Paris et tous peuvent venir la vénérer. Mais c’est une couronne d’épines.

Quelle étrange royauté. Que révèle-t-elle ? Non pas la toute-puissance de la domination sur les choses, sur les gens comme pour les royautés terrestres aux couronnes chargées d’or. Nous savons bien que cela est illusoire. Elle révèle la vérité de Dieu. Cela explique la réponse de Jésus à Pilate : « C’est toi qui dit que je suis roi. Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). Cette vérité, c’est l’immensité de l’amour de Dieu qui va jusqu’au bout. Ce qui est révélé, c’est la toute-puissance de l’amour, de l’amour de Dieu. En lui seul « amour et vérité se rencontrent » comme l’annonçait le psaume 84. Ce n’est pas seulement la vérité de Dieu qui est révélée, c’est la vérité de chacun de nous, du cœur de la femme, du cœur de l’homme. Cette couronne d’épines devrait nous faire pleurer car elle révèle l’impuissance de l’humanité à répondre à la toute-puissance de l’amour de Dieu.

Celui qui l’a bien compris, c’est notre roi Saint Louis, lui qui a ramené cette couronne jusqu’à nous en 1239. Dépouillé de tout l’apparat de sa royauté, il avait une simple tunique et marchait pieds nus pour la porter. Ce roi sans couronne, couvert d’un simple manteau de laine après avoir jeûné trois jours, pouvait porter la couronne d’épines de notre Seigneur car il en avait compris le sens.

Beaucoup revendiquent aujourd’hui de « rendre témoignage à la vérité. » On va même jusqu’à parler de transparence. Tout doit être révélé, étalé, exposé. Avec Google, nous sommes surveillés en permanence. En outre, il y a des caméras de surveillance un peu partout. Mais cette transparence ne concerne que les actes humains. On peut juste dire s’ils sont bons, c’est-à-dire s’ils font du bien ou s’ils sont mauvais. Jamais elle ne permet d’accéder dans le cœur de chacun. Cette transparence de surface ne dit rien des intentions de l’auteur de ces actes. Seul Dieu voit le fond du cœur. C’est là son Royaume.

Cette transparence véritable n’appartient qu’à Dieu. Elle sera révélée au jour du Jugement dans un regard d’amour qui nous élèvera bien au-delà de ce qui est visible aujourd’hui. Chacun peut déjà en faire l’expérience dans le secret de sa chambre dans l’intimité du cœur à cœur avec Dieu. Pour accéder à cette vérité du cœur, à cette absolue transparence, il faut entrer dans l’amour de Dieu qui nous fait acquérir sa bienveillance qui peut alors accueillir la vérité profonde de la personne. Tous ceux qui réclament la transparence possèdent-ils cette bienveillance ? Hélas, je crains que non.

Saint Augustin disait déjà que tous n’ont pas droit à la vérité. Si un innocent poursuivi par deux assassins se réfugie chez moi. Dois-je mentir à ces deux individus pour lui sauver la vie ? Leur dois-je la vérité ? Même le catéchisme de l’Église catholique dit que ceux-là n’ont pas droit à la vérité.

Il faut accueillir cette royauté du Christ pour pénétrer dans le Royaume de Dieu qui règne dans les cœurs. Seul Jésus, le grand Roi, peut y pénétrer et ceux qui, à sa suite, ont accueilli cet amour incommensurable qui ne vient que de Dieu.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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