Homélie de Mgr Michel Aupetit - Appel décisif des catéchumènes adolescents à St Roch

- Col 3, 8-10 et 12-17 ; Ps 15 (16) ; Mc 10, 46-52

En ce moment, avec le Covid, il y a beaucoup de gens, et des jeunes en particulier, qui se posent la question du sens de leur vie. Peut-on vivre encore avec le Covid ? Quelle est le sens de cette vie où nous sommes enfermés, où nous devons nous protéger les uns des autres, où nous ne pouvons plus nous rencontrer, embrasser nos grands-parents, aller les voir dans leur maison de retraite ?

Je crois que c’est une très bonne question. Pourquoi vit-on ? Pourquoi faire ? Pourquoi, pour qui sommes-nous faits ?

Peut-être est-ce la question que se pose ce pauvre aveugle Bartimée. Il est aveugle et à l’époque il était bien difficile de l’être car il n’y avait pas d’autre choix que de mendier pour vivre. Il pourrait se demander aussi : à quoi bon vivre ? Quelle peut être la vie de cet homme ? Mais vous avez peut-être remarqué qu’il y a une énergie fantastique dans cet homme. Quand Jésus l’appelle, il bondit, jette son manteau et se précipite au risque de tomber. En plus, il est porté par une foi extraordinaire. Il ne doute pas un instant que Jésus peut le guérir. Et d’ailleurs Jésus lui dit : « Ta foi t’a sauvé » (Mc 10,52).

Cet évangile nous permet de comprendre la réponse à cette grande question : « Pourquoi Dieu m’a créé ? » Dieu m’a créé par amour et pour aimer. Comme Bartimée, nous aussi nous sommes des mendiants. Nous sommes des mendiants d’amour.

Alors, comment le baptême va me permettre de vivre ma vocation, de vivre pour aimer ? Nous avons entendu saint Paul nous dire dans la première lecture que le baptême nous faisait passer du vieil homme à l’homme nouveau. Et ce n’est pas une question d’âge. Le vieil homme est celui qui se laisse aller à la colère, à l’emportement, à la méchanceté, aux insultes et aux propos grossiers. Quand on est baptisé on devient un homme nouveau à l’image de Jésus qui est plein de tendresse, de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.

C’est pour cela que vous allez recevoir un habit blanc qui signifie que vous avez revêtu le Christ.

Cela veut dire que Jésus nous donne sa force. Il nous donne son amour. Il nous donne l’Esprit Saint. Nous sommes purifiés par l’amour de Jésus. Peut-être connaissez-vous ce roman de Giono : Un de Baumugne. Le garçon de ferme, Saturnin, vient voir Angèle qui s’est fait séduire par un mauvais garçon et qui s’est prostituée. Elle dit à Saturnin : « Je suis sale maintenant, je ne peux plus revenir chez mon père ». Et Saturnin lui répond « Je te connais depuis que tu es toute petite et je suis ton ami. Et l’amitié cela purifie tout ». Jésus nous a dit « Je ne vous appelle plus serviteurs je vous appelle mes amis » (Jn 15,15). C’est cela le baptême : l’amitié de Jésus nous purifie entièrement.

Certains de vous vont peut-être me dire : « Alors nous ne ferons plus de péchés » ? Il arrivera peut-être que nous fassions encore des péchés mais nous pouvons retrouver la pureté du baptême par la confession qui nous remet à neuf. En regrettant nos péchés, nous décidons de vivre comme Jésus et d’apprendre jour après jour à aimer comme lui. Et cela prend toute une vie.

C’est magnifique parce qu’au baptême nous entrons avec Jésus dans une communion d’amour qui dépasse la distance qui peut nous séparer, même au-delà de la mort. C’est ce que nous disons dans le Credo lorsque nous parlons de la communion des saints. Nous restons toujours en relation dans l’amour, même au-delà de la mort grâce à Jésus. La mort est un drame, une chose terrible. Jésus qui est le Fils de Dieu a accepté de passer par la mort pour nous ouvrir à la vie éternelle. En tant qu’homme il est mort. En tant que Dieu il est ressuscité. Quand nous sommes baptisés nous sommes plongés dans la mort avec Jésus pour ressusciter dans la vie éternelle avec Jésus. Oui, vous avez une vocation magnifique : vous êtes faits pour vivre toujours et pour aimer sans limite.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.