Homélie de Mgr Michel Aupetit - Vigile pascale et baptême d’adultes à St Germain l’Auxerrois
Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Samedi 3 avril 2021
– Vigile pascale
– à huis-clos
- Textes de la vigile pascale
« Il y eut un soir, il y eut un matin ». La création est décrite comme un passage des ténèbres à la lumière. Le passage des ténèbres à la lumière est ce qui a été voulu à la construction de Notre-Dame et que nous désirons retrouver aujourd’hui. En entrant dans la cathédrale par le nord pour ressortir vers le sud, il s’agira de passer des ténèbres à la lumière. Ce chemin représente l’histoire du salut. Voilà pourquoi nous espérons mettre en place un parcours catéchuménal en commençant comme nous l’avons fait ce soir par le livre de la Genèse pour arriver jusqu’au jour de la résurrection, accomplissement définitif du salut.
Nous avons appris dans nos livres combien l’histoire des hommes est faite surtout de conquêtes, de guerres, de sang, de soif de pouvoir, de famine, d’épidémies… Lorsque l’homme est livré à lui-même, il n’est pas capable de construire le bonheur.
Ce que nous avons entendu ce soir est l’histoire de Dieu avec les hommes. Il y eut tout d’abord au commencement, car il y a eu un commencement que confirme la science aujourd’hui, une grâce d’intimité avec Dieu. Cette grâce d’intimité a été refusée par le péché des premiers parents qui voulurent prendre la place de Dieu. Se faire comme Dieu est la tentation éternelle qui traverse les siècles jusqu’à aujourd’hui où l’homme souhaite décider de son sort, se rendre maître de la création jusqu’à la détruire à son profit.
Cette humanité finit par s’opposer à Dieu, refuser ses commandements, l’exclure de la sphère de son intelligence et de sa connaissance en pensant qu’elle va ainsi conquérir sa liberté.
Dieu aime, et son amour est fidèle comme tout véritable amour. Il ne s’arrête pas aux refus, il se propose sans cesse. Nous avons entendu comment successivement Dieu a refait alliance avec l’humanité. Pour pouvoir la rejoindre il a choisi un homme, emblématique, porteur d’une espérance pour toute l’humanité par son obéissance amoureuses et sa foi totale. Abraham, cet homme stérile et qui n’avait pas d’enfant, devient par sa foi le père d’un grand nombre de peuple.
Après avoir fait alliance avec un homme, Dieu fait alliance avec un peuple issu d’Abraham par l’intermédiaire du grand prophète Moïse. Celui-ci, sauvé des eaux, fait traverser à son peuple la mer qui, s’ouvrant devant lui, est une préfiguration du baptême qui nous fait passer de la mort naturelle à la vie éternelle. Enfin, Dieu mettant le comble son amour, fait alliance avec l’humanité tout entière par son Fils Jésus Christ qui manifeste la toute-puissance de l’amour, cet amour qui a vaincu la haine et qui fait passer de la mort à la vie. Ainsi s’achève le passage des ténèbres à la lumière.
Mais nous le savons, comme dit l’évangéliste saint Jean dans son Prologue : « La lumière est venue dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue. Il était la lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans le monde. Le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu ».
En France, nous parlons volontiers d’un siècle des lumières. En réalité, il faut parler de la lumière qui traverse l’histoire des hommes quand ils se mettent en relation avec Dieu.
Quand Pilate dit « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18, 38), il pense à la lumière de l’intelligence. La « vérité du monde » se rapporte à ce qui est accessible à notre perception, les éléments qui nous entourent, les paroles qui sont dites, les démonstrations qui s’attachent aux lois relatives à l’existant. Mais la vérité de Dieu est une personne qui nous rejoint au plus intime de nous-mêmes et qui nous fait comprendre qui nous sommes vraiment, pourquoi nous vivons et ce à quoi nous sommes appelés. Cette personne, c’est l’homme habité de la présence de Dieu. Cet homme c’est l’Ecce Homo : Jésus-Christ.
+Michel AUPETIT, archevêque de Paris.