Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe des Rameaux à Saint-Sulpice

Saint-Sulpice (6e) - Dimanche 29 mars 2021

– Dimanche des Rameaux – Année B
En présence d’une délégation d’étudiants d’Île-de-France

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- Is 50,4-7 ; Ps 21, 8-9-17-20.22-24 ; Ph 2,6-11 ; Mc 14,1 à 15,47

Nous venons d’entrer dans un des mystères les plus grands auxquels l’humanité a dû s’affronter. Voici que le Messie attendu par Israël, celui qui est considéré comme Dieu par 2 milliards d’habitants est frappé, flagellé, ridiculisé, crucifié et tué misérablement. Et cela nous fait poser la question essentielle pour nous : quel est le sens de tout cela ? Qu’est-ce que Jésus est venu apporter sur la terre ?

La paix ? Mais nous voyons qu’il y a toujours des guerres.

La suppression des maladies ? Ce qui se passe aujourd’hui avec la Covid nous montre bien que non…

L’abolition de la mort ? Non plus. Tous les jours on nous donne le nombre des défunts à la télévision.

L’amour ? La haine semble pourtant la chose la mieux partagée sur cette terre.
Alors qu’est-ce que Jésus est venu apporter ?

Jésus est venu nous apporter Dieu. Un Dieu étonnant, paradoxal et inimaginable. Toutes les civilisations ont conçu un « dieu » tout-puissant, guerrier, distribuant les bons et mauvais points à l’image de nos rois et de ceux qui nous gouvernent.

Jésus est Dieu. Un Dieu qui vient partager notre vie, nos sentiments, nos émotions, nos souffrances et même notre mort. C’est impensable pour nous.

Le visage de Dieu qui apparaît sur la face du Christ est un visage d’amour absolu qui vient se donner à ceux qui veulent bien le recevoir : « Aimez-vous comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34).

Il est venu nous révéler aussi la véritable paix : « Je vous donne la paix. C’est ma paix que je vous donne » (Jn 14, 27). Il ne s’agit pas d’une paix imposée comme la Pax Romana ou la paix des Mongols du khan Koubilaï. Il s’agit de la recevoir de Dieu pour en vivre et en faire vivre les autres.

Il n’est pas non plus venu abolir la mort mais nous ouvrir à la Résurrection et à la Vie éternelle.

C’est pourquoi il est le Sauveur. Sauveur, c’est-à-dire qu’il nous ouvre à un avenir.
Quand on parle de sauver la planète, les institutions, la nation, l’Église, on parle seulement de la sauvegarde de ce qui existe et de la préservation d’un passé. Avec Jésus, il ne s’agit pas seulement de consolider la maison qui s’écroule. Bien sûr, nous avons la responsabilité de ne pas détruire ce qui nous a été confié. Mais le Salut offert par Jésus va beaucoup plus loin. Nous croyons que tout a été créé par lui dans la bonté et dans l’amour. Mais la cupidité, la haine, la jalousie ont défiguré la bonté de la création et de la vocation sublime de l’humanité. Le Christ n’est pas venu restaurer mais transfigurer sa création sans la renier.

Il nous faut entrer maintenant dans l’acte créateur de Dieu qui a voulu toutes choses très bonnes, fondées par amour et pour l’amour. C’est ce grand dynamisme de l’amour que nous avons à établir sur la terre à la manière du Christ en s’oubliant soi-même pour se donner pleinement car : « Il n’est pas de plus grand d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). C’est le même mouvement, de la Passion à la Résurrection, que nous allons vivre en cette Semaine Sainte.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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