Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe du 3e dimanche de carême dans la forme extraordinaire à Ste Odile

Sainte-Odile (17e) - Dimanche 7 mars 2021

– 3e dimanche de Carême
 Messe sous la forme extraordinaire :
- Lectures année A : Ep, 5, 1-9 ; Lc 11, 14-28

Chers frères et sœurs, je suis heureux de vous rejoindre par cette visite pastorale de la paroisse sainte Odile. Cet évangile nous permet de recueillir ensemble la Parole de Dieu que nous venons d’entendre.

Jésus chasse un démon. Cela peut paraître étrange à nos conceptions modernes. La mutité, en effet, a des raisons physiologiques et anatomiques que l’on connaît. Alors que vient faire le démon dans cette histoire ? Ce qui est incontestable, c’est que cet homme muet se met à parler. Toute la foule autour de Jésus le constate. Pourtant Jésus n’a pas pratiqué d’opération sur les cordes vocales. Alors ? Alors, je crois qu’il y a bien des raisons naturelles à nos maladies, à nos maux, cependant il est clair que le diable se sert de nos faiblesses pour infester nos personnes. On le voit très clairement avec l’épisode de l’enfant épileptique décrit par saint Luc, qui est médecin. La présence du démon n’est pas caractérisée par la maladie épileptique mais par le fait que l’enfant est jeté dans le feu ou dans toute situation qui le met en danger de mort au moment de la crise. Nous voyons bien qu’il en est de même pour toutes nos faiblesses. Dans l’épître aux Éphésiens que nous avons entendue, l’impureté est ce dont se sert le démon pour nous faire tomber. Le diable s’engouffre dans toutes les brèches disponibles.

Il semble que nous ayons oublié depuis quelque temps ce que le Seigneur demande à ses disciples : annoncer le Royaume, guérir les maladies et chasser les démons. Dans le meilleur des cas nous annonçons l’Évangile, au moins à nos enfants. On pourrait espérer davantage car nous devons être des disciples missionnaires. Mais pour ce qui est de la guérison des maladies et de chasser les démons nous sommes devenus vraiment timorés. Et pourtant… lorsque j’ai lancé la prière de guérison à Saint-Sulpice, l’église était pleine de personnes venues implorer le Seigneur de les délivrer du mal, des attaques du démon, des liens qui les rendent esclaves et le supplier de les guérir de leur maladie. Il nous faut retrouver cet élan premier qui habitait les premiers disciples qui pratiquaient les mêmes gestes que leur Seigneur.

Le démon, qu’on appelle aussi le Diable qui se traduit par le diviseur, continue son œuvre, non seulement dans le monde en général, mais également chez les chrétiens. Il est très important pour nous de n’être pas divisés et de barrer la route aux attaques du démon qui n’a de cesse de vouloir s’opposer à la grande prière du Christ : « Qu’ils soient un, Père, comme nous, nous sommes Un » (Jn 17,20). La division qui existe n’est pas seulement entre nous mais aussi en nous. Il y a en nous du bon grain et de l’ivraie. D’un côté, une vraie et profonde ferveur nous fait aimer le Christ de tout notre cœur et le suivre jusqu’au bout, d’un autre toutes ces tentations du monde nous assaillent tous les jours et nous éloignent de lui. Et c’est là que le diviseur s’introduit. Seul Jésus peut nous unifier.

Nous sommes réunis en son nom. C’est son unique Corps que chacun reçoit personnellement. C’est en lui que nous proclamons dans le Credo l’acte de foi qui dit notre commune adhésion au Fils de Dieu fait homme. Jésus est la Parole incréée de Dieu. Alors « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent » (Lc 1,28).

Qui mieux que Marie a gardé cette Parole dans son cœur, l’a méditée, l’a mise au monde et la accompagnée jusqu’au pied de la croix ? C’est elle qui nous montre le chemin qui conduit à l’amour de Dieu : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). Amen

+Michel Aupetit, archevêque de Paris

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