Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe à Notre-Dame pour le rassemblement des 6e - 2e Dimanche Temps Ordinaire - Année A

Samedi 18 janvier 2014 - Notre-Dame de Paris

Notre foi chrétienne repose sur la confiance que nous accordons à ceux qui nous ont précédés : parents, amis, éducateurs, jusqu’aux apôtres et à Jean-Baptiste. Nous croyons ainsi que Jésus apporte le salut et qu’il est lumière pour notre monde. Marie a été la première à en être témoin.

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 Is 49, 3.5-6 ; Ps 39 ; Jn 1, 29-34

Depuis la nuit de Noël, il y a quelques semaines, nous apprenons dimanche après dimanche à mieux connaître celui qui est né dans la grotte de Bethléem. Quand il a été baptisé par Jean-Baptiste dans le Jourdain, l’Esprit Saint est descendu sur lui sous la forme d’une colombe et du haut du ciel une voix a dit : « celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3, 17). Ainsi, Jésus de Nazareth est désigné par Dieu lui-même comme celui qui est son Fils. Jean-Baptiste, qui est présent, est témoin de cet événement, il entend la voix, il voit l’Esprit descendre comme une colombe et alors il comprend que Jésus est le Fils de Dieu. Et tous ceux qui étaient autour de lui, venus pour se faire baptiser, entendent aussi la voix et découvrent celui que Dieu a envoyé pour sauver le monde. Depuis ce jour-là, tous ceux qui ont été en contact avec Jésus depuis Jean-Baptiste, puis les apôtres, puis les personnes qui l’ont entendu ou rencontré, tous ceux-là ont témoigné que Jésus de Nazareth était le Fils de Dieu. Et nous aujourd’hui, si nous sommes dans cette cathédrale dédiée à Notre Dame, c’est parce que nous avons reçu ce témoignage. Nous l’avons reçu par ceux qui nous ont précédés, des parents, des amis, des éducateurs, des témoins que Dieu a mis sur notre route, comme Jean-Baptiste est devenu témoin du Christ en le désignant et en disant : voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.

Notre foi de chrétien repose sur la confiance que nous faisons à ce témoignage. Est-ce que nous pouvons croire ceux et celles qui nous disent que Jésus est le Fils de Dieu ? Est-ce que nous avons suffisamment confiance en eux pour croire ce qu’ils nous annoncent ? Qu’est-ce que cela change si je crois que Jésus est le Fils de Dieu ou si je ne le crois pas ? De ce que nous venons d’entendre, nous comprenons que cela change deux choses importantes. La première, si Jésus n’est pas le Fils de Dieu, s’il n’est pas l’agneau de Dieu, il ne peut pas enlever le péché du monde, et le monde est alors enfermé dans son péché et dans son malheur. Et moi, chacun et chacune d’entre nous, nous sommes enfermés dans notre péché si Dieu ne vient pas nous délivrer, s’il ne vient pas ôter de notre cœur ce qui est source de haine et de violence. Si Jésus n’est pas le Fils de Dieu, s’il n’est pas l’agneau de Dieu, il n’enlève pas le péché du monde et le monde n’est pas sauvé. Mais il change une deuxième chose que nous avons entendue tout à l’heure, dans la prophétie du prophète Isaïe, quand le prophète dit : au nom de Dieu, le Seigneur parle, « il dit : … je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne aux extrémités de la terre » (Is 49, 6). Cette bonne nouvelle, que Dieu délivre l’homme du mal, du malheur et de la mort, est une lumière dans notre vie, c’est-à-dire qu’elle éclaire notre chemin, elle nous montre dans quel sens il faut marcher, dans quel sens il faut avancer pour nous rapprocher de cette lumière. Quand on est dans une forêt la nuit, ou dans la campagne, et si le ciel est couvert et qu’il n’y a pas d’étoiles, on ne voit rien. À un moment, à l’horizon, on ne sait pas si c’est loin ou si c’est proche, on voit une lumière qui brille, et on s’avance vers cette lumière qui devient pour nous comme une boussole, un repère. Vous savez que les mages venus à Bethléem pour adorer le Roi d’Israël se sont guidés sur une étoile qui les a conduits à Jésus. Le serviteur de Dieu est cette lumière qui vient pour toutes les nations, c’est-à-dire pour tous les peuples, jusqu’aux extrémités de la terre, et c’est une grande joie pour nous de savoir que nous avons pu voir cette lumière, que nous avons pu découvrir le chemin où il nous appelle, que nous pouvons répondre à ce don qu’il nous fait en nous mettant en marche et en allant vers lui. Comme vous avez marché tout à l’heure depuis Notre-Dame des Victoires jusqu’ici, toute notre vie est une marche. La question est de savoir vers qui ou vers quoi on marche. Marche-t-on vers la nuit ? Vers l’abîme ? Vers la mort ? Ou marche-t-on vers la lumière ? Vers le Christ ? Vers la vie ?

Aujourd’hui nous prions avec Notre Dame, dont vous voyez la très belle statue. Elle a été le premier témoin de la lumière du Christ dans la nuit de l’humanité, au cœur de la nuit de Bethléem. Elle a été le premier témoin qui a découvert et qui a cru que cet enfant apportait au monde la liberté, la joie et le bonheur. Et nous prions avec elle pour que chacune et chacun d’entre nous reconnaissent cette lumière et se laissent conduire par elle.

Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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