La liturgie de l’Église, universalité et salut

Vatican II - Pour « Un nouvel âge de l’histoire humaine ».
p 806

La liturgie n’est pas affirmation de principe mais assomption historique, sous l’action. de l’Esprit Saint, des rites et des langues dans le culte du Créateur et du Rédempteur. Comme lors de la mise par écrit des langues slaves par saint Cyrille et saint Méthode, la lecture chrétienne de la sainte Écriture et la liturgie eucharistique ont sauvé tant de patrimoines linguistiques. Depuis un siècle, les langues africaines ont été mises par écrit grâce à l’Église ; ce travail comporte lacunes, erreurs, insuffisances ; mais les traductions de 1a Parole de Dieu et les célébrations de l’Eucharistie assurent aux nations le fruit concret du salut ; elles montrent dans une œuvre de culture la sacramentalité de l’Église. La célébration assume et assure la variété des cultures humaines, en les faisant miséricordieusement communiquer à l’unique histoire de notre Salut. Les diverses cultures s’expriment dans des langues particulières et des histoires repérables, racontées ; dans la 1iturgie, elles communient à l’Acte singulier du Christ et, par Lui, à l’universalité catholique de l’humanité et de sa mémoire. L’unique Christ, le Seigneur de tous, s’accorde à tous et entre dans la symbolique de chaque langue et de chaque culture, lui permettant ainsi de participer au sacrement de son Eucharistie.

L’œuvre liturgique de l’Église sauve les langues et les cultures particulières en les consacrant dans le Christ ; elle manifeste la puissance du Salut jusque dans les symboles corporels élémentaires, dans la sexualité et la procréation, la naissance et la mort. La liturgie est appelée à garder notre condition corporelle et sensorielle de l’impérialisme implicite au formalisme technique ; elle restitue la dignité et la force des langages symboliques de l’histoire en les donnant au Christ. La mission liturgique de l’Église préserve l’avenir de l’homme.

+ Jean-Marie cardinal Lustiger
Archevêque de Paris