Léon XIV,« missionnaire, formateur, homme humble de prière et de sagesse »

Paris Notre-Dame – Vous avez eu l’opportunité de travailler avec le cardinal Robert Francis Prevost dans le cadre de votre nomination, en septembre dernier, au dicastère des évêques. Que diriez-vous de lui ? Quels traits de sa personnalité vous semblent particulièrement marquants ?

P. Xavier Lefebvre – L’expression qui me vient spontanément – dans notre relation avec le cardinal Prevost, en tant que préfet du dicastère – est celui d’une « autorité bienveillante », encourageante, non pas imposante, mais appelante. Par sa seule présence, son attention et son écoute, le respect de votre parole, il vous faisait sentir le sens et l’importance de votre collaboration avec lui. Je le décrirais comme un homme dont la sensibilité a été formée par l’expérience de ses missions en Amérique du Sud ; un homme qui travaille avec régularité, marqué par la règle de saint Augustin et les années d’enseignement ; un homme qui n’est pas forcément d’un naturel spontané, mais qui réfléchit les événements et mûrit sa connaissance de l’Église par une vie intérieure très unifiée par la prière. Ces qualités feront sa force pendant ce pontificat.

P. N.-D. – Quelle a été votre émotion quand son nom a été prononcé au moment de l’élection ? Vous y attendiez-vous ?

X. L. – Quand le conclave s’est ouvert, je pensais à la possibilité qu’il soit élu. Mais quelle émotion de voir celui avec lequel on avait la joie de travailler, se présenter en blanc, devant toute l’Église, à la loggia des Bénédictions ! Bien sûr, sa paternité, sa force et sa paix intérieure nous manquent au dicastère, mais quelle joie de savoir qu’elle est maintenant pour toute l’Église…

P. N.-D. – Il a rappelé, lors de son élection, qu’il était fils de saint Augustin, comme premier élément de son identité. Vous étiez vous-mêmes curé de St-Augustin à Paris. Avez-vous eu l’occasion d’échanger sur cette figure spirituelle ? Comment cette filiation spirituelle peut-elle imprégner son pontificat ?

X. L. – Quand je me suis présenté à lui, effectivement, j’étais encore curé de St-Augustin (8e), à Paris, et il a eu un sourire bienveillant. Il a bien sûr rappelé cette parole importante du docteur de la grâce : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis évêque. » Mais je pense aussi à cette autre expression que l’on trouve dans les Confessions : « Mon poids, c’est mon amour ; en quelque endroit que je sois emporté, c’est lui qui m’emporte. » Cette parole peut éclairer tout à la fois la profondeur de la vie intérieure de Léon XIV, et, en même temps, cet œil vif qui veut tout saisir dans un regard de sagesse.

P. N.-D. – Il était à la curie romaine, mais il a été longtemps missionnaire. Que dit de lui cette double casquette ?

X. L. – On voit comment Dieu prépare lentement, avec soin, le Pasteur dont il a besoin pour notre temps : missionnaire, formateur, homme humble de prière et de sagesse. Je pense qu’il gouvernera avec toutes les qualités que la grâce lui a permis de déployer, avec une grande force intérieure. Deux choses me semblent importantes à retenir : sa date de naissance (le jour de la Croix Glorieuse), et son appel à la véritable paix que le Christ veut nous donner. Qui sait si son premier grand texte ne portera pas sur la dimension tout à la fois christologique et sociale de la paix dont le monde a tant besoin ?

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

Article extrait de Paris Notre-Dame du 22 mai 2025

Sommaire

Centenaire : Église St-Michel : jamais deux sans trois • Léon XIV : « Homme humble de prière et de sagesse » • Spiritualité : « Chez les forains, la foi se vit en acte » • Religions : Une nuit à la rencontre de l’autre

Consulter ce numéro

Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android

S’abonner à Paris Notre-Dame

Formule intégrale : version papier et numérique

Formule 100 % numérique