Notre-Dame dans ses atours du XVIIe siècle

Paris Notre-Dame du 6 juin 2024

Jusqu’au 21 juillet, le Mobilier national et la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France présentent, dans la galerie des Gobelins, une exposition consacrée aux chefs-d’oeuvre restaurés du décor intérieur de Notre-Dame, soit, entre autres objets remarquables, vingt et un tableaux de grand format et la tapisserie de la Vie de la Vierge. À voir !

© Charlotte Reynaud

C’est un voyage dans le temps que propose le Mobilier national. Jusqu’au 21 juillet, la galerie des Gobelins accueille l’exposition consacrée aux grands décors restaurés de Notre-Dame ; l’opportunité, pour les visiteurs, d’admirer non seulement des œuvres méconnues avant « raccrochage » dans la cathédrale mais aussi de remonter les époques qui ont façonné l’histoire de Notre-Dame. « Cette exposition nous raconte l’état de la cathédrale aux XVIIe et XVIIIe siècles, confie Emmanuel Pénicaut, commissaire de l’exposition et directeur des collections du Mobilier national. Un état que l’on connaît peu, car il précède la Révolution française et la restauration entreprise par Viollet-le-Duc qui gommera précisément l’apport de ces époques pour privilégier l’héritage gothique. » Sur deux niveaux, sont exposés vingt et un tableaux de grand format, parmi lesquels treize grands « Mays », qui ont été restaurés pendant près de trois ans dans le cadre d’un chantier mené avec l’appui du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) ; on peut aussi y admirer la tapisserie de la Vie de la Vierge, tissée pour orner le chœur au XVIIe siècle – et aujourd’hui conservée à la cathédrale de Strasbourg – et l’immense tapis réalisé par la manufacture de la Savonnerie, donné à la cathédrale par le roi Charles X pour orner le chœur de l’époque, tout juste restauré. Enfin, l’exposition s’enrichit d’apports pédagogiques, avec les dessins et esquisses préparatoires des artistes, une proposition de visualisation « avant/après » restauration, des panneaux ou de courtes vidéos sur les différentes étapes ou compétences que ce chantier de restauration a mobilisées, et, enfin, les maquettes du futur mobilier liturgique et des chaises.

La scénographie de l’exposition elle-même joue sur cette immersion dans les temps anciens, adoptant – en plus du bleu Notre-Dame (magnifique révélateur de couleur) – un accrochage des toiles dans leur ordre chronologique, c’est-à-dire fidèle à celui du XVIIe siècle. Telle une mise en abyme, le premier tableau proposé à l’œil des visiteurs est précisément une vue de Notre-Dame telle qu’elle était au XVIIe siècle, où l’on voit distinctement l’accrochage des Mays sur les piliers, en hauteur. Mais ici, les tableaux sont présentés à hauteur d’homme, dans les conditions optimales d’un musée, notamment au niveau de l’éclairage. On pourra donc apprécier, à leur juste valeur, les détails de ces œuvres monumentales, dont la tradition remonte au XVIIe siècle. C’est en effet en 1630 – et jusqu’en 1707 – que la confrérie des orfèvres de la Ville de Paris décide de renouveler la tradition des Mays en offrant, chaque année au mois de mai, une toile de près de quatre mètres de haut sur trois mètres de large, représentant une scène religieuse. Les plus grands peintres français de l’époque sont sollicités : Laurent de La Hyre, Aubin Vouet, Charles Le Brun, Eustache Le Sueur... De cette collection grandiose de soixante-seize toiles, dispersée à la Révolution, il reste cinquante-deux tableaux retrouvés, dont treize raccrochés à Notre-Dame. Restaurés avec d’autres toiles offertes à Notre-Dame – on notera particulière¬ment une très belle Nativité de la Vierge, par les frères Le Nain –, ils offrent, pendant un mois encore et avec la proximité intimiste que permet la galerie des Gobelins, la possibilité aux visiteurs de vivre non seulement un avant-goût de la réouverture mais aussi une très belle immersion dans l’art pictural des XVIIe et XVIIIe siècles.

Charlotte Reynaud

Exposition Les grands décors restaurés de Notre-Dame, du mardi au dimanche de 11h à 18h. Visite libre sans réservation préalable, paiement sur place.
Tarif : 8 € ; tarif réduit : 7 €.
Galerie des Gobelins : 42, avenue des Gobelins, 13e ; mobiliernational.culture.gouv.fr

 À voir en vidéo " Les grands décors restaurés de Notre-Dame"

Incendie de Notre-Dame de Paris

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