Notre-Dame, « un symbole protecteur qui fait partie de nos vies »

Paris Notre-Dame du 12 décembre 2024

Violoncelliste de grande renommée, Gautier Capuçon figure parmi les artistes ayant joué lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame. Depuis son adolescence, un attachement indicible le lie à la cathédrale…

Gautier Capuçon (à droite), violoncelliste, avec son frère, Renaud, violoniste, le 7 décembre à Notre-Dame .
© Julio Piatti-Notre Dame de Paris

Paris Notre-Dame – Vous avez interprété Après un rêve de Gabriel Fauré sur les quais le lendemain de l’incendie, puis joué dans la cathédrale à Noël en 2020. Est-ce un troisième chapitre qui s’ouvre à vous ?

Gautier Capuçon – Pour répondre à cette question, il faut nous replonger dans ce drame du 15 avril 2019. Un événement tellement choquant pour tous. Personnellement, je ne croyais pas aux images que je voyais à la télévision ou sur les réseaux sociaux. Alors, je suis allé en courant voir de mes propres yeux l’incendie sur les quais de la Seine. Au-delà des larmes, des prières et des chants qui s’élevaient dans la nuit, j’ai été bouleversé par notre impuissance totale et ce message aux hommes : rien n’est éternel. Nous devons en avoir conscience. Jouer au lendemain de l’incendie – après cette nuit de sauvetage par les pompiers au péril de leur vie – était une manière de transcender ces émotions, là où les mots s’arrêtent. Pouvoir dire tout ça en musique, c’était un sentiment très fort. Lors du concert de Noël avec la Maîtrise Notre-Dame de Paris le 24 décembre 2020, je me souviens d’une cathédrale entourée par un village d’Algeco, tâchée par endroits et drapée dans de grands pansements. Malgré ses blessures et les conditions de sécurité assez drastiques, je me suis senti enveloppé par le sentiment d’être protégé. À mes yeux – et c’est la force de Notre-Dame – tous, croyants ou non, portent en son cœur ce sentiment. Aujourd’hui, la tristesse de l’incendie a laissé sa place à la joie de la renaissance !

P. N.-D. – Lors de la cérémonie de réouverture, le 7 décembre, vous avez joué dans Notre-Dame avec votre frère, le violoniste Renaud Capuçon. Comment avez-vous vécu ce moment ?

G. C. – L’émotion a été très forte ! Jouer en duo avec mon frère est un message fort de communion et de fraternité. Nous étions tous unis entre artistes, artisans, compagnons… J’ai beaucoup pensé à ces derniers et je souhaite leur dire mon admiration. Ils ont travaillé jour et nuit. Le résultat est époustouflant. Par le biais de styles musicaux et d’artistes différents, nous avons célébré une renaissance et envoyé, je l’espère, un message d’unité.

P. N.-D. – Que représente pour vous Notre-Dame ?

G. C. – Notre-Dame est un symbole pour les croyants et non croyants, quelles que soient leurs nationalités. Un symbole protecteur qui fait partie de nos vies. J’ai découvert la cathédrale à l’âge de 13 ou 14 ans, lorsque je suis venu à Paris pour étudier. Je la voyais presque tous les jours. Elle habite mon adolescence. D’ailleurs, mes parents m’ont élevé dans la tradition catholique et m’ont transmis leur foi. Il y a donc, en moi, une vision religieuse de la cathédrale. Ensuite, d’un point de vue artistique, elle est, à mes yeux, un joyau, un bijou. Construite de la main des hommes au XIIe siècle durant de longues années, elle est le fruit d’un travail colossal et m’inspire un sentiment d’éternité. En tant que musicien, je pense aussi au grand-orgue ou encore à l’acoustique de la cathédrale que j’ai pu goûter lors du concert de Noël en jouant une suite de Bach. J’étais porté par quelque chose de bien plus grand que moi.

Propos recueillis par Marie-Charlotte Noulens

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