Notre-Dame tourne la page du Moyen Âge
Paris Notre-Dame du 6 mars 2025
Jusqu’au 16 mars, le musée de Cluny – musée national du Moyen Âge met en lumière la bibliothèque médiévale de Notre-Dame à travers l’exposition Feuilleter Notre-Dame. Gestion, culte, liturgie… La quarantaine d’ouvrages et d’enluminures datant du Moyen Âge, choisie parmi un fond de 12 000 volumes, donne à imaginer la vie intellectuelle et spirituelle de la bibliothèque.

« Ce psautier est à Notre-Dame de Paris. Celui qui le cache, ne le rend pas au chancelier de Paris ou le détruit, qu’il soit frappé d’anathème. » Calligraphié en latin sur une page en parchemin d’un psautier de Notre-Dame daté du XIIIe siècle, voilà un avertissement qui a dû en échauder plus d’un. Les étourdis en sont gré, les sanctions des bibliothèques se sont adoucies au fil des siècles. Car c’est bien de bibliothèque dont il est question dans l’exposition Feuilleter Notre-Dame au musée de Cluny – musée national du Moyen Âge. Elle met en lumière ce pan méconnu de l’histoire de la cathédrale de Paris à travers une quarantaine de pièces réparties en quatre thèmes : la gestion de la bibliothèque, les livres d’étude, les témoins du culte et le destin de la bibliothèque médiévale à l’époque moderne.
La première bibliothèque publique
Riche d’environ 12 000 volumes, la cathédrale disposait d’une bibliothèque capitulaire dont les livres, à l’exception de quelques manuscrits enchaînés, circulaient à travers les prêts – ils étaient accessibles dès le XIIIe siècle aux étudiants peu fortunés de la faculté de théologie –, des exportations, des dons de bienfaiteurs… Elle est ainsi l’une des premières bibliothèques publiques de Paris. Les manuscrits étaient en réalité éparpillés en plusieurs endroits : beaucoup de livres liturgiques se trouvaient dans le chœur, les chapelles et le trésor, d’autres dans la maison des enfants de chœur. Les évêques, chanoines et prêtres conservaient aussi des livres dans les maisons qu’ils occupaient au sein de l’enclos canonial, le cloître Notre-Dame. Divisée entre les livres d’étude et les livres de la liturgie, la bibliothèque médiévale témoigne du rayonnement intellectuel, artistique, spirituel, religieux et parfois politique de Notre-Dame et des membres du chapitre au cours du Moyen Âge.
Dans les deux salles dédiées à l’exposition, ouvrages et enluminures jaunis par le temps et mis sous cloche s’offrent au regard des visiteurs dans une scénographie sobre, parfois un peu trop fade. Registres, postilles, missels, psautier, ordinaire de l’église de Paris, copie authentique abrégée du procès de réhabilitation de sainte Jeanne d’Arc… ces manuscrits sont des pièces vivantes et chaque coup de pinceau posé à l’époque médiévale donnent le sentiment qu’il fut fait la veille. De même, sur un cartulaire du XIIIe siècle, quelques fils blancs retricotent une page grignotée par un rongeur. Il est possible d’admirer des livres datant du VIIIe et du IXe siècle donnés sous l’Ancien Régime à Notre-Dame par Claude Joly, érudit et chantre de la cathédrale, comme l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours – considérée comme la toute première histoire de France – ou encore les Évangiles dits de Loisel. Si l’on ne peut toucher les manuscrits, humidifier ses doigts pour tourner les pages cornées, indéniablement, le visiteur feuillette tout de même Notre-Dame, sans plonger dans une profonde lecture de ses secrets médiévaux.
Marie-Charlotte Noulens
Informations pratiques
Feuilleter Notre-Dame, exposition temporaire jusqu’au 16 mars.
Musée de Cluny – musée national du Moyen Âge.
28, rue du Sommerard, 5e.
Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h15.
Tarifs de 10 à 12 €, gratuit pour les moins de 26 ans.

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