Au cœur de la nuit, Notre Dame veille

Paris Notre-Dame du 19 décembre 2024

Durant la première semaine de réouverture – les horaires de visite étant modifiés du fait des messes particulières célébrées chaque matin – les équipes de la cathédrale ont décidé d’ouvrir les portes de Notre-Dame jusqu’à 22h. Paris Notre-Dame est allé à la rencontre de ces visiteurs de la dernière heure.

© Yannick Boschat / Diocèse de Paris

« Notre-Dame sera bientôt de nouveau visitée et admirée par une foule immense de personnes de toutes conditions, provenances, religions, langues et cultures, pour beaucoup en recherche d’absolu et de sens à leur vie. » Le pape François avait vu on ne peut plus juste dans son message adressé à Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, à l’occasion de la réouverture des portes de Notre-Dame de Paris. À peine trois jours plus tard, mardi 10 décembre, ils sont encore nombreux, à 21h, malgré le froid et la pluie fine qui tombe sur le parvis, à attendre de pouvoir, eux aussi, pénétrer dans la cathédrale restaurée. En cette octave de réouverture, l’heure de fermeture des portes a été exceptionnellement prolongée jusqu’à 22h ; des nocturnes qui ont trouvé leur public puisque la jauge maximale que peut accueillir l’édifice – 2 700 personnes – est atteinte. Parmi elles, Klaudia, Allemande d’une quarantaine d’années, qui, bien qu’athée, tenait à « être parmi les premiers à admirer ce pan restauré de la culture européenne », ou Jean-Baptiste, 30 ans, non-pratiquant, « attiré par le côté patrimonial et historique de la plus grande cathédrale d’art gothique en Europe, haut lieu de la chrétienté ». Mais aussi Djamila, venue de Chelles (Seine-et-Marne) avec trois amis. « C’était le seul créneau qu’il restait, nous n’avons pas hésité ! Je suis musulmane mais j’admire de tels endroits de foi. Nous avons d’ailleurs allumé, ensemble, une bougie pour une amie malade. »

Entre agitation et recueillement

« Je sais, Excellence, que les portes leurs seront largement ouvertes », poursuivait le pape. Elles le sont. À l’intérieur, loin de l’ambiance recueillie des célébrations religieuses des jours précédents – la plus récente étant la bénédiction du baptistère par Mgr Ulrich le matin même (voir pp. 6-7) –, les visiteurs du soir évoluent, émerveillés, dans la cathédrale, téléphone à la main, immortalisant leur déambulation, voire la partageant en direct avec leurs familles par écrans interposés. Laurent Prades, régisseur général de la cathédrale, est l’un des témoins privilégiés des réactions « des fidèles, heureux, qui se mettent à genoux en entrant, des Parisiens qui n’étaient pas venus depuis vingt ans mais aussi des touristes qui sont les premiers surpris de pouvoir être là ». À leur entrée, certains semblent surpris qu’un agent d’accueil demande aux hommes de se découvrir mais ils s’exécutent de bonne grâce avant de s’approcher du baptistère, lieu des premiers selfies. Malgré l’agitation ambiante, les va-et-vient dans les contre-allées et les discussions plus ou moins discrètes dans toutes les langues, un jeune couple se recueille devant une statue de la Vierge, leurs visages éclairés par la douce et mouvante lueur des centaines de luminions disséminés dans la cathédrale. « Puissent-[ces personnes], levant les yeux vers ces voûtes qui ont retrouvé la lumière, partager son invincible espérance », avançait, encore, le pape. À une heure où les nuances multicolores des vitraux ont disparu en même temps que les derniers rayons du soleil, la blancheur des voûtes, illuminées par les lustres tamisés de la nef, n’en est que plus spectaculaire et happe tous les regards. Alors que la dernière messe s’est achevée il y a plusieurs heures maintenant, la majorité des visiteurs se pressent devant l’autel, admirent les chapelles du déambulatoire, découvrent la châsse-reliquaire, encore vide, qui accueillera bientôt la Couronne d’épines. Quelques-uns prennent le temps de s’asseoir au milieu de la nef, loin de la foule. Régulièrement, le brouhaha ambiant est recouvert du tintement de pièces tombant dans les troncs. À quelques mètres seulement de l’agitation devant l’autel, l’ambiance devient plus recueillie près de la célèbre statue de la Vierge à l’Enfant, en témoignent les présentoirs à bougies remplis et les visages, silencieux, intensément tournés vers la protectrice des lieux. Nimbée de lumière, silencieuse et immobile, elle semble, du haut de son pilier, veiller avec tendresse sur chacun de ses enfants… qu’ils en aient ou non conscience.

Mathilde Rambaud

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Réouverture de Notre-Dame de Paris

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