À Ste-Claire, les saintes huiles ont trouvé leur écrin

Paris Notre-Dame du 23 mai 2024

L’église Ste-Claire se dote d’un resplendissant tabernacle aux saintes huiles, en réponse à l’invitation pastorale de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, de rendre visibles les huiles consacrées, souvent « rangées dans un placard » et pourtant au cœur de la vie sacramentelle.

Le P. Mathias Sütterlin, curé de Ste-Claire, et Nicolas Jourdier, artiste, posent autour du nouveau tabernacle aux saintes huiles.
© Mathilde Morandi

Un soleil vif d’avril se reflète sur le toit ondulant de la Philharmonie. En léger retrait de l’entrelac des routes et lignes de tram de la porte de Pantin, dans le 19e arrondissement de Paris, se dresse l’église Ste-Claire, un grand cube d’architecture moderne en béton de vingt mètres de côté construit à la fin des années 1950, sur les plans de l’architecte André le Donné, qui avait travaillé à la reconstruction du Havre. En écho au tumulte du carrefour ce matin, des coups répétés de marteau se font entendre dans l’église : ce vendredi d’avril est le jour choisi pour fixer le nouveau tabernacle aux saintes huiles.
Accroupi dans la niche blanche à droite de l’autel, Nicolas Jourdier finit, visseuse en main, l’installation d’une précieuse petite armoire carrée rétro-éclairée, où figure, en pierre d’ambre, la colombe de l’Esprit Saint. « J’ai posé la dernière feuille d’or cette nuit », avoue-t-il. « Mon Père, est-ce que vous pouvez remettre l’électricité pour que je voie si mon branchement marche ? », lance-t-il poliment au P. Mathias Sütterlin, curé de la paroisse, le visage éclairé d’un vaste sourire, qui vient de profiter de ce temps pour rendre au silence une planche grinçante de l’assise du confessionnal. « Cela faisait un certain temps que je voulais le faire », explique-t-il, joyeux, une poignée d’outils dépassant de sa poche droite.

Au service de la croissance de la vie chrétienne

À la genèse de ce projet original, l’invitation de Mgr Laurent Ulrich lors de la messe chrismale de 2023, qui avait invité les prêtres parisiens, rassemblés à St-Sulpice (6e), à trouver une façon de mettre en valeur les huiles saintes et le saint chrême, « afin qu’il soit visible aux chrétiens que les huiles consacrées sont des huiles au service de la croissance de la vie chrétienne » et qu’elles soient « montrées proches de ceux qui en demandent l’onction ». Tout en continuant à suivre des yeux les gestes de l’artisan, le P. Sütterlin explique : « Nicolas Jourdier m’a contacté début décembre pour me présenter son projet de tabernacle et j’ai tout de suite accepté, après avoir reçu l’avis favorable du conseil pastoral et du conseil économique sur le projet et la maquette proposés. »
Le nouveau tabernacle fixé, les outils rangés, Nicolas Jourdier observe les jeux de lumière sur la colombe en ambre clair alors que l’aile lumineuse du soleil de midi atteint la niche du chœur. Passionné par les pierres depuis l’enfance, cet artisan et chrétien engagé s’est lancé, pour la première fois, dans l’élaboration de mobilier liturgique, à l’invitation du curé de sa paroisse – St-Louis-en-l’Île (4e) – le P. Jean-Baptiste Arnaud, qui lui avait fait part du message de l’archevêque. « L’ambre est très utilisée dans les objets liturgiques en Europe de l’Est où j’ai beaucoup voyagé, une partie de ma famille étant d’origine russe. Pour fabriquer cet objet, je me suis souvenu de la croix verte teintée d’ambre du tabernacle de l’église du Vésinet [Yvelines, NDLR] que je fréquentais quand j’étais enfant ; sa lumière douce et belle appelait à la prière. »
Allant et venant entre le chœur et la sacristie, fleurs coupées à la main, Louise, 72 ans, est l’un des premiers témoins de ce nouvel embellissement de l’église : « C’est beau ! », s’exclame-t-elle, comme un cri du cœur, mentionnant les différents travaux entrepris par le curé : « Tout a été repeint, cela a apporté de la joie, de la gaieté… les paroissiens sentent que l’église est vraiment habitée. » Dans le prolongement de ce nouvel ajout, un beau projet de fresque par l’artiste Augustin Frison-Roche est prévu pour orner le chœur. En attendant, le tabernacle aux saintes huiles a été bénit par Mgr Dominique Catta, vicaire général, devant des paroissiens conquis.

Mathilde Morandi

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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