Les enjeux du voyage papal en Afrique

Paris Notre-Dame du 26 novembre 2015

P. Pierre-Yves Pecqueux, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France.
© CEF

P. N.-D. – Quels sont les enjeux du premier voyage apostolique du pape François en Afrique, du mercredi 25 au lundi 30 novembre ?

P. Pierre-Yves Pecqueux – Pendant ce séjour, le pape va donner la priorité aux personnes touchées par l’extrême pauvreté. Elles sont nombreuses en Afrique, même si globalement, le taux de croissance augmente grâce à ses ressources naturelles. Le pape va consacrer aussi une place importante à la rencontre avec les jeunes car, dans ce continent, plus de la moitié de la population est âgée de moins de 25 ans. Autre axe de son voyage : le dialogue interreligieux avec l’islam et les religions traditionnelles. Il est important que les personnes de diverses croyances apprennent à vivre ensemble et qu’elles arrivent à voir du positif chez les autres. Ce qui n’est pas évident dans certains pays traversés par de lourds conflits. Face à ces réalités, les communautés chrétiennes sont des lieux d’espérance. Elles se développent en Afrique. Une des questions centrales de la pastorale de l’Église porte sur la façon dont les chrétiens peuvent témoigner de la miséricorde et de l’espoir d’un monde meilleur.

P. N.-D. – Quelles seront les principales étapes de ce voyage ?

P. Y. P. – Le pape a choisi trois pays parmi les plus souffrants et les plus pauvres d’Afrique [1]. Dans la capitale du Kenya, à Nairobi, le pape va assister notamment à une rencontre interreligieuse et œcuménique, et va célébrer une messe au campus universitaire. En Ouganda, il va dialoguer avec des jeunes à Kampala, et célébrer une messe à Namugongo en mémoire des martyrs anglicans et catholiques : vingt-deux jeunes avaient été tués en 1886 parce qu’ils avaient refusé de renoncer à leur foi. Ils ont été canonisés en 1964. Si la sécurité le permet, le pape devrait se rendre aussi en Centrafrique, dans la capitale Bangui. Il devrait y rencontrer la communauté catholique, visiter la faculté de théologie évangélique et la grande mosquée.

P. N.-D. – Vous connaissez bien la Centrafrique car vous avez été recteur du séminaire à Bangui. Que peut apporter le pape à ce pays ?

P. Y. P. – Ces derniers jours, plusieurs Centrafricains m’ont dit que « la parole du pape serait celle du dernier espoir ». Leur pays est bouleversé au niveau politique et économique. L’Église est une des rares structures qui tient encore debout. Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, essaie d’œuvrer au dialogue avec les musulmans. Cet été, je suis allé à Bangui. Ses habitants ont vécu de telles violences et de telles blessures qu’il est difficile pour un certain nombre d’entre eux d’entendre un discours de réconciliation et de pardon, c’est là que le pape François peut redonner de la force et le souffle de l’espérance à la population. • Propos recueillis par Céline Marcon

[1Le Kenya et l’Ouganda ont connu récemment plusieurs attaques meurtrières de terroristes islamistes. En Centrafrique, depuis le coup d’État de 2013, les affrontements sont fréquents entre les communautés musulmanes et chrétiennes.

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