Minorités religieuses : le devoir de s’impliquer

Paris Notre-Dame du 31 mai 2012

Paul Bhatti, conseiller du Premier ministre pakistanais en matière de minorités religieuses.
© Pierre-Louis Lensel

P. N.-D. - Conseiller du Premier ministre pakistanais en matière de minorités religieuses, vous avez accepté l’invitation de l’Aide à l’Église en détresse (AED) à participer à la Nuit des témoins le vendredi 25 mai à N.-D. de Paris. Pourquoi ?

Paul Bhatti – Des personnes de l’A.E.D. m’ont contacté il y a quelques mois. Elles ont évoqué la mémoire de mon frère, Shabbaz Bhatti, ancien ministre des minorités religieuses au Pakistan, assassiné l’année dernière, et m’ont dit qu’elles étaient à la recherche de témoins de son action et, plus généralement, de la situation que nous connaissons dans mon pays. J’ai souhaité répondre à cette attente. Mon frère et moi faisons partie d’une famille catholique et je suis heureux d’être invité à partager mon regard lors d’un événement comme celui-ci avec des personnes, certes éloignées du Pakistan, mais qui partagent la même foi et le même esprit.

P. N.-D. - De quelle façon ce genre d’événement peut-il changer ou, du moins, faire évoluer la situation des minorités religieuses dans le monde ?

P. B. – Un événement comme celui-ci peut attirer l’attention sur ce qui se passe au-delà des frontières françaises et motiver des personnes à agir. Parler de la situation que connaît la société pakistanaise, interpeller ceux que l’on rencontre, susciter leur intérêt et espérer leur solidarité et leur prière, cela peut être source de changement. Ce n’est pas une question qui ne concerne qu’une zone géographique limitée. Si, aujourd’hui, il y a un problème dans un pays, cela affecte, d’une façon ou d’une autre, le monde entier. Sur un sujet comme celui-ci, tout le monde a la responsabilité de s’impliquer comme il le peut, en tant qu’être humain, en tant que catholique.

P. N.-D. - En quelques mots, quelle est la situation des minorités religieuses au Pakistan aujourd’hui ?

P. B. – De manière générale, le Pakistan est affecté par le terrorisme, l’extrémisme et les violences sectaires, une situation qui est source d’impasses dans les domaines de l’économie et des libertés – spécialement religieuses. Les premières victimes, dans un tel contexte, sont les plus faibles – dont les chrétiens font partie. Cela renvoie donc à la situation globale du pays et non à un problème simplement religieux.

P. N.-D. - Face à cette situation terrible et les tragédies que vous avez vécues personnellement, qu’est-ce qui vous donne de l’espoir aujourd’hui ?

P. B. – Quand vous êtes face à une telle situation, que votre pays et votre communauté souffrent, vous ne pouvez pas reculer, vous avez le devoir de vous impliquer, d’essayer d’agir selon vos possibilités. La première espérance se trouve là. Il s’agit de croire qu’on peut agir en s’investissant de manière sincère et déterminée. Si on continue à se battre, des solutions peuvent apparaître. Avec ces convictions ancrées en moi, j’ai trouvé, au sein des différentes communautés de la société pakistanaise, des personnes qui sont à l’écoute, qui partagent cette cause et veulent agir. Cela aussi, cela donne de l’espoir. Et puis, bien sûr, il y a ma foi qui me nourrit, me donne du courage, de la force et une certaine sérénité. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

Plus de renseignements : www.aed-france.org

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