« Nous devons accepter la décision du pape qui est le garant de l’unité »
Paris Notre-Dame du 9 décembre 2021
Quatre ans après avoir été nommé archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit a remis sa charge dans les mains du pape, qui l’a acceptée le 2 décembre. Entretien avec Mgr Michel Gueguen, en responsabilité de vicaire général pour le diocèse de Paris et modérateur de la curie diocésaine.
Paris Notre-Dame – Comment avez-vous accueilli la décision du pape ?
Mgr Michel Gueguen – Cela a été un véritable choc, je ne m’y attendais pas du tout. Il m’a d’abord fallu me raccrocher au spirituel, me dire que le Christ sauve toute situation. Trois jours après, je peux dire que je suis en paix par rapport à la décision du pape.
P. N.-D. – Comment va Mgr Michel Aupetit ?
M. G. – Mgr Michel Aupetit est un homme spirituel, pour qui la prière est fondamentale. C’est dans la prière qu’il a accueilli cette décision. Il a, en revanche, été profondément troublé par la lecture de l’article du Point, jusqu’à se demander s’il y avait autant de personnes qui souhaitaient son départ. Et devant cette possibilité, il a choisi de remettre sa charge au pape, en toute humilité, pour préserver le diocèse de la division.
P. N.-D. – Comment expliquez-vous cette décision du pape ?
M. G. – Avant que le pape ne s’exprime lui-même, je peux dire que j’ai été beaucoup sollicité là-dessus. Que vouliez-vous que je réponde ? Je ne suis pas dans sa tête et je ne suis pas juge de sa décision. Nous sommons le pape de s’expliquer et s’il ne s’exprime pas, on se perd en conjectures, pour certaines nauséeuses, là où il faudrait patienter, en préservant la réputation d’un homme. Mais nous n’avons pas de patience. Le pape s’est finalement exprimé et ce qu’il dit est très clair : « quand le commérage détruit la réputation d’un homme au point de l’empêcher de gouverner, c’est une injustice ».
P. N.-D. – Que dire aux fidèles parisiens qui appréciaient leur archevêque ?
M. G. – Il faut prier pour lui, le soutenir de leur amitié, de même que Mgr Aupetit porte dans la prière tous ceux qu’il a connus. Je peux aussi les rassurer en leur disant que c’est un homme fort et que, d’une certaine manière, il a le cœur en paix, comme il l’a écrit lui-même dans sa déclaration du 2 décembre avec beaucoup de sincérité.
P. N.-D. – Comment a réagi le clergé parisien ?
M. G. – Avec les autres vicaires généraux, nous avons voulu nous adresser aux prêtres et aux diacres samedi matin, deux jours après l’annonce de la décision du pape. Nous l’avons fait maladroitement, cela nous a été reproché, avec raison. Certains ont témoigné de leur colère intérieure, que ce soit à propos de la manière de gouverner de Mgr Aupetit, jugée « autoritaire et sans écoute » ou de nos silences : « après la Ciase, c’est insupportable ». Mais que peut-on dire quand on n’a pas d’éléments de réponse suffisants ? À titre personnel, j’ai été content que dans cette réunion puissent s’exprimer des positions, des réactions et des émotions à la mesure de la violence du choc. J’espère que le message est passé qu’on veut écouter et tâcher d’avancer dans le sens de la vérité et de la restauration d’une fraternité éprouvée.
P. N.-D. – Comment avancer ?
M. G. – Le pape a choisi et nous devons accepter sa décision, lui qui est le garant de l’unité. Sur la gouvernance, nous sommes appelés à libérer la parole, à s’écouter et à décider ce qu’il faut faire. La vérité nous rend libres. Il faut travailler en ce sens, sans oublier que charité et vérité marchent ensemble. Il se trouve que la démarche de synodalité, à laquelle le pape nous appelle, permet cela. Le Christ a remis l’Église entre nos mains. Nous avons besoin les uns des autres. À fortiori dans une situation de crise. « Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ils ne pourront pas tenir » (Mc 3, 25). Mais n’oublions pas qu’elle est l’Église du Christ, qui la soutient comme son roc.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android