Séminariste à Paris : une formation sur le terrain
Paris Notre-Dame du 25 juin 2015
Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, directeur de l’Œuvre des vocations et de l’École Cathédrale.
P. N.-D. – Le séminaire de Paris a-t-il une pédagogie qui lui est propre ?
Mgr Jérôme Beau – Lorsque le cardinal Jean-Marie Lustiger a fondé la Maison Saint-Augustin, en 1984, son but était d’accueillir pendant un an ces hommes qui avaient dans leur cœur le désir de devenir prêtres. Cette première année leur permet ainsi de fonder leur vie dans le Christ à travers quatre expériences : la lecture continue de la Bible, la vie communautaire, l’engagement au service de l’autre à travers un temps passé dans une association comme l’Arche, par exemple, et enfin un temps d’intimité avec le Christ grâce à 30 jours de retraite selon les Exercices de saint Ignace. Les années suivantes, les séminaristes sont accueillis dans des Maisons de séminaire. Là encore, ils s’inscrivent dans une communauté familiale où la vie fraternelle aide à l’expression de la charité et éprouve leur capacité à se donner et les aident à exprimer la charité. En outre, en vivant à l’intérieur d’un presbytère, ils découvrent la vie paroissiale et le quotidien de la vie du prêtre. Pour ce qui est de leur formation intellectuelle, le cardinal Lustiger avait l’intuition qu’il était important que les prêtres diocésains forment eux-mêmes les futurs prêtres, qu’ils puissent transmettre ce qu’ils ont eux-mêmes reçu. Enfin, les études qu’ils suivent sont enracinées dans l’Écriture, « âme de la théologie », selon l’expression du concile Vatican II.
P. N.-D. – Comment s’organise la vie communautaire des séminaristes à Paris ?
Mgr J. B. – Les séminaristes vivent à une dizaine dans des Maisons de séminaire disséminées dans le centre de Paris et rattachées à des paroisses. Les responsables de Maison, qui peuvent être le curé de la paroisse ou un professeur de la Faculté Notre-Dame du Collège des Bernardins, vivent également avec eux. Les séminaristes participent alors aux activités de la paroisse. À la rentrée prochaine, les Maisons qui accueilleront les séminaristes du premier cycle seront au nombre de quatre : elles se trouvent à St-Denys du Saint- Sacrement (3e), St-Louis en-l’Île (4e), St-Nicolas des Champs (3e) et St-Séverin (5e). Durant le second cycle, qui dure quatre ans, ils sont accueillis dans des Maisons de séminaire rattachées à des presbytères : à St-Roch (1er), St-Vincent de Paul (10e), St-Germain l’Auxerrois (1er) ou enfin à la Maison St-Bernard (5e). Pendant ces années, ils œuvrent dans différentes paroisses du diocèse.
P. N.-D. – Être appelé à être prêtre dans la ville, et non à la campagne, est-ce une mission particulière ?
Mgr J. B. – Qu’il exerce son ministère à la ville ou à la campagne, le prêtre est toujours celui qui est en charge de construire une communauté et de la rassembler autour de l’eucharistie. Mais être dans la ville, c’est être dans un lieu de mission où les hommes vivent les plus grandes joies et les plus grandes épreuves. Le prêtre y est confronté à la plus grande diversité humaine, car c’est à Paris que se rencontrent toutes les cultures et toutes les pauvretés. Par son célibat et sa vie, le futur prêtre sera signe d’espérance dans la ville. Notre séminaire cherche à les préparer au sacerdoce pour qu’ils soient eux-mêmes dans un monde qu’ils sont appelés à aimer et dans lequel Dieu les envoie. • Propos recueillis par Pauline Quillon