« Une association prophétique »

Paris Notre-Dame du 22 juillet 2021

Du 29 juillet au 4 août prochain, près de 350 personnes vont se réunir à Briançon pour célébrer les quinze ans de l’Association pour l’amitié (Apa) qui propose des colocations solidaires avec des personnes issues de la rue. Le point avec Caroline Pellissier, responsable du pôle de la Visitation à Paris.

Après avoir été « amie de l’Apa », Caroline Pellissier est aujourd’hui responsable de pôle de l’association située dans l’ancien couvent du 110 rue de Vaugirard (6e).
© collection personnelle

Paris Notre-Dame – Pouvez-vous revenir sur ces quinze années d’existence ?

Caroline Pellissier – L’association, née sous l’impulsion de Martin Choutet et d’Étienne Villemain, a débuté il y a quinze ans par une petite colocation de six personnes, dont certaines étaient sans domicile fixe, dans un presbytère. Peu à peu, différentes colocations du même type se sont créées. Un accompagnement social, en lien avec l’association Aux Captifs, la libération, s’est mis en place, tout comme des séjours de vacances, des pèlerinages, des « repas du dimanche » ouverts à toute personne vivant dans la rue… Une maison de campagne, aux abords de Paris, nous a été prêtée ; des associations sœurs comme Lazare ont vu le jour en région ; des « villages de François », dans le monde rural… Depuis sa création, plus de mille personnes sont passées par l’Apa. Aujourd’hui, à Paris, près de 250 colocataires vivent dans une trentaine de colocations disséminées dans dix pôles différents.

P. N.-D. – Comment expliquez-vous cette incroyable fécondité ?

C. P. – L’Apa est prophétique. Pour moi, c’est une vision du Royaume de Dieu. C’est une preuve que l’amour est possible dans le monde : des personnes extrêmement différentes, par l’âge, la culture, le milieu social, l’expérience de vie, etc. parviennent à vivre ensemble et à s’aimer. C’est merveilleux ! Cette association montre que la fraternité, la vraie fraternité, est possible. Que nous pouvons considérer l’autre, quel qu’il soit, comme un frère. Ce rassemblement à Briançon (Hautes-Alpes) va nous permettre de célébrer ceci. La joie, la fête, sont des dimensions fondatrices de l’Apa. Nous vivons animés par le bonheur de vivre l’instant présent tel qu’il nous est donné.

P. N.-D. – Comment appréhendez-vous l’avenir ?

C. P. – Nous avons de magnifiques projets en cours. Je pense notamment à la Maison Marguerite-Marie conduite par le diocèse de Paris dans l’ancien convent de la Visitation, au 110 rue de Vaugirard, dans le 6e. C’est un projet qui réunira différentes associations solidaires : une maison Marthe et Marie (colocation avec des femmes en attente d’un enfant, NDLR), une maison Simon de Cyrène (colocation avec des personnes en situation de handicap, NDLR), une colocation de l’Apa. Il y aussi ce projet dans le 14e arrondissement qui pourra accueillir près de soixante colocataires. Notre seule volonté, à l’Apa, est de pouvoir encore plus et mieux accueillir. Nous sommes avant tout un service d’Église. Un service permis notamment grâce au diocèse, à la Fondation Notre Dame, mais aussi grâce à tous ces bénévoles qui s’engagent, donnent leur vie. Cet engagement, radical, pour moi, est un signe fort. Le signe qu’on peut avoir 30 ans, être un jeune cadre dynamique et choisir cette vie, une vie toute simple, rythmée par la fraternité avec toutes les difficultés que cela peut représenter. Cette simplicité, cette sobriété de vie, sont, pour moi, évangéliques.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

Et aussi
 Dossier Maison Marguerite-Marie.

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