Dieu a-t-il une place à la TV ?
Paris Notre-Dame du 6 décembre 2012
P.N.-D. - L’Église est apparue plusieurs fois sur le petit écran ces derniers mois. Quelle est la place de la religion chrétienne aujourd’hui à la télévision ?
Hubert Besson – Ce n’est pas un sujet particulièrement attendu à la télévision. Dans une série, par exemple, la priorité, c’est de parler du quotidien des gens. Or dans notre société, Dieu, la foi chrétienne, ne sont pas au cœur des préoccupations. Pour beaucoup, la foi ne se vit pas au quotidien ; elle est très lointaine et ne se pose véritablement qu’au moment de la mort. Dans une fiction évoquant la foi, tout l’enjeu se situerait donc là : confronter la relation à Dieu à la vie « réelle ». On trouve ce schéma, par exemple, dans la série policière australienne « East-West 101 », où un des personnages principaux, musulman, fait des choix de vie, guidé par sa foi. En France, on est encore incapable de faire cela. Je constate toutefois que dans le milieu de la télévision, il y a de plus en plus de respect et de curiosité pour le sujet. Mais cela reste compliqué d’imaginer une fiction télévisée dont le sujet principal serait la foi chrétienne ; en revanche, elle peut être intégrée en filigrane dans la vie d’un personnage chrétien impliqué dans la société – c’est d’ailleurs une dimension qui est évoquée actuellement dans nos projets.
P.N.-D. -Pourquoi les fictions ne parlent-elles (semble-t-il) de la foi ou de l’Église qu’à travers la polémique ?
Hubert Besson – L’accroche, la caricature sociale font partie des ingrédients classiques d’un scénario. On peut en être mécontent. Mais la fiction est là pour transgresser : dans un scénario, il faut des personnages ordinaires dans des situations extraordinaires. Ce qui n’empêche pas, à mon sens, de mettre en avant des questionnements et des sujets de fond. Prenons « Ainsi soient-ils », qui est discutable et à laquelle on peut reprocher la mise en scène d’une Église caricaturée. Pour autant, cette série a montré à plus d’un million de personnes que la question de la vocation pouvait exister dans notre société et que l’on ne devenait pas prêtre du jour au lendemain. L’Église restera toujours critiquable et critiquée… le plus important est que le dialogue soit possible et que l’on puisse échanger, ce qui est le cas. C’est le jour où on ne parlera plus de la foi qu’elle sera morte. Si une fiction télévisée française peut questionner un homme sur sa propre spiritualité et son rapport à Dieu, c’est déjà un premier pas.
P. N.-D. - Quelle serait, justement, une fiction réussie sur la foi ?
Hubert Besson – Ce serait un scénario qui permettrait au téléspectateur d’ouvrir une porte sur son « intérieur ». C’est en cela que la foi est intéressante : elle est là pour nous interroger. C’est là aussi que le chemin que propose l’Église aux hommes est pertinent et propice à la fiction : elle peut interpeller un homme sur sa vie dans une société en perte de repères, très relativiste. Et ce questionnement ne peut donner qu’une envergure supplémentaire au héros. • Propos recueillis par Laurence Faure