Étudiants, pourquoi ils font le choix de la vie en foyer
Paris Notre-Dame du 5 novembre 2009
À la rentrée, beaucoup de jeunes étudiants ont choisi d’habiter dans un foyer catholique. Pourtant, la vie communautaire y est exigeante. Mais ils y trouvent leur compte, tant sur le plan humain que sur le plan spirituel.
Il est 17h30, ce vendredi 30 octobre ; le jour commence à tomber. Au 45 rue des Maraîchers, dans le 20e, la fenêtre du rez-de-chaussée s’allume. Autour d’une grande table de bois clair, trois jeunes s’installent pour prendre une tasse de thé. « On se retrouve comme ça tous les jours, annonce Joséphine, 18 ans, étudiante arrivée en septembre à Paris. On raconte sa journée, ses déboires… » Nous sommes à « St- Gabriel », dans un foyer d’étudiants [1] tenu par la paroisse voisine. Comme dans les autres structures de ce type, supervisées par les paroisses ou par les communautés nouvelles, on y trouve bien plus qu’une chambre. On peut y puiser tous les ingrédients pour construire sa vie, tant sur le plan humain que spirituel.
Bonne ambiance
Joséphine a choisi ce type de logement communautaire pour plusieurs raisons. D’abord, elle avait peur de « déprimer » seule dans un appartement. Ensuite, elle savait bien que, hors du cadre de l’Eglise, elle aurait cessé toute pratique religieuse. « Ici, dit-elle, je prends l’habitude de réfléchir sur ma foi. On a de grands débats avec les autres étudiants ! Peu à peu, la religion de mes parents devient ma religion. »
Vie communautaire
Comme Joséphine, beaucoup de jeunes font le choix de la vie en foyer, transition d’un an ou deux entre le cadre familial et la vie en solo. Comme à la maison, on apprend à vivre ensemble : on participe aux tâches ménagères, aux courses… « Nous sommes tous responsables les uns des autres », souligne Pierre-Henri, étudiant en école de commerce et résident au foyer rattaché à la paroisse St- Ambroise, dans le 11e. Cela dit, Pierre-Henri et ses colocataires ne sont pas seuls. Au-dessous de chez eux, habite un couple marié, Ghislain et Adrien ne, qui veillent au bon fonctionnement de la structure. Ces derniers remarquent que « la prise de responsabilité n’est pas toujours évidente quand on débarque de “chez papa maman” ».
Diversité
La vie en foyer est humainement formatrice à bien d’autres titres. Elle crée, par exemple, des occasions de rencontres entre des personnes d’horizons différents qui n’auraient sans doute jamais eu l’occasion de s’adresser la parole autrement. Se croisent des jeunes suivant une formation en cinéma, en gestion, en théologie, etc., nés en France ou à l’étranger. « Pour les Français, ce sera peut-être la seule expérience de vie commune avec un étranger », note Ghislain, de « St- Ambroise ». Côté étudiant, on est ravi de cette diversité qui donne lieu à des débats sans fin. Surtout, comme le note Benoît, 20 ans, résident à « St-Gabriel », « on apprend à composer avec l’autre ; on grandit dans sa vie d’homme ».
Vie spirituelle
Les foyers catholiques sont, en outre, formateurs sur le plan spirituel. Toutes les structures imposent un ou plusieurs rendez-vous hebdomadaires avec Dieu. Ce cadre permet aux jeunes d’ancrer la prière dans leur vie quotidienne, même quand leur agenda est plein. A « Victor Hugo » (16e), foyer de St-Honoré d’Eylau, animé par la communauté du Chemin Neuf, on se réunit tous les jeudis soirs pour prier et réfléchir sur un thème. A « St-Ambroise », on a aussi rendez-vous le jeudi avec le couple accompagnateur. La soirée commence par un dîner et se poursuit par des échanges sur la vie communautaire ou par un exposé sur un thème spirituel. Les autres soirs, les étudiants sont invités à dire les complies. Dans tous les lieux, il est également possible de prendre rendez-vous avec un prêtre ou avec les personnes qui tiennent le foyer, pour poser ses questions. A « Victor Hugo », plusieurs jeunes ont ainsi demandé le sacrement de la confirmation…
Service en paroisse
Si les étudiants sont pris en main sur le plan spirituel, on leur demande aussi de s’engager. A « St- Gabriel », ils s’occupent des jeunes de l’aumônerie ; à « St-Ambroise », ils sont auprès des lycéens ou des personnes sans domicile. « Main d’œuvre » à portée de main ? Non. Pour les curés, l’engagement au service de plus jeunes est très formateur, car il oblige à redire sa foi avec ses propres mots. « On est forcé de travailler les sujets ! », souligne Pierre-Henri, qui enseigne aux élèves de 4e de « St-Ambroise » la différence entre « l’âme végétale, animale et humaine ».
Rampe de lancement
La vie en foyer catho est exigeante, mais le programme est annoncé dès que l’étudiant pose sa candidature. Les jeunes qui ne cherchaient qu’un logement se rabattent vers d’autres propositions. Ceux qui décident de rester dressent, après quelques mois, un bilan positif. Vianney, résidant à « Victor Hugo », confie : « J’ai pris le temps de m’interroger sérieusement sur ma foi, ce que je n’aurais probablement pas fait seul entre la salle de cours et ma chambre. » Quant à Augustin, il avoue qu’au début de sa vie d’étudiant, il avait abandonné la pratique religieuse. « Ici, j’ai repris de bonnes habitudes. C’est une rampe de lancement ! » • Bénédicte Hériard
Subir ou choisir ma vie ?
Que faire après mes études ? Telle est la question qui habite de nombreux étudiants, particulièrement en période de crise économique. Mais cette question en appelle d’autres, qui concernent toute la personne : pourquoi ai-je choisi cette filière d’études ? Désir de mes parents ? Option par défaut ? Pour aider les jeunes à bâtir leur avenir et à unifier leur vie, les aumôneries catholiques universitaires de Paris et d’Ile-de- France ont mis en place, en 1999, une session intitulée « Subir ou choisir ma vie » se déroulant en deux étapes. Cette année, elles auront lieu du 18 au 21 décembre, puis du 29 au 31 janvier 2010. Tous les étudiants qui souhaitent réfléchir à leur orientation, quelle que soit leur discipline, y sont conviés. Ils seront accueillis par des professionnels en ressources humaines, par des responsables d’aumônerie, et par le P. Emmanuel Coquet (lire page 3). Dans un premier temps, ils reliront leurs expériences de vie pour y déceler toutes leurs potentialités, humaines et spirituelles. Puis ils travailleront sur leur projet professionnel : marché de l’emploi, « réseautage », entretiens… Entre les rendez-vous de décembre et de janvier, ils seront invités à prendre contact avec des entreprises et des professionnels. Etudiante en master d’histoire, Tatiana a suivi la session l’an dernier. « Je ne savais pas quoi faire après ma licence, explique-t-elle. En m’écoutant raconter les expériences qui ont marqué ma vie, une consultante en ressources humaines m’a suggéré diverses pistes dont celle de la gestion du Patrimoine. » A la fin de la session, elle a été confirmée dans son choix d’études. Sûre de son orientation, elle prépare maintenant activement son entrée sur le marché de l’emploi, en saisissant toutes les opportunités de stage qui s’offrent à elle : visite de monastères, chantiers de restauration... • B. H.
Plus d’infos : www.subir-choisirmavie.org
Inscriptions avant le 11 décembre à le-cep@meci.org
[1] La liste des foyers catholiques à Paris se trouve sur le site du diocèse : dioceseparis.fr