Islam et christianisme : quel dialogue aujourd’hui ?
Paris Notre-Dame du 28 juin 2012
« Islam de France et laïcité », « Les sociétés musulmanes face à l’Europe ». Ce mois-ci, les conférences et tables rondes autour de l’islam foisonnent au Collège des Bernardins. Prochaine proposition, le 28 juin : une réflexion autour du dialogue entre islam et christianisme. Paris Notre-Dame a rencontré M. Jacques Huntzinger [1] , ancien ambassadeur de France et modérateur de la table ronde.
Paris Notre-Dame : Comment est née l’idée d’une table ronde sur le dialogue entre l’islam et le christianisme ?
Jacques Huntzinger – La conférence du 28 juin s’inscrit dans le cadre du séminaire que j’anime sur le dialogue interreligieux entre le christianisme et l’islam, qui s’est ouvert au mois de mai et durera jusqu’à l’été 2013. Elle est destinée à faire le point sur la situation actuelle du dialogue islamo-chrétien, à travers l’intervention de deux chrétiens, dont un professeur à la Faculté Notre-Dame – qui fait partie de la nouvelle génération des théologiens chrétiens s’intéressant à la question du rapport avec l’islam –, le P. Vincent Guibert, et de deux musulmans, Mohamed-Sghir Janjar, le directeur adjoint de la Fondation Abdul Aziz de Casablanca, – la plus grande fondation culturelle du monde arabe –, partenaire de notre séminaire, et un représentant de l’université Al-Azhar du Caire.
S’agit-il, en quelque sorte, du coup d’envoi de ce nouveau séminaire, inscrit dans le prolongement de celui sur la modernité et le religieux dans les sociétés musulmanes ?
J. H. – En effet, nous venons de conclure un premier cycle de deux ans qui portait sur la situation de l’islam dans les sociétés du monde arabe, turque et iranienne, dans ses aspects sociologiques, politiques, culturels et juridiques. La réflexion commune de la trentaine de personnes y participant a abouti à l’élaboration d’un livre publié par le Collège, une sorte d’actes du séminaire, soutenant la thèse suivante : il y a une sécularisation à l’œuvre au sud de la Méditerranée, même si elle prend des formes différentes de celle de l’Europe. Désormais, nous abordons le sujet des relations entre chrétiens et musulmans, entre christianisme et islam, sous l’angle théologique et politique.
Quel est l’objectif vers lequel vous tendez avec ce séminaire ?
J. H. – Il est logique de réfléchir à la pratique du dialogue interreligieux dans nos sociétés, afin de favoriser le mieux vivre ensemble, entre chrétiens et musulmans notamment. Mais au-delà de ce qui est fait au niveau de la vie commune, a émergé, dans le dernier cycle, le désir de travailler aussi les questions qui fâchent, sans se fâcher, à savoir le pluralisme dans les sociétés musulmanes, la liberté religieuse, la dimension théologique de Dieu. L’idée est d’aller plus loin dans cette thématique, d’ouvrir des débats aussi sur les questions sensibles, pour voir jusqu’où on peut aller dans la formulation, les observations, les propositions du pluralisme religieux. Nous nous situons ainsi dans la pleine continuité du concile Vatican II, qui a ouvert la possibilité d’une théologie des religions, à savoir d’une réflexion sur le rapport du christianisme avec les autres religions.
Aux mois de juin-juillet, le Collège des Bernardins propose plusieurs conférences sur l’islam. Est-ce une question de hasard, d’actualité ou de maturité de l’institution à en parler ?
J. H. – Il s’agit d’initiatives distinctes et parallèles – la conférence en partenariat avec l’institut Montaigne sur « islam de France et laïcité : retour sur le halal »et l’observatoire de la modernité avec Henry Laurens sur « les sociétés musulmanes face à l’Europe »–, mais qui montrent en effet la préoccupation du Collège des Bernardins pour tout le mouvement entraîné par les printemps arabes. • Propos recueillis par Ariane Rollier
LA CONFÉRENCE AU COLLÈGE DES BERNARDINS
Le « Club des abonnés » vous offre des places pour la table
ronde « Islam et christianisme : quel dialogue aujourd’hui ? », du
jeudi 28 juin, de 20h à 22h, au Collège des Bernardins, avec le P. Vincent Guibert, théologien, Mgr Philippe Brizard, ancien directeur de
l’Oeuvre d’Orient, Mohamed-Sghir Janjar, directeur adjoint de la Fondation Abdul Aziz de Casablanca et Mahmoud Azab, conseiller du grand imam d’Al-Azhar (Le Caire).•A.R.
[1] Ancien ambassadeur de France, notamment
en Israël, Jacques Huntzinger anime le séminaire « Dialogue méditerranéen sur la modernité et le religieux », abrité par le département « Société, liberté, paix » du Pôle de recherche du Collège des Bernardins.