« La foi de nos frères africains peut nous interpeller »

Paris Notre-Dame du 2 juin 2011

PN.-D. - Le 5 juin, votre diocèse de Créteil accueille le rassemblement annuel des Africains catholiques d’Île-de-France. Quel est le principe de cette rencontre ?

Mgr Michel Santier, évêque de Créteil.
© Yves Mernier

Mgr Michel Santier –Ce rassemblement, qui s’adresse à tous les Africains catholiques franciliens, se vit chaque année dans un diocèse différent d’Île-de- France. Une équipe de coordination est venue me rencontrer et m’a demandé si j’acceptais qu’il ait lieu ce 5 juin à la cathédrale de Créteil, ce que j’ai accepté bien volontiers. Il consistera essentiellement en une Eucharistie que j’aurai la joie de présider.

P.N.-D. – Pourquoi organiser un rassemblement comme celui-ci, spécialement destiné aux Africains catholiques ?

Mgr Michel Santier – Beaucoup de ces chrétiens africains habitant en Île-de-France vivent leur foi dans différentes paroisses et y prennent de plus en plus de responsabilités. Il est normal que nous les accueillions avec leurs propres cultures, leurs manières de prier, de célébrer, de chanter et de partager leur foi. En même temps, l’Église n’est pas un regroupement de nationalités. Elle est universelle. Le lieu où s’articulent le respect de la différence culturelle et religieuse et la catholicité de l’Église, c’est l’Église diocésaine. Ce rassemblement peut les aider à dépasser leurs différences nationales, culturelles, ethniques pour participer à une Église plus large, plus universelle. La présence de nos frères africains dans nos assemblées paroissiales n’est pas une difficulté mais, bien au contraire, un véritable enrichissement. Ils sont profondément religieux, ce qui peut interpeller dans une société laïque et sécularisée. Ils sont attachés à des dévotions populaires par lesquelles ils expriment leur foi dans leur culture. En même temps, ils n’ont aucun complexe à s’affirmer comme chrétiens. Leur foi, vécue dans la joie et le partage, peut réveiller celle des chrétiens pratiquants habituels de nos paroisses. Une foi qui ne s’exprime pas, qui est réduite à l’intime, ne grandit pas. Elle s’étiole et n’a aucun impact dans la société. Nos frères africains nous révèlent qu’elle doit s’incarner dans la vie quotidienne.

P.N.-D. –En quoi une telle rencontre s’inscrit- elle dans une dynamique d’Église ?

Mgr Michel Santier – L’originalité de ce rassemblement à la cathédrale signifie que nos amis africains ne se situent pas à part. Ils ont un sens de l’Église. Mais nous pouvons comprendre qu’ils aient aussi besoin de se retrouver entre eux par pays, nationalité, pour pouvoir s’exprimer dans leur culture. L’appartenance à l’Église universelle et l’appartenance à une communauté culturelle ne s’opposent pas mais sont complémentaires. De même, faire partie d’un mouvement, d’une association de fidèles, ne s’oppose pas à l’appartenance à une paroisse. Le partage et la prière en petits groupes sont nécessaires et, en parallèle, l’ouverture aux autres chrétiens, qui ont d’autres sensibilités spirituelles, d’autres appartenances culturelles, est aussi importante. L’Église, dès le jour de la Pentecôte, est une Église de toute langue, culture, nation. Dans ces rassemblements, où se vit la diversité culturelle, nous faisons l’expérience d’une communion profonde au Christ qui dépasse tous nos clivages. Nous serons toujours invités à élargir l’espace de notre tente (Isaïe 54, 2). • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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