Visages de vocation à Paris

Paris Notre-Dame du 26 avril 2012

Dimanche 29 avril aura lieu la Journée mondiale de prière pour les vocations. À cette occasion, Paris Notre-Dame présente trois visages de vocation à Paris. Si les appels divergent autant que les caractères et les communautés, un même désir unit ces témoins : celui de manifester l’amour du Christ au monde. Rencontres.

Le 29 janvier, 600 jeunes religieux de France ont organisé un flashmob devant Notre-Dame pour l’année de la promotion de la vie
consacrée (2012)

« Le Seigneur ne nous prend rien, Il nous donne tout »

Sr Marlene, 30 ans, des Fraternités monastiques des sœurs de
Jérusalem, St-Gervais (4e).

Son sourire radieux ferait presque oublier le reste de son visage. Sr Marlene a trouvé la voie du bonheur à n’en pas douter. Quand elle évoque son appel, c’est le mot « désir » qui sort en premier de sa bouche. « Le Seigneur s’est servi de mes désirs à la fois humains et spirituels pour les purifier et me conduire toujours plus haut jusqu’à Lui. » Autrefois sommelière en Autriche, son pays natal, et non pratiquante, c’est aux JMJ de Rome en 2000 que le Bon Dieu lui est tombé dessus, au détour d’une conversation avec un jeune Américain dont une phrase la marquera à vie : « Who is God for me ? He is my Everything » [1]. De cette affirmation est partie une quête de plus en plus intense - nourrie par une formation en psychologie et en théologie - puis un désir de se donner au Christ de manière plus totale… Même si le chemin n’était pas évident. « Je redoutais que le Seigneur ne me prenne ma vie. Je me suis en fait rendu compte qu’Il ne nous prenait jamais rien mais qu’Il nous donnait tout. » Cela fait cinq ans maintenant que Sr Marlene vit à St-Gervais (4e), dans cette communauté née d’une intuition commune au Fr. Pierre-Marie Delfieux et au cardinal François Marty - archevêque de Paris de 1968 à 1981 - de créer une oasis de prière et de silence au cœur de cette ville grouillante où le « pire côtoie le meilleur », comme le dit si bien la jeune sœur.

Porter la ville

L’enjeu ? La présence priante de la communauté, en particulier par la liturgie, lieu de rencontre entre une assemblée parisienne bigarrée et la Fraternité. « En célébrant l’Eucharistie, nous manifestons le don de Dieu pour la vie des hommes. Nous témoignons aussi que l’homme est appelé à devenir un être eucharistique. » Il n’y a qu’à voir les étincelles briller dans les yeux de cette jeune sœur quand elle parle pour se laisser convaincre que la joie est un fruit inestimable de la Grâce. Pourtant, pour une jeune femme qui rappelle venir « de la campagne », le déracinement est complet, tant sur le plan personnel que culturel. Mais il est dit que Dieu fait des merveilles : Sr Marlene confesse - dans un rire - aimer entendre, durant les laudes, le grondement sourd de la ligne 1 du métro filant sous les fondations de l’église et provoquant un tremblement imperceptible de ses murs... Une sonnette d’alarme caractéristique qui lui rappelle, chaque matin, sa vocation de prière pour ces millions de personnes prises dans le tourbillon du quotidien, afin que, dit-elle, « le pire s’ouvre au meilleur ». • Laurence Faure.

« La vocation concerne tous les baptisés »

Sophie Binggeli, 49 ans, laïque consacrée de l’institut Notre-Dame de Vie.

C’est dans une petite maison blanche d’une rue calme de Courbevoie (Hauts-de-Seine) que vit Sophie Binggeli, en compagnie de cinq autres laïques consacrées de la communauté Notre-Dame de Vie. Un institut séculier dont la maison mère se trouve perchée sur les hauteurs du village provençal de Venasque. C’est là-bas, bien loin de sa Suisse natale, que Sophie a fait le vœu de se consacrer à Dieu, il y a plus de vingt-ans. Après plusieurs années de formation à Venasque puis à Lyon, Sophie a été envoyée en mission à Paris, au service du diocèse. Elle est aujourd’hui professeur au Collège des Bernardins. Mais, comme elle l’explique, quelles que soient les modalités d’une consécration religieuse, celle-ci reste la manifestation incarnée de l’amour plein et entier du Christ pour les hommes. « Ce témoignage vivant relève d’ailleurs de la vie de tout chrétien, rappelle-t-elle, qu’il soit consacré ou non. Nous avons le même appel à la sainteté. »

Une vie en Dieu

Et c’est précisément le message que transmet Sophie aux jeunes femmes qu’elle accompagne dans leur discernement sur la vocation religieuse en lien avec le diocèse de Paris. « L’enjeu, souligne- t-elle, n’est pas que ces personnes se préparent à devenir de bonnes religieuses, mais plutôt qu’elles réalisent l’enracinement anthropologique de leur vocation de baptisés : quelle que soit la forme de l’appel, ma vie est avec le Seigneur, aujourd’hui et maintenant. » Une expérience vécue précisément, avant de se consacrer, lorsqu’elle était jeune pharmacienne : « Au-delà des conseils que je prodiguais et des médicaments que je vendais à mes clients, j’aimais me dire qu’il me restait encore une chose à faire après leur départ : prier pour eux. » Et d’ajouter : « Cet appel à être à la fois un terreau et un témoignage de l’amour de Dieu pour le monde afin qu’il se répande, ce n’est pas un programme électoral ! C’est la manifestation du mystère d’un Être qui se fait connaître à travers l’homme. Et pour transmettre ce don d’amour, il est nécessaire que certains y répondent totalement. » • Laurence Faure.

« La vocation n’est jamais statique »

Frère François-Dominique, 34 ans, frère dominicain et prêtre.

Depuis dix ans chez les dominicains, le frère François-Dominique n’en fait pas moins jeune, du haut de ses 34 ans. Le regard pétillant, ce frère, qui vit dans la communauté du 222 rue du Faubourg Saint- Honoré (8e), raconte posément comment il s’est senti appelé à rentrer dans l’ordre des frères prêcheurs. Ayant grandi en province dans une famille catholique pratiquante, c’est étudiant, alors qu’il prend un service auprès des malades qu’il comprend « la miséricorde » dont parle saint Dominique et qu’il en est touché. S’il connaît déjà ce grand saint, c’est qu’il a lu sa vie, encouragé par des dominicaines rencontrées étudiant. Mais c’est là, auprès des personnes faibles et fragiles, que « le déclic se fait », confie-t-il. Pour lui, la vocation à la prédication passe en effet d’abord et avant tout par une situation d’écoute, « même si cela peut sembler paradoxal ». « La vraie parole, la parole authentique naît de l’écoute », insiste le prêtre, dont l’apostolat est aujourd’hui tourné vers les jeunes.

Accompagner les jeunes

Aumônier, entre autres, de l’ESCP (École supérieure de commerce de Paris) et d’une classe de collège sous tutelle dominicaine à Montrouge, François-Dominique place ainsi l’écoute, l’authenticité, et le témoignage au cœur de sa mission. Son objectif ? « Aider ces jeunes à voir comment l’amour de Dieu s’incarne concrètement dans leur histoire. » Quel que soit l’état de vie auquel ils sont appelés, pour lui, « ils ont tous pour vocation de répondre à l’amour de Dieu, qui nous est donné sans réserve, qui nous précède, nous suit et nous appelle tout au long du chemin de la vie », comme le dit Benoît XVI dans son message à l’occasion de la 49e Journée mondiale de prière pour les vocations. Une vocation qui n’est donc jamais statique mais qui permet à chacun de déployer par amour « toutes ses potentialités » au cours de sa vie. • Ariane Rollier

À NOTER

La Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) organise diverses manifestations et propose différentes publications depuis début 2012, année de la promotion de la vie consacrée. À l’occasion de la journée du 29 avril, un clip intitulé Brother & Sister Act 2 a été mis en ligne sur le site www.corref.fr.

Une vidéo dans laquelle les jeunes religieux et religieuses de France témoignent de leur vocation de manière humoristique et décalée. • L.F.

Pour aller plus loin :
www.mavocation.org ;
www.vocations.cef.fr

[1« Qui est Dieu pour moi ? Il est mon Tout »

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