Albert, conseiller juridique

Paris Notre-Dame du 28 avril 2016

De nombreux paroissiens se retrouvent pour les laudes ou les vêpres afin de prier ensemble la grande prière de l’Église. Une initiative d’autant plus suivie qu’elle est soutenue par le clergé.

Les vêpres à St-Gervais-St-Protais (4e) chantées par la Fraternité monastique de Jérusalem
© Pauline Quillon

Dire son bréviaire : l’expression a longtemps concerné uniquement les clercs. La Constitution sur la Sainte liturgie du concile Vatican II a, depuis, encouragé les fidèles à se saisir de la liturgie des heures. À Paris, elle est organisée majoritairement par les communautés religieuses.

La paroisse N.-D. de la Salette (15e) est confiée aux religieux de Saint-Vincent de Paul. Pour le P. Dominique Dusang, curé, la communauté est un peu comme une abbaye où chacun peut venir prier avec les religieux. Une quinzaine de personnes se joignent ainsi quotidiennement à leur prière et y participent en lisant le passage de l’Écriture sainte ou la prière d’intercession.

À Ste-Jeanne de Chantal (16e), les fidèles prient les vêpres tous les jours de la semaine depuis 2001. L’élan est venu du curé de l’époque, le P. Jean-Pierre Batut, aujourd’hui évêque de Blois. À tous ceux que l’âge ou toute autre fragilité handicapait dans leur désir de servir, il a proposé de se charger de prier pour la communauté. Il a alors créé le « monastère de la Porte de Saint-Cloud » dont la mission est de prier aux intentions des fidèles. Ils se retrouvent du mardi au vendredi à l’église pour les vêpres ou ils les chantent chez eux s’ils ne peuvent se déplacer. Ils sont toujours là aujourd’hui, dont certains très âgés, mais fidèles à cet engagement. « Je suis aujourd’hui en fauteuil roulant, mais je m’y rends tous les jours, parce que c’est ma vie. Les textes de la liturgie des heures sont tellement beaux qu’ils me sont indispensables. Sans eux, je ne pourrais pas ! », témoigne Jacqueline Carreau.

Cette prière est loin de ne toucher que les personnes âgées et, contrairement aux idées reçues, elle n’est pas réservée aux professionnels de la prière, moines ou religieuses. Tous se l’approprient. « Il y a quelques années, nous nous creusions la tête pour savoir quelle prière proposer à la fin d’un rassemblement de jeunes, par exemple. Maintenant, nous lançons plus volontiers les vêpres ou les complies. C’est une prière toute prête, intelligente, profonde, un modèle qui a fait ses preuves pendant des siècles », témoigne le P. Arnaud Bancon, curé de Ste-Jeanne de Chantal. « Ce qui m’étonne, c’est la facilité avec laquelle les gens y entrent. Au début, ils sont étonnés. Mais après, ils aiment beaucoup. En témoigne l’affluence qu’il y a dans l’église pour l’office des ténèbres. »

Cette facilité, Aude Muzerelle en témoigne elle aussi. Elle fait partie, à St-Antoine des Quinze-Vingt (12e), de la fraternité Saint-Benoît, constituée de laïcs dont le lien principal est la prière des heures. « Elle permet d’être moins centré sur soi, de prier quel que soit son état d’âme, sècheresse ou exaltation. Toutes les communautés du monde prient simultanément cette même prière qui nous rattache à l’Église toute entière. » Aujourd’hui, Aude anime les laudes dans sa paroisse, à N.-D. de Bercy (12e). « Nous ne sommes que trois ou quatre. Mais il y a deux ans, quand la paroisse était desservie par la communauté de l’Emmanuel qui disait les laudes avec nous, les gens venaient beaucoup plus. Lui a succédé un seul prêtre, qui a moins de temps à consacrer à cette prière », regrette-t-elle. Quoique suscitant un grand enthousiasme chez les laïcs, la liturgie des heures a donc bien besoin de la présence des clercs pour attirer durablement. ❏ Pauline Quillon

LITURGIE DES HEURES : LE TRÉSOR IMMÉMORIAL DE L ’ÉGLISE
La liturgie des heures ou office divin ou encore bréviaire, est la prière officielle de
l’Église qui prolonge la tradition juive de réciter les psaumes plusieurs fois par jour.
Elle est constituée de sept temps de prière, suivant la règle de saint Benoît (VIe siècle). Parmi eux, on distingue deux grandes heures, laudes et vêpres, qui sont les offices du début et de la fin du jour. Les petites heures, tierce, sexte et none, sont récitées à 9 heures, 12 heures et 15 heures. Seuls les moines et moniales les chantent toutes, le clergé séculier prie l’une des trois. Les complies, quant à elles, sont la prière du soir. Enfin, l’office des vigiles, qui se disait traditionnellement dans la nuit, a été remplacé lors du concile Vatican II par un office des lectures qui peut être dit à n’importe quel moment de la journée. ❏ Pauline Quillon

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